Loi Czarnek : Le LGBT envahit la Pologne
par Lucien Cerise
La Pologne n’est plus un bastion des conservateurs en Europe. Une première digue a sauté. Les autres suivront inévitablement à cause de la force du courant. Que s’est-il passé ? Depuis décembre 2022, les associations LGBT ont le droit d’entrer dans les écoles pour y donner des cours d’éducation sexuelle aux enfants. Rappel des faits.
En janvier 2022, le ministre de l’Éducation polonais, Przemysław Czarnek, donnait son nom à un projet de loi visant à interdire aux organisations LGBT de pouvoir venir dans les écoles polonaises pour y faire de la propagande. Cela déclenchait une vague d’indignation dans les médias de masse occidentaux comme Le Monde, qui résumait ainsi à charge les idées et le programme du ministre : « Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Przemysław Czarnek, est réputé pour sa proximité avec les milieux catholiques fondamentalistes et sa promotion des thèses des plus rétrogrades. En juin 2020, en pleine croisade du gouvernement contre les milieux LGBT, il déclarait qu’il fallait « défendre la famille contre ce genre de dépravations et arrêter d’écouter ces idioties à propos de quelconques droits de l’homme ou d’une quelconque égalité », parlant de « l’idéologie LGBT » comme « émanant du néomarxisme et du national-socialisme hitlérien ». »
Dès 2010, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommandait aux pouvoirs publics européens de commencer l’éducation sexuelle des enfants dès la naissance. La Pologne a résisté au niveau institutionnel pendant des années. En février 2022, Olivier Bault décryptait ainsi ce projet de loi Czarnek visant à renforcer la centralisation des programmes scolaires pour empêcher les élus locaux soutenant la cause LGBT d’appliquer les directives de l’OMS, au caractère pédophile à peine voilé : « Le ministère de l’Éducation pourra ainsi s’opposer à la politique conduite par certaines villes dirigées par les libéraux, telles Varsovie et Gdańsk, consistant à faire venir des militants d’associations LGBT dans les écoles et à mettre en place une éducation sexuelle conforme aux très controversés standards pour l’éducation sexuelle en Europe de l’OMS. Cette loi est bien évidemment critiquée par ceux-là même qui voudraient imposer ces standards et l’organisation d’ateliers par des associations LGBT aux objectifs pas toujours avoués, puisque des ateliers d’éducation sexuelle à la mode LGBT sont présentés comme étant des ateliers pour lutter contre les discriminations. »
Après une navette parlementaire entre le sénat et l’assemblée au cours de l’année 2022, le ministre de l’Éducation de Pologne présentait une seconde mouture de son texte de loi : Lex Czarnek 2.0. La promulgation de la loi par le président de la république en décembre 2022 pouvait sembler une simple formalité, les deux hommes appartenant au même parti politique (Prawo i Sprawiedliwość, PiS) exerçant le pouvoir au nom de valeurs conservatrices et chrétiennes. Mais contre toute attente, le président polonais Andrzej Duda refusait finalement de signer l’application de la loi Czarnek 2. Le journaliste Piotr Zaremba révélait le 13 janvier 2023 les coulisses de l’affaire : « Maintenant, le président a exercé son droit de veto sur la loi Czarnek. Ce projet de centralisation du pouvoir sur les écoles n’avait rien à voir avec les intérêts américains. Pourtant, le ministre Czarnek fait courir le bruit à gauche et à droite que le président a agi ainsi après un appel téléphonique du secrétaire d’État américain Antony Blinken. Cet appel téléphonique a eu lieu. Les Américains ont été guidés ici par des considérations idéologiques. L’ambassadeur américain en Pologne, Mark Brzeziński [fils de Zbigniew], est en ligne directe avec l’opposition polonaise. (…) Mais il est évident que certains cercles de droite réagiront mal à l’impression que nous agissons dans les affaires intérieures sous le diktat des Américains. On entend maintenant que les réseaux du cinéma hollywoodien qui représentent les grands studios là-bas ont fait pression sur le président pour que la Pologne change sa politique LGBT. »
Le président polonais Andrzej Duda posait donc son veto contre une loi émanant de son propre parti et soutenue par son propre électorat, pourtant majoritaire dans le pays, afin de satisfaire l’opposition et les parrains étrangers de cette opposition pro-LGBT, organisés en « minorités actives », lobbies et groupes de pression. Le 15 décembre 2022, ce même président polonais diffusait un communiqué pour tenter de se justifier auprès de ses électeurs, qui ne l’avaient sans doute pas élu en 2015, et réélu en 2020, pour qu’il finisse par ouvrir les écoles aux associations LGBT : « Une chose peut certainement être dite à propos de ce projet de loi [Czarnek 2]. Cela ne garantit pas ce qui m’importe le plus aujourd’hui, à savoir que nous ayons la paix. Aujourd’hui, nous avons une guerre à notre frontière orientale, malheureusement, en plus, il y a aussi une crise économique liée à cette guerre (…), des troubles importants, nous avons des emprunts très chers, qui provoquent une augmentation énorme du coût de la vie quotidienne des familles, les gens sont anxieux. Nous n’avons pas besoin de tensions supplémentaires en Pologne aujourd’hui. J’ai donc décidé de ne pas signer cette loi. Je comprends qu’une partie des gens seront déçus, mais je comprends qu’une partie, une grande partie de notre société se calmera grâce à cela (…). Nous avons besoin de calme aujourd’hui, tout comme nous avons besoin de calme dans l’Union européenne, politiquement, et en Pologne. Moins il y a de frictions et de bagarres, mieux c’est. »
Conclusion : méprisant tous ses engagements nationaux antérieurs, le président polonais choisissait finalement le parti de l’étranger et consacrait avec une rhétorique hypocrite la soumission de son pays à l’Union européenne et à l’OTAN, deux organisations supranationales ayant pris le contrôle de l’Europe et soutenant la « société ouverte », la submersion migratoire, le wokisme, le LGBT et la guerre en Ukraine. Cela s’appelle communément jouer contre son camp, et quand c’est le geste d’un président de la république, on peut parler de haute trahison. Cet épisode est une nouvelle étape de l’effondrement complet de ce que l’on appelait jadis la civilisation occidentale, et permet de vérifier une fois de plus que l’ennemi numéro 1 des Européens vient de l’intérieur, y compris du camp soi-disant conservateur, et d’outre-Atlantique.
source : Strategika
Source : Reseau International
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