Municipales à Saint-Denis : «Benalla, casse-toi et ne reviens surtout pas !»
Commerçants, habitants et candidats aux municipales étrillent l’ancien garde du corps du président, Alexandre Benalla, qui a annoncé ce week-end qu’il ne se présenterait finalement pas à Saint-Denis.
Avant de se résoudre à un lapidaire mais courtois « Non merci », Alexandre Benalla a d’abord raccroché aussi sec, lorsque Le Parisien l’a contacté, ce dimanche, pour l’interroger sur son étrange rétropédalage. Le multi mis en examen, qui avait d’abord fait courir la rumeur d’une campagne à Saint-Denis, sans jamais avoir formalisé sa candidature aux municipales, a officialisé son abandon ce week-end. Mais il ne se souhaite pas s’étendre.
Auprès du JDD, l’ancien collaborateur du président Emmanuel Macron — qui se définit comme un « social libéral », « 100 % macroniste », mais pas LREM — a simplement dit vouloir se mettre « plus en retrait de la sphère publique ».
Une nouvelle accueillie avec beaucoup de soulagement sur le marché dominical de Saint-Denis. Lorsqu’il évoque le sujet, Jaime, commerçants depuis 53 ans, manque de s’étrangler. « Sa reculade est préférable pour tous les Dyonisiens… », affirme-t-il, après avoir fait fuser les noms d’oiseaux.
« Grossier personnage »
« Ici, on a tous vu la vidéo où il se déguise en flic pour se défouler sur le peuple qui manifeste, commentent d’une même voix plusieurs habitants et commerçants. Après, ça, il ose venir serrer des paluches à Saint-Denis, ville populaire par excellence. Ça ne pouvait pas passer. Est-il idiot ? Ici, tout le monde sait que c’est un grossier personnage, qui a des problèmes avec la justice. Alors Benalla, casse-toi et ne reviens surtout pas ! »
La jeunesse n’est pas en reste : « L’image de Saint-Denis est déjà violente, alors ce n’est pas la peine d’en rajouter avec ce genre d’homme », réagit Aya, collégienne à Joséphine Baker.
Un coup dur pour celui qui assurait vouloir débarrasser Saint-Denis de son image de « ville de la délinquance » et servait un discours très volontariste.
Candidats et militants ont d’ailleurs posé un regard d’abord incrédule, puis un poil inquiet sur le phénomène Benalla. Lequel a défouraillé à tout-va sur les réseaux sociaux, ciblant la municipalité communiste, mais aussi le candidat LREM Alexandre Aïdara.
Il s’était entouré d’étudiants et jeunes trentenaires
Au final, Alexandre Benalla a semblé bien seul, sans réseau militant ni appareil politique. Ce fils d’une « militante fabiusienne de longue date », qui a lui-même d’abord été au MJS et qui se targue surtout d’une culture politique par imprégnation, au gré de ses missions de sécurité auprès des cadres du PS, s’était entouré, semble-t-il, de quelques étudiants et jeunes trentenaires qui prétendaient avoir joué un rôle dans l’arrivée de l’UDI à la tête de Bobigny en 2014.
« Leur influence politique, à Drancy, Bobigny et plus encore à Saint-Denis, est nulle », affirme un responsable centriste. « Il n’y a aucun lien entre l’UDI et Alexandre Benalla », balaie de son côté le patron du parti centriste et député de Drancy, Jean-Christophe Lagarde.
Localement, certains ont voulu voir une connexion entre le candidat centriste Houari Guermat et l’ancien chargé de mission de l’Elysée. « C’est complètement faux, affirme Houari Guermat. Je ne l’ai rencontré qu’une fois, et c’était par pure curiosité. »
« Un plan de com assez réussi »
Un ami l’avait prévenu qu’Alexandre Benalla buvait un coup dans un café du centre-ville, où il allait être pris à partie par des clients. La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. « On m’a vu à côté de Benalla. Ça a fait du buzz. C’était positif en un sens, parce que tout le monde sait que je suis candidat. Mais Benalla n’est pas très bien vu dans une ville de gauche, ça m’a valu des ennuis… »
Houari Guermat, qui jure n’avoir jamais songé à une alliance, commente : « Benalla n’a jamais réussi à avoir assez de monde autour de lui, et que des mecs en plus. Ce n’est pas idéal pour faire une liste. »
Pour l’ancien député PS et candidat aux municipales, Mathieu Hanotin, contacté ce dimanche, « sa candidature n’a jamais été prise au sérieux. C’était surtout un plan de com assez réussi grâce auquel il a réussi donner une image moins négative et à faire parler de lui avec quelque chose qui n’a jamais existé. »
Un avis partagé par le chef de file de La France Insoumise, et maire-adjoint, Bally Bagayoko. « L’idée même de se présenter à Saint-Denis a été vécue comme une offense, une insulte envers la population », tacle celui qui considère sa reculade comme « un non-événement ».
Source : Le Parisien
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