L’opération « Déposez les armes » prolongée jusqu’en octobre

86 armes et 3 800 munitions clandestines ont été mises hors-circuit depuis le mois de mai au fenua. L'arsenal sera détruit ce lundi à l'armurerie de la gendarmerie au camp de Faa'a. (AFP-Illustration)

86 armes et 3 800 munitions clandestines ont été mises hors-circuit depuis le mois de mai au fenua. L’arsenal sera détruit ce lundi à l’armurerie de la gendarmerie au camp de Faa’a. (AFP-Illustration)

APEETE, le 30 août 2015 – L’initiative avait été lancée en mai dernier par le Haut-commissariat. Contre la promesse de ne pas subir de poursuites judiciaires, les détenteurs d’armes à feu non déclarées avaient jusqu’à demain, mardi 1er septembre, pour s’en débarrasser auprès des services de police et de gendarmerie. 86 armes et 3 800 munitions ont déjà été collectées.

La campagne « Déposez les armes » devait s’achever mardi 1er septembre. Cette opération, lancée en mai dernier et visant à mettre hors-circuit pistolets, fusils et autres munitions qui traîneraient illégalement dans les foyers polynésiens, sera finalement prolongée d’un mois, jusqu’au 5 octobre, a appris la rédaction de Tahiti Infos auprès du Haut-commissariat. Car les résultats sont concluants.

Expérimentée pour la première fois en Polynésie française, cette initiative déjà tentée dans d’autres départements d’outremer a permis aux forces de police et de gendarmerie de collecter, en quatre mois, 86 armes (73 en zone gendarmerie et 13 en zone police) et 3 800 munitions (2 900 en zone gendarmerie et 900 en zone police).

Pistolets, fusils, balles et cartouches, tout cet arsenal fera l’objet d’une destruction médiatisée lundi après-midi, à l’armurerie de la gendarmerie au camp de Faa’a. Seules quelques armes qui pourraient encore être exploitables sur le plan judiciaire, et pourquoi pas rattachées à des enquêtes en cours, ont été préservées à des fins d’analyse par l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), en métropole.

Un bilan « satisfaisant »

« Le bilan est satisfaisant, nous partions sur une inconnue », résume le commandant Thierry Damerval, officier adjoint chargé de la police judiciaire à la gendarmerie. « Ce sont autant d’armes qui ne circuleront plus dans la nature, cela participe à la sécurisation des foyers ». Le succès de l’opération qui est sans doute dû à l’une des conditions essentielles qui l’accompagne : le procureur de la République s’engage à ne pas poursuivre judiciairement les personnes venant abandonner leurs armes.
Attention toutefois, cet engagement ne dure que le temps de l’opération. Tout détenteur d’armes non autorisées ou déclarées pincé après le 5 octobre tombera de nouveau sous le coup de la loi. Et les peines encourues ont de quoi faire réfléchir (lire encadré).

En Polynésie française, 1500 armes sont officiellement enregistrées pour 1000 propriétaires identifiés. En zone gendarmerie, une quinzaine d’infractions relatives à des détentions illégales d’armes sont relevées chaque année. Les 86 armes spontanément déposées depuis le mois de mai aux policiers et aux gendarmes témoignent, si besoin en était, de l’existence d’un chiffre noir, ces armes qui passent de main en main à l’abri des regards et dont la présence dans les placards polynésiens peut parfois conduire à des drames.

Autant d’armes qui ne circuleront plus dans la nature

« Le but premier de cette opération est de sécuriser les foyers », expliquait à ce titre le procureur de la République José Thorel, au lancement de la campagne. « Le fait de posséder une arme à son domicile peut inciter son détenteur à s’en servir un jour avec les conséquences dramatiques que l’on connaît, sous l’effet de la colère, de l’alcool, au cours d’une dispute ».

Et même donner des idées de braquage comme on l’a vu pas plus tard que le 6 juillet dernier à Pueu. Acculé dans sa misère, un jeune homme de 31 ans cagoulé, vêtu d’un treillis et armé d’un fusil à plombs, avait mis en joue l’employé d’une roulotte à pizza pour lui voler la caisse.

Tout faire pour diminuer le nombre d'armes non déclarées au fenua, c'est aussi limiter  la tentation pour certains de passer à l'acte, comme le 6 juillet dernier et le braquage d'un pizzaiolo à Pueu.
Tout faire pour diminuer le nombre d’armes non déclarées au fenua, c’est aussi limiter la tentation pour certains de passer à l’acte, comme le 6 juillet dernier et le braquage d’un pizzaiolo à Pueu.

Passé le délai, la détention illégale d’armes coûtera très cher

Les armes sont classées en 4 catégories, de A à D, en Polynésie française :

-A pour les armes et matériels de guerre interdits.
-B pour les armes soumises à autorisation : fusils semi-automatiques de capacité supérieure à trois coups, fusils à pompes, taser, armes à balles de caoutchouc.
-C pour les armes soumises à déclaration : fusils semi-automatiques de capacité inférieure ou égale à trois coups, paint-ball d’une puissance supérieure à 20 joules.
-D les armes soumises à enregistrement et armes à détention libre : arme d’épaule à canon lisse tirant un coup par canon, armes neutralisées, arme historique et de collection, armes de tir à blanc

Toutes les demandes d’autorisation de détention d’armes sont des démarches à effectuer auprès du Haut-commissariat.

La détention illégale d’armes peut-être pénalement très sévèrement sanctionnée :

-Jusqu’à 7 ans de prison et 11,9 millions de Fcfp d’amende pour le commerce illicite d’armes.
– Jusqu’à 3 ans de prison et 5,4 millions de Fcfp d’amende pour la cession ou la détention d’armes des catégories A et B (voir classification ci-dessus).
– Jusqu’à 2 ans de prison et 3,6 millions de Fcfp d’amende pour la cession ou la détention d’armes de la catégorie C.
– Jusqu’à 1 an de prison et 1,8 million de Fcfp d’amende lorsqu’il s’agit d’armes de la catégorie D

Source : Tahiti Infos

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