L’évolution de l’école depuis 1945. Le constat.
Depuis la Révolution de 1789, trois questions essentielles se posent à l’école: la confrontation public-privé, la controverse instruction-éducation, et le problème primaire- secondaire. Ces trois points constituent trois dualités, et vont évoluer de 1945 à nos jours.
1945-1958: On reste à une dualité public-privé et à une école par ordres, ordre du primaire et ordre du secondaire. On privilégie l’instruction. La question de la laïcité pérennise la querelle scolaire. Les laïques affirment leurs idées et aspirent à la nationalisation de l’enseignement. La guerre scolaire se rallume. La IVè République propose des réformes structurelles allant dans le sens de l’école unique. Les projets de réforme se succèdent, mais restent sans suite, à l’état de projet. Le plus célèbre, le plan Langevin-Wallon n’atteint pas le stade ministériel. L’objectif de ce plan se résume à trois idées, faire réaliser des activités aux enfants en remplacement des cours, constituer un corps unique de professeurs, de la maternelle à l’Université, faire de l’école un lieu de vie, et reconvertir les professeurs en animateurs. Toutefois, des évolutions décisives marquent cette période. La croissance des effectifs et l’extension de la scolarisation sont remarquables. L’ordre du primaire est en passe de l’emporter sur l’ordre du secondaire. Une réforme des structures devient inévitable. Sous la Vè République, les trois dualités fondamentales de l’école française vont trouver des éléments de réponse.
1958-1994: Les réformes mettent en système les structures scolaires et répondent à l’expansion de la scolarisation. Trois étapes mènent au collège unique qui met fin à la dualité primaire-secondaire. Le décret du 6 Janvier 1959 crée les collèges d’enseignement général et les collèges d’enseignement technique. Les décrets du 3 Août 1963 créent les collèges d’enseignement secondaire. Le décret du 10 Juin 1965 spécialise la classe de seconde avec quatre séries générales A, B, C, D et offre des séries techniques, les séries F, G, H. La loi du 11 Juillet 1975, conduite par René Haby, réforme le collège. c’est la réforme du Collège unique. Le Collège unique rompt avec le système des filières et appauvrit les programmes.La loi Edgar Faure réforme administrativement l’Université. Elle repose sur trois principes, l’anti sélection, la co-gestion, et la politisation permanente. On envisage désormais trois corps d’enseignement, l’école, le collège, le lycée. Une école par degrés se substitue à une école par ordres.
Un « service privé d’utilité publique » va mettre fin à la dualité public-privé. Deux lois conduisent à ce service. La loi Debré du 31 Décembre 1959 propose le « contrat d’association » aux établissements privés. La loi Guermeur du 25 Novembre 1977 complète la loi Debré. L’Etat participe aux dépenses de fonctionnement des établissements sous contrat. La voie est ouverte à la création d’un double service public. La loi Savary du 22 Mai 1984 propose l’unification ou l’harmonisation de l’enseignement privé et de l’enseignement public. Le 24 Juin 1984, plus d’un million de personnes défilent à Paris et demandent le retrait du projet Savary. Le climat est si tendu que le retrait est décidé. En 1993, la révision de la loi Falloux crispe à nouveau la dualité public-privé. La droite au pouvoir prépare une loi afin que l’Etat prenne en charge les dépenses d’investissement des écoles privées. Le 16 Janvier 1994, les partisans de l’enseignement public manifestent à Paris. Le ministre Bayrou renonce à la révision de la loi Falloux. L’opinion n’a pas accepté que l’on favorise un peu plus l’école privée. La dualité public-privé trouve sa solution dans l’équilibre. Une autre question se pose, la gestion difficile d’un système en expansion. La généralisation de l’enseignement ne permet pas sa démocratisation.
Avec la loi du 5 Janvier 1985 sur la décentralisation, l’Etat partage ses compétences avec les instances régionales, départementales et communales. La loi-programme du 23 Décembre 1985 porte sur l’enseignement technique et professionnel. Jean-Pierre Chevènement crée le baccalauréat professionnel. Le système éducatif devra porter 80% de chaque classe d’âge au niveau du baccalauréat, à partir de 2000. La loi d’orientation du 10 Juillet 1989, dite loi Jospin, fixe des objectifs à atteindre et modifie le fonctionnement du système éducatif. Le service public contribue à l’égalité des chances. La loi crée les IUFM, Instituts Universitaires de Formation des Maîtres. Les Ecoles Normales sont supprimées. Les écoles, collèges, et lycées sont tenus d’élaborer et d’appliquer un projet d’école ou d’établissement. L’élève et l’étudiant sont mis au centre du système éducatif. Au début des années 1990, la forteresse FEN, Fédération de l’Education Nationale, est ébranlée. Les divisions internes aboutissent à une rupture, à l’éclatement en deux fédérations distinctes et concurrentes, la FEN traditionnelle, et la FSU, Fédération Syndicale Unitaire. La forteresse enseignante n’existe plus.
1968-2020: La dualité instruction-éducation s’inverse au profit de l’éducation. L’école Jules Ferry, fondée sur le projet Condorcet de 1792, sur l’instruction et la transmission, est critiquée et remise en cause. Une école nouvelle, basée sur le projet Robespierre de 1793, sur l’éducation et la construction du savoir, naît et se développe. Cette école nouvelle se déploie grâce à des innovations successives. ( à suivre )
Jean SAUNIER
VPF Franche Comté
Source : Les Volontaires Pour la France
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