Revoilà la théorie du complot. La grogne monte autour de la hausse du prix des carburants en France… et des manifestations intitulées « blocage national contre la hausse du prix des carburants » pullulent dans tout l’hexagone, avec une date en tête : le samedi 17 novembre 2018 . Une pétition pour la baisse des prix des carburants a d’ailleurs franchi le cap des 500 000 signatures lundi 29 octobre.
Jour après jour depuis une semaine environ, des événements Facebook fleurissent partout en France (plus de 200 000 personnes sont notamment intéressées à Paris ), mais certains d’entre eux ont disparu des radars sans crier gare. Il n’en fallait pas moins pour raviver… la théorie du complot. Sur les réseaux sociaux, Facebook et l’État se voient pèle-mêle accusés de censure et de « complotisme » par des internautes, notamment à Toulouse.
Plusieurs événements Facebook consacrés au blocage du samedi 17 novembre ont été supprimés en fin de semaine dernière, suscitant une nouvelle théorie du complot (©Captures d’écran Facebook)
Certains commentaires… se passent de commentaire après la disparition d’événements consacrés au blocage du 17 novembre (©Capture d’écran Facebook)
Pour certains internautes, les événements facebook comme à Toulouse parce qu’ils étaient « trop gênants » (©Capture d’écran Facebook)
Événements disparus à Toulouse, Rodez, La Rochelle
Depuis la parution d’un article sur Actu Toulouse mercredi 24 octobre annonçant une manifestation à Toulouse samedi 17 novembre, deux événements Facebook consacrés à ce blocage dans la Ville rose (qui comptaient des milliers de personnes intéressées ou inscrites), ont successivement disparu : le premier dès mercredi, qui comptait plus de 11 000 personnes intéressées (et 16 000 quelques heures juste avant sa disparition), et le second jeudi 25 qui en affichait plusieurs milliers. Administrateur de ce deuxième événement supprimé à Toulouse, Thomas Leroyer témoigne :
Facebook a envoyé un message au créateur de l’événement, indiquant que celui-ci avait été signalé par plusieurs utilisateurs, et qu’il était en cours de vérification. Il a été supprimé dans la foulée, même pas une heure après.
Dans le même temps, d’autres événements ont disparu de Facebook, notamment à Rodez (Aveyron), comme l’expliquaient nos confrères de Centre Presse . Ou encore à La Rochelle (Charente-Maritime), comme l’indiquait France Bleu La Rochelle. Des événements où étaient là-aussi inscrits ou intéressés des milliers d’internautes, qui se posent des questions quant à ces disparitions soudaines… Et sur la toile, certains font état de velléités de Facebook, de l’État, voire des deux, pour « éteindre la révolte populaire ». Alors, qui supprime ces événements ? Et pourquoi ?
Des captures d’écran tournent en boucle sur les réseaux sociaux après la disparition d’événements Facebook consacrés au blocage du samedi 17 novembre (©Capture d’écran Facebook)
« On ne se laissera pas intimider » indiquent des Toulousains sur Facebook, après la disparition d’événements consacrés au blocage, cultivant ainsi la théorie du complot (©Capture d’écran Facebook)
Des organisateurs ont-ils contacté la préfecture ?
D’abord, un petit rappel des règles. Créer un événement facebook, ça va vite ; organiser une manifestation publique, en revanche, c’est autre chose. Car toute manifestation publique doit être déclarée en préfecture. Il faut rappeler qu’en cas de manifestation sauvage, la responsabilité civile et pénale des organisateurs est engagée… La préfecture de la Haute-Garonne indiquait mercredi à Actu Toulouse : « À ce jour, aucune déclaration n’a été faite en préfecture pour ce qui concerne le blocage du 17 novembre 2018 ». Vendredi soir, la préfecture précisait « qu’une seule personne a contacté la préfecture avant-hier (mercredi, ndlr ) pour connaître les modalités de déclaration d’une manifestation dans le cadre de la hausse du prix des carburants ».
La préfecture indique qu’elle « n’a contacté personne »
Les personnes indiquées comme « organisateurs » étant clairement indiquées sur chaque « événement » facebook, l’État a-t-il demandé la suppression de ces événements au réseau social, comme des internautes l’affirment ? Ou a-t-il contacté des organisateurs pour qu’ils entrent dans les clous, voire qu’ils suppriment les événements par eux-mêmes ?
La préfecture de la Haute-Garonne précise à Actu Toulouse qu’elle « n’a contacté aucune personne, ni mené aucune action de demande de suppression d’un quelconque événement créé sur les réseaux sociaux ».
Interrogé sur la disparition des quatre événements précités (à Toulouse, Rodez et La Rochelle), Facebook France assure de son côté à Actu Toulouse que « l’État n’a pas demandé leur suppression ». Et le réseau social d’assurer : « Ce n’est pas comme ça que ça se passe ! ».
Facebook assure n’avoir mené « aucune action »
Cela dit, Facebook peut bel et bien supprimer ces événements de son propre chef, notamment s’ils ne respectent pas ses scrupuleuses règles . Ou si certains utilisateurs y tiennent des propos insultants, diffamants, ou interdits pas la loi. Mais là-aussi, le réseau social se défend d’avoir agi : « Il n’y a eu aucune action de la part de Facebook sur les pages indiquées ».
Des internautes dénoncent une « censure de Facebook » après la disparition d’événements consacrés au blocage du samedi 17 novembre, le réseau social s’en défend (©Capture d’écran Facebook)
Selon Facebook, la suppression vient des utilisateurs
Si ni l’État, ni Facebook n’ont demandé la suppression de ces événements, est-ce l’œuvre des créateurs des événements eux-mêmes ? Facebook maintient de son côté que les quatre événements ainsi supprimés l’ont été suite à « des actions de leurs administrateurs : suppression de l’événement » pour trois d’entre eux et « suppression du compte utilisateur lié à l’événement » pour le quatrième.
Maintenant, ils créent… des groupes facebook
Toujours est-il que dans la quatrième ville de France, ceux qui veulent manifester contre la hausse du prix des carburants samedi 17 novembre ont trouvé la parade pour contourner le problème : faute d’événement, ils ont créé non pas un, mais trois groupes facebook ici, et aussi ici et ici . Thomas Leroyer s’en explique :
Les événements sont supprimés par Facebook, on espère que les groupes auront une meilleure durée de vie. Nous avons créé trois groupes à Toulouse, au moins, si l’un d’eux est censuré, on pourra se rabattre sur l’autre !
Les administrateurs de ces groupes doivent se rencontrer pour définir la suite à donner à leur mouvement et coordonner leurs actions à Toulouse.
Source : Actu17.
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