A la barre, il ne porte pas de vêtements Eden Park, mais un tee-shirt de la marque 64. Pourtant, entre janvier 2010 et mai 2016, Ludovic Lecomte a semblé apprécier la marque au ruban rose. Il y a laissé de jolies sommes. Jusque-là, pas de quoi comparaître devant le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan. Mais ce qui l’a amené devant la justice, mardi, c’est que Ludovic Lecomte, à l’époque gendarme à la caserne Maridor, réglait avec les chèques du Cercle mixte de la gendarmerie mobile, le restaurant militaire dont il était le responsable. Et les vêtements partaient tout droit dans sa penderie personnelle.
En avril 2016, l’inspection générale de la gendarmerie nationale soupçonne des malversations. Un audit est réalisé. Le militaire, âgé de 43 ans, en parle à sa compagne, elle aussi gendarme à Maridor, avant d’aller tout révéler à sa hiérarchie.
« J’ai toujours eu des problèmes d’argent, reconnaît-il. Là, j’avais ce chéquier entre les mains. Je n’ai pas résisté. » Factures fictives de fournisseurs, entrées de stocks fallacieuses, faux motifs, double facturation… Les enquêteurs trouvent plusieurs modes opératoires pour un total de 55 130,14 € détournés.
12 800 euros de munitions
« Je ne pensais pas que cela représentait autant. J’étais dans ma bulle. Je faisais n’importe quoi », justifie le mis en cause. « 12 800 euros sont allés à la Cartoucherie landaise, plus de 23 300 euros ont été réglés à divers commerçants pour des achats de vêtements, de produits numériques, des armes, du mobilier… », reprend dans le détail Guillaume Cotelle, le président du tribunal.
14 000 euros sont versés par chèques sur le compte de sa compagne. Comme il ne pouvait pas les déposer dans sa banque, basée dans une autre région, il passait par son intermédiaire. Elle était d’ailleurs prévenue de recel, mardi, et comparaissait aux côtés de son compagnon. « Je voyais qu’il vivait au-dessus de ses moyens, mais l’argent restait un sujet tabou. »
« C’est peut-être un sujet tabou, mais les retombées sont positives pour vous et améliorent votre confort. Si cela avait été l’inverse, vous auriez sûrement posé beaucoup plus de questions », s’agace le président.
Il est aussi question d’un anneau au port de Capbreton, d’une barque, d’une Audi Q7, de l’ouverture de 13 comptes bancaires, de matériels encore emballés. « Chez eux, c’était un vrai magasin », commente le président. Dans sa lecture, il s’étonne : « En six ans, vous n’avez retiré que 170 euros en liquide. » « Je revendais le matériel que je n’utilisais pas », se justifie Ludovic Lecomte.
Le conseil du couple, Me Boillot, dit se méfier : « J’ai l’impression qu’on mélange moral et droit. Il ne faut pas faire prévaloir le sentiment sur le droit. Tout cela est très banalement humain. Personne n’est à l’abri de ce genre de comportement. »
Le tribunal a condamné l’ancien gendarme à dix-huit mois de prison, dont douze avec sursis assorti d’une obligation de soins et à une amende de 10 000 euros. Sa compagne a écopé de six mois avec sursis. Le couple a d’ores et déjà pu réunir la somme de 55 130,14 € pour rembourser.
Source : Sud Ouest
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