LETTRE OUVERTE ÀORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ

Appelant à la sauvegarde de l’État de droit, de l’équité et de la transparence.
un un processus d’examen approprié dans le cadre des processus législatifs de l’OMS en matière de
préparation et réponse à une pandémie

AVRIL 2024

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URGENT ET IMPORTANT POUR VOUS !
LIRE POURQUOI :

À la fin du mois de mai de cette année, les 194 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) devraient voter sur l’acceptation de deux documents qui, ensemble, devraient transformer la santé publique internationale et la manière dont les États interagissent lorsque le directeur général de l’OMS déclare une situation d’urgence. Ces projets, un accord sur les pandémies et des amendements au règlement sanitaire international (RSI), sont destinés à être juridiquement contraignants et à régir les relations entre les États et l’OMS.

Bien qu’ils aient des implications importantes en matière de santé, d’économie et de droits de l’homme, ils sont encore en cours de négociation au sein de différents comités, moins de deux mois avant le vote prévu. Elles ont été élaborées avec une hâte inhabituelle, en partant du principe qu’il est de plus en plus urgent d’atténuer le risque de pandémie.

Bien qu’il ait été démontré que les données et les citations sur lesquelles l’OMS et d’autres agences se sont appuyées contredisent cette urgence, celle-ci persiste. En conséquence, les normes exigeant des délais d’examen spécifiques ont été mises de côté, ce qui compromet inévitablement l’équité des accords en empêchant les États disposant de moins de ressources d’avoir le temps d’évaluer pleinement les implications pour leurs propres populations avant le vote.

Il s’agit là d’une façon extrêmement médiocre et dangereuse d’élaborer un accord ou un traité international juridiquement contraignant. Le moment est venu de décélérer afin de concevoir un ensemble cohérent de mesures juridiques en cas de pandémie, au lieu d’institutionnaliser rapidement un ensemble confus de régimes juridiques différents, d’autorités prépondérantes et de prolifération d’acteurs mondiaux concurrents, comme cela a été mal conseillé dans une lettre publique récente.

La lettre ouverte ci-dessous demande à l’OMS et aux États membres de prolonger le délai pour l’adoption des amendements au Règlement sanitaire international et d’un nouvel accord sur les pandémies lors de la 77e Assemblée mondiale de la santé afin de préserver l’État de droit et l’équité.

Auteur : David Bell, Silvia Behrendt, Amrei Muller, Thi Thuy Van Dinh & autres

Openletter WHO – PLEASE SIGN THIS OPEN LETTER

La liste des signataires se trouve sous la lettre. Vous ne recevrez pas d’e-mail de confirmation à ce moment-là. Si vous souhaitez vous désinscrire, veuillez envoyer un e-mail à in**@op************.com .

LETTRE OUVERTE

à l’Organisation mondiale de la santé et à tous les États membres en négociation,
le groupe de travail sur les amendements au règlement sanitaire international
et l’Instance internationale de négociation

avril 2024


Cher Dr Tedros, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé
Chers coprésidents Dr Asiri et Dr Bloomfield du WGIHR,
Chers coprésidents Dr. Matsoso et M. Driece de l’INB,
Chers délégués nationaux des groupes de travail respectifs,

Le Groupe de travail sur les amendements au Règlement sanitaire international (2005) (WGIHR) et l’Organe international de négociation (INB) négociant l’Accord sur les pandémies ont été mandatés pour fournir la formulation juridique définitive des amendements ciblés du Règlement sanitaire international (RSI) ainsi que de l’Accord sur les pandémies à la 77e Assemblée mondiale de la santé (AMS), qui se tiendra à la fin du mois de mai 2024. Ces processus ont été mis en place à la hâte pour « saisir un moment post-COVID-19 », alors qu’il est prouvé que le risque d’une nouvelle pandémie est limité à court et à moyen terme. En d’autres termes, nous avons le temps de prendre les bonnes mesures.

Pourtant, en raison de la rapidité avec laquelle ces processus se sont déroulés, les deux processus de négociation menacent d’aboutir à des politiques illégitimes en violant les objectifs et les principes mêmes d’équité et de délibération qui sont censés être sauvegardés par le processus d’élaboration des lois sur la pandémie sous les auspices de l’OMS. Par conséquent, le délai politiquement fixé pour l’adoption lors de la 77e Assemblée mondiale de la santé doit être levé et prolongé afin de préserver la légalité et la transparence des processus, de clarifier la relation entre le RSI modifié et le nouvel accord sur les pandémies, et de garantir un résultat équitable et démocratique.

La non-conformité du WGIHR avec le RSI exclut une adoption légale lors de la 77ème Assemblée mondiale de la santé.

L’adoption de tout amendement au RSI lors de la 77e Assemblée mondiale de la santé ne peut plus se faire de manière illégale. Actuellement, le WGIHR continue de négocier les projets d’amendements, dans le but de finaliser le paquet d’amendements proposés lors de sa 8e réunion prévue du 22 au 26 avril, qui sera ensuite présenté à la 77e Assemblée mondiale de la santé. Ce mode opératoire est illégal. Elle viole l’article 55, paragraphe 2, du RSI, qui définit la procédure à suivre pour modifier le RSI :

Le texte de toute proposition d’amendement est communiqué à tous les États parties par le Directeur général au moins quatre mois avant l’Assemblée de la Santé à laquelle il est proposé pour examen.

La date limite pour que le Directeur général distribue l’ensemble des amendements proposés au RSI aux États parties légalement avant la 77e Assemblée mondiale de la santé est dépassée depuis le 27 janvier 2024.

A ce jour, le Directeur général n’a pas communiqué de modifications aux Etats. Le RSI est un traité multilatéral qui lie les États qui l’ont ratifié et l’OMS, y compris les subdivisions (1) de l’AMS comme le GIDDH. Ils doivent respecter les règles de procédure contraignantes de l’article 55, paragraphe 2, du RSI et ne peuvent pas suspendre ces règles de manière arbitraire.

Lors du webcast public du 2 octobre 2023, la question a été soumise au juriste principal de l’OMS, le Dr Steven Solomon, qui a expliqué qu’étant donné que les projets d’amendements proviennent d’une subdivision de l’AMS, l’exigence de 4 mois de l’article 55(2) ne s’appliquait pas. Toutefois, son avis ne tient pas compte du fait que l’article 55, paragraphe 2, ne fait aucune distinction quant à l’État, au groupe d’États ou à la partie spécifique de l’AMS qui propose les amendements. En outre, dans le mandat (paragraphe 6) du Comité de révision du RSI (2022), le calendrier des travaux du GTIDRH a été fixé à « janvier 2024 : Le WGIHR soumet son paquet final d’amendements proposés au directeur général qui les communiquera à tous les États parties conformément à l’article 55(2) pour examen par la soixante-dix-septième Assemblée mondiale de la santé. Si le WGIHR et l’OMS violent délibérément le RSI, l’État de droit est bel et bien mis à mal, ce qui pourrait engager la responsabilité internationale de l’organisation et/ou des individus qui en sont responsables.

Processus indissociables du RSI et du nouveau traité sur les pandémies

Les projets disponibles du WGIHR et de l’INB impliquent que les deux processus du WGIHR et de l’INB ne peuvent pas être indépendants mais sont inséparables l’un de l’autre. En particulier, le nouveau projet d’accord sur la pandémie ne peut être adopté avant la révision du RSI, car il doit s’appuyer sur la structure révisée, le champ d’application matériel et les institutions du RSI (en particulier compte tenu de la formulation des capacités essentielles du RSI figurant actuellement dans le texte de négociation de l’accord sur la pandémie du 7 mars 2024). Des défis perturbateurs tels que le chevauchement significatif ratione materiae, les compétences et les relations entre les organes du traité nouvellement établis et les États membres, ainsi que les implications financières à long terme pour le budget de la santé, etc. – nécessitent une clarification détaillée avant d’être adoptées.

Équité et légitimité démocratique

Le fait de ne pas tenir compte des obligations procédurales prévues par le RSI et de laisser nébuleuse la relation entre le RSI modifié et le nouvel accord sur la pandémie ne nuit pas seulement à l’État de droit international, mais aussi à l’esprit de l’article 55, paragraphe 2, du RSI (2005), qui garantit aux États membres un délai de quatre mois pour examiner les modifications du RSI afin de promouvoir la légitimité démocratique, la justice procédurale et de mieux garantir des résultats équitables.

Les États ont besoin d’au moins quatre mois pour réfléchir en profondeur aux implications des amendements proposés pour leurs ordres juridiques constitutionnels nationaux et leurs capacités financières. Ils doivent obtenir l’approbation politique et/ou parlementaire avant l’adoption des résolutions respectives à l’AMS. Cette question est particulièrement pertinente compte tenu du statut juridique unique des amendements au RSI adoptés, qui entreront automatiquement en vigueur à moins qu’un État partie ne s’y oppose activement dans un délai très court de 10 mois.

L’OMS affirme que l’équité est au cœur du programme de préparation et d’intervention en cas de pandémie. De nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire n’ont pas de représentants ou d’experts présents à Genève pendant toute la durée des processus de négociation parallèles, leurs représentants discutent dans des langues qui leur sont moins familières et/ou doivent s’en remettre aux représentations des groupes diplomatiques/régionaux. Cela introduit une inégalité dans la capacité à participer pleinement au processus de négociation au sein du WGIHR et de l’INB qui élaborent l’accord sur la pandémie. Les pays les plus riches ont une plus grande capacité à contribuer aux projets et disposent de plus de ressources pour en examiner les implications. Ces processus de négociation manifestement inéquitables sont contraires à l’esprit et à l’intention déclarée de l’ensemble du processus. Pour garantir l’équité, la transparence et la justice, il faut prévoir un temps suffisant pour discuter et examiner ce qui est censé être des accords juridiquement contraignants.

Affirmation d’urgence nettement exagérée

Si certains ont affirmé que l’urgence de développer de nouveaux instruments de gestion des pandémies était justifiée par l’augmentation du risque et du fardeau que représentent ces épidémies de maladies infectieuses, il a été récemment démontré que cette affirmation était nettement exagérée. Les bases factuelles sur lesquelles se sont appuyées l’OMS et les agences partenaires, notamment la Banque mondiale et le G20, démontrent que le risque d’épidémies d’origine naturelle n’augmente pas actuellement et que le fardeau global est probablement en train de diminuer. Cela suggère que les mécanismes actuels fonctionnent de manière relativement efficace et que les changements doivent être envisagés avec prudence, sans urgence excessive, à la lumière de l’hétérogénéité de la menace et des priorités concurrentes en matière de santé publique dans les États membres de l’OMS.

Appel à ne pas adopter les amendements au RSI ou l’accord sur les pandémies lors de la 77e Assemblée mondiale de la santé

Les deux groupes de travail sont invités à suivre les principes et directives des Nations unies pour les négociations internationales, UN A/RES/53/101.Les États membres s’engagent à respecter le calendrier des négociations, à mener les négociations dans un esprit de bonne foi et à « s’efforcer de maintenir une atmosphère constructive pendant les négociations et à s’abstenir de tout comportement susceptible de nuire aux négociations et à leur progression ». Un calendrier rationnel, sans pression politique pour obtenir des résultats, préservera le processus législatif actuel de l’effondrement et empêchera un éventuel abandon politique, comme cela a été le cas pour le traité de l’OMS sur la recherche et le développement (R&D).

L’une des premières raisons d’engager le processus de modification du RSI (2005) était la préoccupation exprimée par l’OMS quant au non-respect par les États de leurs obligations au titre du RSI lors de l’urgence de santé publique de portée internationale de Covid-19. En ne respectant pas la période d’examen de quatre mois, l’OMS et le GTIDH font preuve d’un mépris flagrant pour les obligations juridiquement contraignantes qui leur incombent en vertu du RSI. Une résolution proposant des amendements au RSI en vue de son adoption lors de la 77e Assemblée mondiale de la santé ne peut plus être présentée légalement. Par conséquent, l’accord sur la pandémie doit également être retardé, car les deux processus sont interdépendants.

Il s’agit d’un appel urgent à l’OMS et à ses États membres pour qu’ils préservent l’État de droit et l’équité des procédures et des résultats en autorisant des contributions et des délibérations équitables. Pour ce faire, il faudra lever et repousser l’échéance, ce qui rendra possible une architecture juridique à l’épreuve du temps pour la prévention, la préparation et l’intervention en cas de pandémie, conformément au droit international et à ses engagements normatifs.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments respectueux.

1 Conformément à l’article 41 du règlement intérieur de l’Assemblée de la santé.
2 Conformément aux art. 59, 61 et 62 du RSI ainsi que l’article 22 de la Constitution de l’OMS. 22 de la Constitution de l’OMS.

Openletter WHO – PLEASE SIGN THIS OPEN LETTER

Source : https://openletter-who.com/fr/

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