Loir-et-Cher : torse nu, il menace des officiers de gendarmerie
Tribunal correctionnel de BloisLe grand gaillard de 22 ans qui entre dans le box accompagné de trois escortes, pleure à chaudes larmes. Sa mère fait de même sur un banc. On ne sait si c’est la vision de la porte de la maison d’arrêt ou la perspective d’un bon savon familial qui fait perdre ses moyens au jeune prévenu. Jugé en comparution immédiate à la demande du procureur de la République, W. est accusé d’outrages et de menaces de mort envers des officiers de gendarmerie, dont le commandant de la compagnie de Romorantin.
« Un homme brillant, aux capacités physiques impressionnantes et qui a 160 gendarmes sous ses ordres », lui fait remarquer le procureur de la République, Frédéric Chevallier. « Comme représentant de l’autorité ce n’est quand même pas rien. » Les faits se sont produits, mardi dernier, sur la commune de Veilleins. Le commandant intervient sur un accident sans gravité et s’apprête à sécuriser les lieux. Voilà que W. surgit comme un beau diable, torse nu, vociférant des insultes et cherchant à dégager les occupants du véhicule. Le sien, prêté à des amis. L’officier réclame une distance réglementaire, mais des noms d’oiseaux et menaces s’abattent sur ses hommes. « Vous ne savez pas qui je suis ! Je vais vous démonter, je connais du monde sur Romorantin, je vais mettre le feu à vos logements et n… vos gosses ! » Voilà en substance le concert de joyeusetés lancé par W. « Il s’est approché en hurlant si près qu’on était visage contre visage », notera le commandant dans sa déposition. Le jeune homme sera repoussé et finira à terre, menotté.
Le président du tribunal, Denys Baillard, s’inquiète sa tenue vestimentaire saugrenue : « J’étais torse nu car je sortais de la piscine, j’étais énervé contre tout… Au final j’ai honte, je suis désolé. » Le magistrat lui fait remarquer un taux d’alcool bien au-delà de la normale. W. esquive : « Y’a ma mère, je ne veux pas parler de ça devant elle. » Le président égrène ses précédentes condamnations et s’étonne de la dérive d’une jeune dont il souligne l’éducation stricte : « C’était une époque où mes parents étaient absents, j’ai fait n’importe quoi, puis je suis parti travailler à Nantes pour me couper des gens que je fréquentais. Mes parents ont honte de moi, je vais revoir mon psy… »
Le procureur de la République parle de faits inadmissibles et souhaite que l’audience fasse office « d’électrochoc » pour ce jeune à la forte personnalité. Le magistrat ne réclame pas de mandat de dépôt, mais requiert entre six et huit mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve.
« Les faits sont graves, mais il est sincère dans ses remords », plaide Me Maud Lhommédé. « Il s’est excusé en regardant le gendarme présent à l’audience droit dans les yeux, peu de prévenus en ont le courage. »
Le tribunal a suivi les réquisitions, le mis en cause a été condamné à six mois avec sursis et obligation de soins. Après la piscine, la douche froide.
Source : La Nouvelle République
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