Marseille : accusés d’avoir frappé un lycéen, deux policiers sont renvoyés en correctionnelle
L’avocate de la victime, qui souffre d’une fracture orbitale et a reçu quinze jours d’ITT, évoque une « enquête accablante de l’IGPN ».
Ils sont suspectés d’avoir tabassé un lycéen sans raison en février 2018 : deux policiers marseillais sont renvoyés devant le tribunal correctionnel après une enquête accablante de l’IGPN, a-t-on appris lundi 15 juillet auprès de l’avocate de la victime. Le jeune homme, frappé au visage, s’était vu prescrire 15 jours d’ITT, souffrant notamment d’une fracture du plancher orbital, a indiqué Me Linda Sennaoui, confirmant une information du journal La Provence.
Ishaq, 17 ans, habitant du Lot-et-Garonne, était en vacances chez ses grands frères à Marseille quand, ce 20 février 2018, il sort vers 22 h 30 acheter des cigarettes dans une épicerie de nuit. Au retour, dans une ruelle, il voit une voiture de police se garer à son niveau.
Selon la version du lycéen, un policier lui aurait d’abord asséné un coup de poing dans l’œil, sans aucune raison, puis, rejoint par son collègue, plusieurs coups de pied et de poing sur le corps et au visage. « Je leur disais : qu’est-ce que j’ai fait ? Et même je m’excusais. […] En retour, ils m’insultaient de “tapette”, en me disant de la fermer. Ils m’ont aussi dit “sale Arabe”, “bougnoule” », raconte le jeune homme à La Provence.
Des traces ADN des policiers
« Ils lui ont dit qu’il y avait eu un braquage et qu’il ressemblait au braqueur recherché », explique Me Sennaoui, « mais l’enquête de l’IGPN a démontré qu’il n’y avait jamais eu de braquage ». Dans le rapport de l’IGPN, remis en avril 2019 et que l’AFP a pu consulter, ces policiers ne parlent plus de braquage, mais assurent avoir « poursuivi un jeune qui s’enfuyait » sans jamais le toucher.
Pourtant, deux traces de l’ADN des policiers ont été retrouvées : une sur la veste d’Ishaq et une autre sur un stylo « Alliance Police nationale », un syndicat policier, qui aurait glissé dans la sacoche du jeune homme. De plus, l’épicier a vu la voiture de police quitter la ruelle puis Ishaq en sortir, le visage tuméfié.
« L’enquête a permis d’établir, tant par les éléments matériels, vidéo, que par les déclarations de la victime et du témoin, que le brigadier-chef et le gardien de la paix avaient commis des violences sur la personne d’Ishaq », a estimé l’IGPN. Le procès est prévu pour le 17 octobre devant le tribunal correctionnel de Marseille.
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