« Monsieur Mélenchon », par maître Laurent-Franck Lienard
MONSIEUR MELANCHON
Je n’émets jamais publiquement aucune opinion politique, mais je me permets, quand un personnage politique prononce des bêtises dans le but de grapiller quelques voix auprès d’électeurs crédules, de remettre l’église au milieu du village.
A l’occasion de l’ouverture du feu par les effectifs de la police parisienne hier, Monsieur Mélanchon a dénoncé un « abus de pouvoir » et la « peine de mort » qui serait infligée pour un refus d’obtempérer, et s’est ému de l’absence de réaction négative du préfet et du ministre.
Non Monsieur Mélanchon, les policiers n’infligent pas la peine de mort quand ils sont contraints d’ouvrir le feu pour assurer leur survie.
Ils tentent simplement, avec les moyens dont ils disposent, de se protéger contre des personnes tellement « insoumises » aux règles de notre république qu’elles estiment ne pas devoir détenir le permis de conduire pour circuler en voiture, ne pas devoir rester sobres quand elles prennent le volant et ne pas devoir s’arrêter quand des policiers le leur demandent.
Et ces personnes, toutes les heures, refusent d’obtempérer aux ordres d’arrêt qui leur sont donnés et mettent en danger la vie des femmes et des hommes qui tentent simplement de faire respecter la loi républicaine et d’assurer la paix et la sécurité publiques.
Vous ne connaissez pas, Monsieur Mélanchon, cette jeune femme que j’ai vue cette semaine et dont le mari, policier, a été tué en essayant d’aider un type qui ne voulait pas se laisser interpeller.
Vous ne connaissez pas cet autre policier qui a été percuté volontairement par un imbécile mineur, a volé sur trente mètres avant de se faire rouler sur les jambes par ce même imbécile, et qui ne marchera plus jamais normalement.
Vous ne connaissez pas ce gendarme volontairement percuté et qui, après des semaines de coma, souffre chaque jour des conséquences de ce qu’on lui a infligé.
Vous n’avez jamais vu une voiture foncer sur vous. Cette masse d’acier contre laquelle vous ne pouvez rien d’autre que d’appliquer des tirs en espérant contraindre le conducteur à dévier sa trajectoire pour ne pas vous écraser.
Vous ne connaissez pas non plus les suites de ces tirs pour les policiers ou les gendarmes : La garde à vue tellement humiliante, les auditions qui se succèdent, le déferrement devant un juge d’instruction, le contrôle judiciaire qu’ils vont subir pendant des années, et cette comparution devant un tribunal qui va tenir entre ses mains la carrière et la vie de cette femme ou de cet homme qui a juste tenté de survivre.
Non Monsieur Mélanchon vous ne savez rien de tout ça. Et au lieu de vous offusquer de l’absence de suites pour ces policiers, peut-être devriez-vous vous offusquer du risque qu’on fait peser sur eux tous les jours. Peut-être devriez vous vous inquiéter de cette société qui bascule dans l’ensauvagement le plus total et de ces personnes, de plus en plus nombreuses, que plus rien n’arrête.
Mais pour cela il faudrait que vous reconnaissiez publiquement le bien-fondé de nos règles et le professionnalisme des forces de l’ordre. C’est surement un peu éloigné de la France insoumise que vous vendez.
Maitre Laurent-Franck Lienard
Source : Police & Réalités
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