L’État peut-il nous vouloir du bien ?
Par Patrick Ledrappier
Le 9 janvier 2024 |
Dans son premier article sur Javier Milei, intitulé « Les escadrons de la mort de Bill Gates », Patrick Ledrappier considère que « L’Occident et la France sont en état de désagrégation politique, économique et sociale. En France, ce qui se passe à l’hôpital, se passe quasiment dans tous les secteurs qui sont financés avec nos impôts, nos taxes et nos charges sociales. (…) La tranquillité, la sécurité, la santé et la prospérité économique des Occidentaux, et des Français en particulier, sont menacées, comme sans doute elles ne l’ont jamais été au cours de la plusieurs fois millénaire histoire de nos pays, y compris pendant les guerres et les occupations de territoire, par des forces étrangères hostiles. » Il conclut sur le sujet en affirmant : « L’Argentine de Javier Milei est un incroyable observatoire des maux qui frappent les sociétés occidentales et dont nous devrons nous débarrasser, définitivement, pour sauver nos droits d’êtres humains et nos libertés fondamentales. » Avant de présenter une partie de la biographie du nouveau Président de la Nation argentine, dans l’article suivant intitulé : « Nous n’adhérerons pas à l’Agenda 2030 » (Javier Milei), il aborde la question qui fut centrale lors de sa campagne électorale, celle de la « liberté » en constatant que ce mot « a quasiment disparu du vocabulaire politique et médiatique de ce pays [France] (…) si ce n’est pour nous expliquer, à l’aide des escroqueries rhétoriques habituelles et tant prisées des fonctionnaires de l’Éducation nationale, et des « journalistes » subventionnés, que : • « la liberté tue la liberté » ; • « la liberté d’expression tue la démocratie » ; • « la censure protège la liberté d’expression » (celle-là, il fallait quand même oser) ; • « la liberté vaccinale tue les petits-enfants, leurs papis et mamies » ; • « Etc. » Il termine cet article en rappelant que Javier Milei serait « un partisan de l’école autrichienne et de Friedrich Hayek (Prix Nobel d’économie 1974), comme nous le sommes à Libre Consentement Éclairé » et qu’il lui semble nécessaire, « afin de comprendre les positions politiques de Javier Milei (…) d’avoir quelques notions, pas très compliquées, d’économie et de philosophie politique libérales. » Dans un troisième article intitulé « Elle n’est pas belle la vie ? », Patrick Ledrappier présente ainsi « The General Theory of Employment, Interest and Money » (« Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ») : « Lors d’une interview télévisée de Javier Milei, le présentateur fait afficher à l’écran la Bible des politiciens et des fonctionnaires qui vivent de nos impôts, de nos taxes et de nos charges sociales. Impôts, taxes et charges sociales dont ils fixent, entre eux, le montant, tout comme ils décident, entre eux, du montant de leurs salaires, indemnités, défraiements, avantages en nature, et retraites. Mais, ne serait-elle pas belle la vie, lorsqu’on jouit de tels privilèges exorbitants (à nos frais) ? Et je ne pose pas cette question uniquement par ironie ; je la pose, car elle permet de comprendre pourquoi ces politiciens, ces hauts fonctionnaires s’opposeront toujours au moindre changement qui pourrait menacer leurs privilèges. » Ce livre est celui d’un haut fonctionnaire britannique, John Maynard Keynes (1883-1946), qui a été publié en 1936, que Javier Milei qualifie de « livre poubelle ». Dans un quatrième article intitulé « Au cœur de nos malheurs se trouve l’État », titre qu’illustre son constat : « les politiciens professionnels et les hauts fonctionnaires décident du « bien » et du « mal », de ce que nous devons et pouvons penser, dire et écrire, ressentir, cultiver, manger, acheter, vendre… », il énumère ce qui caractérise à ses yeux l’omniprésence et l’omnipotence des fonctionnaires dans la vie de chaque Français – de leur naissance à leur mort – en posant la question « l’État, pour qui, pour quoi ? » Il propose une définition de l’État français : « L’État, c’est la manière dont des politiciens professionnels et de hauts fonctionnaires contrôlent de A à Z l’existence de leurs concitoyens tout s’enrichissant continuellement sur leurs dos ». Il termine ce quatrième article sur la question de « l’utilité ou de l’inutilité des politiciens professionnels et des fonctionnaires » et de leur statut en posant ces questions : – Quel pouvoir ont-ils ? – Comment est-il possible de limiter ou de contraindre leur pouvoir ? – De qui tiennent-ils leur pouvoir (légitimité) ? – Quelle est la durée de leurs mandats et sont-ils renouvelables ? – Quels sont leurs revenus et qui décide de leurs revenus ? – Comment est-il possible de les renvoyer dans leurs foyers en cas de problème ? Dans son cinquième article intitulé « Nos libertés et le « marché » avant l’État ! », avant de présenter quelques articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, il cite Javier Milei pour qui « Le socialisme est une doctrine qui considère que les politiciens sont omniprésents, omniscients et omnipotents… Que les politiciens sont Dieu… Nous sommes venus vous dire que non seulement, les politiciens ne sont pas Dieu, mais qu’ils sont la cause de nos problèmes… » De cette croyance que les politiciens sont des êtres supérieurs qui doivent gérer les destins de chacun d’entre nous et un échafaudage institutionnel émerge qui fait que personne ne peut : travailler, commercer, circuler, s’éduquer, sans leur permission.» Tandis que dans une société libre, tout est permis, sauf ce qui est interdit et dans une société comme la société argentine, tout est interdit sauf ce qui est permis par les politiciens. » |
L’édito politique de Libre Consentement Éclairé |
Avant d’aborder spécifiquement dans de prochains articles la question du keynésianisme en économie, qui est en fait le pendant des doctrines politiques socialistes et communistes, il n’est pas inutile de voir les principales oppositions théoriques au sujet de l’État et de son rôle, entre la doctrine libérale de « l’école classique » en économie, et la doctrine marxiste qui s’y oppose. Cette présentation ne vise qu’à nous permettre de répondre à la question : « L’État peut-il nous vouloir du bien ? » D’ailleurs, cette question mérite-t-elle d’être posée depuis 2020, ou sait-on déjà que la réponse ne peut être que négative, comme avec Big Pharma ? D’ailleurs encore, depuis 2020, ne peut-on pas considérer que l’État et Big Pharma, c’est un peu la même chose dans les pays occidentaux ? Toutefois, l’organisation d’une société humaine, quelle que soit sa taille, peut-elle se passer du recours à un État ? Ces questions sont importantes, surtout pour le monde que nous devrons reconstruire après la défaite des mondialonazis et le chaos qu’ils auront laissé derrière eux. Commençons cette présentation sommaire par le rôle de l’État pour l’école classique en économie. Qu’est-ce que l’État pour les principaux auteurs de l’école classique en économie ? L’État vu par Thomas Robert Malthus (1766-1834) Dans « An Essay on the Principle of Population » (« Un essai sur le principe de population ») publié en 1798 (Malthus est un économiste et démographe anglais), il considère que la population humaine croît de manière exponentielle, alors que les ressources pour subvenir à ses besoins croissent de manière arithmétique. Il considère que si la croissance de la population n’est pas rapidement contrôlée, elle dépasserait la capacité de la terre à produire suffisamment de nourriture et conduirait à la famine et à la misère. Cet aspect du travail de Malthus, qui pour des tas de raisons ne tient absolument pas la route, ne serait-ce qu’à cause de l’innovation technologique, est repris dans « The Limits to growth » ou « Rapport Meadows », pseudoétude financée par le Club de Rome et publiée en 1972. Ce rapport est encore aujourd’hui la bible des milliardaires mondialonazis adeptes de la dépopulation de la Planète. Précisons que Malthus n’était pas favorable à l’intervention de l’État pour limiter la population grâce au contrôle des naissances, pour lequel il estimait qu’il fallait favoriser la responsabilité individuelle. Malthus était en faveur de la minimisation de l’intervention de l’État : les forces du marché doivent opérer librement sans ingérence gouvernementale. Il était également pour une limitation des secours apportés aux pauvres, car il craignait que ces secours ne favorisent la croissance de la population, ce qui mettait en danger l’espèce humaine (refrain repris par les mondialonazis).. L’État vu par Adam Smith (1723-1790) Dans « An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations » (« Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations »), Adam Smith considère que l’État doit se limiter à des fonctions de base telles que la défense nationale, la justice et la préservation des droits de propriété. L’État vu par David Ricardo (1772-1823) Dans « Principles of Political Economy and Taxation » (« Principes de l’économie politique et de l’impôt »), David Ricardo partage les considérations de Smith et il défend la limitation des pouvoirs du gouvernement. Il considère que les questions économiques et commerciales ne doivent pas être du ressort de l’État, car la croissance économique dépend de la liberté du marché. « Liberté » et « marché », nous avons là deux des mots qui terrifient les politiciens professionnels et les hauts fonctionnaires, qui semblent d’ailleurs en avoir oublié l’existence et le sens. L’État vu par John Stuart Mill (1806-1873) Dans « Principles of Political Economy » (« Principes d’économie politique »), John Stuart Mill dont le père, James Mill (1773-1836) était un ami intime de Ricardo, considère que pour garantir le bien-être général, et dans certaines situations, l’État doit intervenir, en particulier pour promouvoir la justice sociale et l’éducation. Il y a incontestablement dans les écrits de Mill à ce sujet, une dénonciation des conditions d’existence des travailleurs et du « capitalisme » anglais. Lorsqu’il écrit ce livre, il n’y avait pas de restrictions légales strictes quant à l’âge minimum pour le travail. Ainsi, des enfants étaient employés dès l’âge de 4 ans dans les mines, exposés à des conditions de travail dangereuses. L’État « régalien » de l’école classique en économie. Cet État minimal est également appelé « État régalien », et ses fonctions exclusives concernent la sécurité « intérieure » (police), la défense nationale (sécurité « extérieure » avec les services secrets, l’armée, la diplomatie militaire) et la justice. L’État régalien détient le monopole de l’usage légitime de la force, de la « violence légitime » aiment à dire les communistes et leurs ersatz socialistes et autres partisans inconditionnels de « l’État ». Il a pour fonction d’organiser la défense des libertés individuelles garanties par une Constitution (ordre public), d’organiser la protection et la défense des frontières et d’organiser l’application de la loi, qui doit être égale pour tous dans une République. Contrairement à ce qui est généralement enseigné en France (il faut faire peur et convaincre que sans les politiciens et les fonctionnaires, rien n’est possible), l’État régalien ne signifie pas qu’il n’existe pas d’éducation, d’instruction, de médecine, d’art, de voies de communication (chemin de fer, routes et autoroutes, voies navigables, transport aérien, etc.), simplement tous les aspects de la vie sociale sont laissés à l’initiative privée, individuelle et/ou collective (associations à but non lucratif, sociétés commerciales, mouvements religieux, mouvements laïques, etc.). Par ailleurs, et comme l’écrit John Stuart Mill, pour la majorité des partisans de l’école classique l’État doit avoir un rôle minimum de protection des plus faibles en édictant, par exemple, des règles sur l’âge légal du travail et sur les conditions de travail ou sur la majorité sexuelle (les enfants n’ont ni à travailler ni à être utilisés comme objets sexuels par des psychopathes qu’il faudrait, pour le moins, enfermer à vie), ou encore sur la protection et la prise en charge des personnes âgées et des malades démunis de moyens de subsistance. Le contrôle et le cantonnement des pauvres par l’État : l’exemple de l’Angleterre du XVIe au XIXe siècle En Angleterre, et jusqu’à la dissolution entre 1536 et 1541 des monastères sous Marie Tudor (1516-1558), les nécessiteux étaient pris en charge par de nombreuses institutions religieuses charitables. C’est sous le règne de Marie Tudor, en 1553, que furent promulgués les « Bridewell Acts » qui permirent d’arrêter les vagabonds et les mendiants et de les envoyer dans des établissements de correction tels que la prison de Bridewell à Londres. Toujours sous Marie Tudor, en 1536, furent adoptées des lois connues sous le nom de « Poor Laws » (« Lois sur les pauvres ») qui imposaient aux paroisses la responsabilité de secourir leurs propres nécessiteux. En 1601, sous Élisabeth I, une nouvelle série de « Poor Laws » (« Lois sur les pauvres ») instaura : • Des distinctions entre les « mendiants dignes » (tels que les infirmes ou les veuves) qui pouvaient recevoir une assistance et les « mendiants indignes ». • La répression des mendiants « indignes » qui étaient considérés comme capables de travailler, mais qui refusaient de le faire. Afin qu’ils puissent être facilement identifiés comme délinquants attachés à telle ou telle paroisse, ils pouvaient faire face à des sanctions sévères : mise sous pilori, marqué au fer rouge, tatouages, scarifications, etc. • Les « workhouses », qui étaient des établissements où les pauvres pouvaient travailler en échange d’un soutien financier. • L’emprisonnement des mendiants par les autorités locales qui pouvaient appréhender et emprisonner les individus qui se livraient à la mendicité. • La surveillance des Vagabonds : les autorités locales devaient surveiller les vagabonds et les mendiants. • Expulsion des étrangers à la paroisse : les mendiants qui n’étaient pas attachés à la paroisse pouvaient en être expulsés, voire être condamnés à de la prison (lorsque j’étais étudiant, un professeur d’économie nous avait affirmé qu’ils pouvaient être pendus, mais on ne trouve pas de sources historiques qui l’établissent). Le RSA des temps anciens Les « lois sur les pauvres » prévoyaient également que les vagabonds jugés aptes au travail par les autorités paroissiales pouvaient être soumis à des travaux forcés dans des « workhouses », cela ne correspondrait-il pas aux obligations de travail voté par les députés et les sénateurs français et auxquels sont désormais soumis les bénéficiaires du RSA ? Le droit d’aller et de venir… Au milieu du XVIIIe, l’essor de la révolution industrielle anglaise nécessita que les pauvres puissent voyager pour se rendre dans les ports du sud de l’Angleterre. Les mesures des « Bridewell Acts » qui consistaient à cantonner les pauvres dans une paroisse sous peine d’arrestation et d’emprisonnement furent abrogées afin qu’ils puissent se déplacer librement. C’est en 1834 que fut voté le « Poor Law Amendment Act » (« Loi modifiant la loi sur les pauvres ») qui instaura : • La création de nouvelles « Workhouses » où les pauvres pouvaient recevoir une aide, mais sous des conditions strictes : il fallait dissuader la paresse et la dépendance. • Le système de « Tests de mérite » : Les secours étaient conditionnés à une évaluation par des tests du besoin réel de chaque nécessiteux. • Le Contrôle local : La gestion de la pauvreté a été totalement décentralisée, et de nouveau confiée aux paroisses locales et aux unions de paroisses. À la lecture de ce qui précède, on constate que l’intervention de l’État dans l’économie des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle en Angleterre, consistait à exercer un contrôle scrupuleux des pauvres et des nécessiteux et des aides qui leur étaient apportées. C’est d’ailleurs ce contrôle des pauvres qui est à l’origine en France de la toute-puissance étatique actuelle, et de son corollaire le prélèvement d’impôts, de taxes et de charges sociales. À ce titre, les Français qui travaillent dans le privé sont soumis à un nombre invraisemblable de quasi-obligations d’achats et ils payent à la fois une multitude d’assurances obligatoires ainsi que les revenus des politiciens, ceux des fonctionnaires et ceux des nécessiteux. Comment s’étonner que le taux d’imposition en France soit le plus élevé au monde, bien devant celui de la Chine du Parti communiste chinois, paraîtrait-il ? Et tout cela, au profit de qui exactement, en dehors des politiciens, des hauts fonctionnaires et de leurs familles ? Mais d’ailleurs, n’est-ce pas parce que les politiciens et les hauts fonctionnaires savent parfaitement bien qu’il n’y a pas plus facile à contrôler que des pauvres et des nécessiteux, qu’il y en a autant en France ? Patrick Ledrappier Président co-fondateur Libre Consentement Éclairé |
Source : Libre Consentement Éclairé
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