L’ex-capitaine de gendarmerie de Bastia en correctionnelle

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Le capitaine François Levan au milieu de ses avocats.Frank Muller

François Levan, ex-commandant de la section de recherche de gendarmerie de Bastia, se voit reprocher d’avoir détourné 95 kg de drogue saisie fin 2007, alors qu’il commandait la compagnie de Fréjus

Tout au long du procès-fleuve qui s’est tenu hier devant le tribunal correctionnel de Draguignan, l’ex-capitaine de gendarmerie François Levan, 42 ans, a nié les charges portées contre lui par le parquet de Draguignan.

À savoir le détournement de 95 kg de résine de cannabis, saisis lors de deux procédures de trafic de stupéfiants. Ainsi que la rédaction d’un faux procès-verbal de destruction de cette drogue, pour en justifier la disparition.

Des faits qu’il est soupçonné d’avoir commis le 11 décembre 2007, alors qu’il commandait la compagnie de gendarmerie de Fréjus.

Pas de volontaire

Pendant plus de huit heures d’audience, François Levan a expliqué que s’il avait dû se résoudre à détruire seul cette drogue, c’est parce qu’aucun de ses soixante-trois subordonnés ne voulait s’en charger.

Et notamment pas les deux sous-officiers à la tête de la brigade de recherche, qui avaient opéré ces saisies de stupéfiants et auraient dû se préoccuper de leur devenir. Selon l’ex-capitaine, le conflit professionnel qui opposait ces deux gendarmes rendait alors la BR de Fréjus quasiment ingérable.

Fraîchement arrivé à la tête de la compagnie, et voyant que ces scellés traînaient toujours dans la soute à munitions de la gendarmerie malgré ses demandes répétées, il avait décidé de s’en charger lui-même.

Méthode discutable

Si des soupçons pèsent sur l’ancien officier, c’est parce que la méthode choisie semble peu orthodoxe.

François Levan affirme que le matin des faits, il avait chargé les deux valises marocaines et le sac contenant la résine de cannabis dans sa voiture de fonction. Ce avec l’aide d’un gendarme adjoint, qui ne l’a pas confirmé.

Il s’était ensuite rendu sur un terrain vague de Roquebrune-sur-Argens, voisin du collège et appartenant à la commune. Il avait posé la drogue sur un tas de déchets, l’avait aspergée de 5 l d’alcool à brûler et y avait mis le feu. Il avait attendu 45 minutes, « pour m’assurer que les stupéfiants étaient devenus inutilisables », et avait quitté les lieux.

Il avait auparavant pris des photos du brasier naissant. Photos qui avaient été jointes au procès-verbal de destruction, qu’il avait ensuite adressé au vice-procureur du parquet de Draguignan, dont il avait obtenu une ordonnance autorisant cette destruction.

Tout seul

Cette façon de procéder est apparue suspecte parce que d’ordinaire, pour détruire de la drogue, les services d’enquête ont recours à des installations professionnelles, comme des incinérateurs.

Et surtout, ces destructions ne sont jamais faites par un homme seul, mais en présence de plusieurs gendarmes qui tous signent le PV de destruction.

Autre motif de suspicion, aucun des gendarmes interrogés par l’inspection générale de la gendarmerie nationale n’a indiqué avoir vu le capitaine Levan prendre la drogue à la caserne. D’après la configuration des lieux, il ne pouvait passer inaperçu.

En délibéré

François Levan a contesté cette présentation des faits, estimant qu’elle ne découlait que de la conviction des enquêteurs de l’IGGN, qui avaient fait des pressions.

Auparavant, la défense très pugnace, associant Mes Olivier Morice, Aloïs Blin et Christian Scolari, avait dénoncé le choix du parquet de s’en tenir à une procédure d’enquête préliminaire. Tous trois estimaient qu’une information judiciaire aurait mieux garanti les droits de la défense.

À l’heure où nous mettions sous presse, il restait encore au tribunal à entendre deux témoins. Le procureur Pierre Arpaia devait prendre ses réquisitions dans la foulée. Il était également question de mettre le procès en continuation ce vendredi matin, pour entendre la défense.

Le président du tribunal a indiqué que le jugement serait mis en délibéré.

G. D.

Source : Corsematin.com

 

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