Lettre ouverte au président de la République
26 octobre 2018
Monsieur le président de la République,
Le 11 novembre 2018, nous célébrerons le centenaire de l’armistice, c’est à dire le centenaire de la victoire de la France et des forces alliées face à l’ennemi, c’est à dire la défaite totale de l’Allemagne lors de la Grande Guerre. Pour la France, une des conséquences les plus heureuses de la victoire, chèrement acquise par le sang versé par ses poilus, sera le retour dans le giron national de l’Alsace et de la Lorraine qui avaient été annexées par l’Empire allemand en 1871.
A nos yeux, et probablement aux yeux de tous les patriotes, il paraît évident que le fil conducteur des célébrations du Centenaire doit être la célébration de cette victoire. C’est, en effet, l’occasion pour la nation française d’exalter les valeurs patriotiques caractérisées notamment par la bravoure, l’héroïsme, le sens du sacrifice.
Ce n’est que dans un deuxième temps que ces cérémonies du Centenaire pourront être un moment de commémoration qui se traduit, elle, par un devoir de mémoire à l’égard des morts pour la patrie. Et ce n’est qu’en troisième et dernière instance que cette célébration peut donner lieu à la commémoration de tous les morts de la Première Guerre Mondiale, induisant une mémoire mondiale avec l’ensemble des belligérants et plus spécifiquement une mémoire européenne. C’est dans ce dernier cadre que s’inscrit le rappel de la nouvelle amitié franco-allemande impulsée par le général de Gaulle et le chancelier Adenauer.
Ne pas respecter cet ordre d’importance et de préséance lors des célébrations de la victoire serait faire courir à la nation le risque d’un contresens historique et commettre un anachronisme mélangeant allègrement les lieux et les époques. Célébrer, c’est rappeler le contexte de l’époque, vibrer au diapason des grandes valeurs qui ont guidé le sacrifice de nos aïeux. Ce n’est pas faire l’apologie du pacifisme ou pointer du doigt le supposé bellicisme de l’Etat-Nation. Mieux vaudrait encore ne pas célébrer la victoire que de détourner le sens profond de ces cérémonies nationales.
Que cela plaise ou non, il y a quelques raisons pour que ce jour du 11 novembre soit, une fois n’est pas coutume, d’abord un jour pour la France, un jour pour les Français, un jour où il n’est pas honteux ou indécent de faire preuve d’un certain gallocentrisme bien tempéré et modéré par ailleurs. Le 11 novembre, en effet, n’est pas comme beaucoup d’autres jours du calendrier républicain un jour de repentance, un jour pour les victimes, un jour pour l’étranger.
Aussi nous a-t-il paru opportun de vous proposer de marquer ce Centenaire de la victoire par une mesure qui consacrerait les valeurs patriotiques de courage, d’abnégation, de dépassement de soi qui ont guidé l’engagement de tous nos soldats durant la Grande Guerre. Nous vous proposons de nommer dans l’Ordre national de la Légion d’honneur au rang de chevalier – pour ceux très nombreux qui ne le sont pas – l’ensemble des combattants français de la Première Guerre Mondiale pour services éminents rendus à la nation. Tout comme vous avez su faire vibrer la fibre nationale avec l’hommage rendu au colonel Arnaud Beltrame pour son sacrifice lors de l’attentat islamiste de Trèbes, tout comme vous avez décidé de décerner aux vainqueurs de la dernière coupe du monde de football cette Légion d’honneur, le moment n’est-il pas venu, alors que l’ensemble des combattants de la Grande Guerre ont disparu, de leur décerner à titre posthume la plus haute décoration honorifique française ? Le Centenaire du 11 novembre n’est-il pas tout indiqué pour un si grand acte de reconnaissance nationale ?
Il reviendrait alors aux services de l’Etat concernés de prendre contact avec les familles des défunts pour les informer de cette mesure et les inviter, si elles le souhaitent, de produire les éléments nécessaires pour obtenir cette croix de la Légion d’honneur et d’accepter de faire l’effort d’en assumer le coût financier.
Enfin, afin de renforcer la cohésion nationale, et alors que chacun peut constater qu’elle est aujourd’hui fracturée par l’abandon suicidaire de ce qui fait la nation, à savoir sa cohérence interne seule capable de développer l’envie de faire ensemble, n’est-il pas temps de compléter ce devoir de mémoire, qui s’adresse surtout aux générations qui ont connu ou dont les familles ont connu des périodes douloureuses de notre histoire, par un véritable travail de mémoire à destination de la nouvelle génération ignorante du sacrifice de nos aînés ? Dans cette optique de communion entre générations, les familles françaises pourraient ainsi, lors des prochaines célébrations, être sollicitées et être mises à l’honneur en défilant sur l’avenue des Champs Elysées avec un portrait du défunt honoré par la France. Le renforcement de la cohésion nationale conduit dans le souvenir du sacrifice de nos aînés est aujourd’hui, plus que jamais, nécessaire. Ce sacrifice nous rappelle d’ailleurs à nos devoirs de reconnaissance à leur égard et de fidélité dans la défense de la continuité historique de la nation française.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de notre très haute considération.
Le 22 septembre 2018
Signataires
Général (2s) Antoine MARTINEZ
Général (2s) Philippe CHATENOUD
Général (2s) Roland DUBOIS
Général (2s) Daniel GROSMAIRE
Général (2s) Denis LETTY
Général (2s) Jean du VERDIER
Général (2s) Marc DESCHAMPS
Général (2s) Christian PIQUEMAL
Source : Les Volontaires pour la France
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