L’état des infrastructures inquiète de plus en plus les Français
La troisième édition de l’étude mondiale Global Infrastructure Index, menée par Ipsos, révèle une montée des inquiétudes en France sur l’état des équipements, notamment routiers et ferroviaires. Le pays reste toutefois mieux noté que la moyenne des pays européens et que celle des pays du G8.
Il y a un peu plus de vingt ans, le 24 mars 1999, un violent incendie dans le tunnel du Mont-Blanc provoqua la mort de 39 personnes et la fermeture de la voie souterraine pendant environ 3 ans. Un choc qui, outre l’émotion que suscita le drame humain, posa alors la question de la gestion du tunnel . Depuis, bien d’autres défaillances impliquant des infrastructures ont entraîné des catastrophes, ferroviaires comme celle de Brétigny, en France, ou routières, comme celle du pont de Gênes, en Italie.
Attentifs et sensibles aux dégradations
Pour la troisième édition de son étude Global Infrastructure Index, l’institut Ipsos s’est penché à nouveau sur le jugement des opinions publiques de 28 pays dans le monde à l’égard des infrastructures. Il en ressort que 38 % des Français se disent satisfaits de leurs infrastructures, soit au-dessus de la moyenne européenne (26 %) et de celle des pays du G8 (33 %). Cependant, le taux d’insatisfaction est passé de 17 %, lors de la précédente étude il y a deux ans, à 22 %. Une tendance qui se traduit également à l’échelle mondiale et européenne, souligne Ipsos.
« Les Français sont particulièrement attentifs et sensibles aux dégradations qui touchent leur vie quotidienne : réseau routier, réseau ferré… », note le directeur du programme Flair à l’Ipsos Knowledge Center, Yves Bardon. Lequel pointe à l’origine du mouvement des « gilets jaunes » la réduction de la vitesse à 80 kilomètres heure sur les routes notamment locales, alors même que les automobilistes ont le sentiment qu’elles sont à l’abandon. En témoigne la baisse de 11 points en 2 ans du taux de satisfaction quant à l’état du réseau routier.
Actions prioritaires
Pour Yves Bardon, les résultats de cette étude sont à la fois « un signal d’alarme que doivent entendre les élus et aussi un indicateur des actions prioritaires à mener ». Parmi les principaux sujets d’insatisfaction des Français, le réseau ferroviaire et les dispositifs de lutte contre les inondations apparaissent comme deux points particulièrement sensibles. Ainsi, un Français sur deux (48 %) se plaint de l’état dégradé des voies ferrées et des gares, un chiffre en forte augmentation (+14 points en 2 ans). Côté protections contre les inondations, les Français sont 53 % à les juger médiocres.
Pour autant, au regard des principaux chantiers à mener, le réseau routier local ressort dans l’étude comme le dispositif prioritaire où l’Etat devrait investir (à 44 %), suivi par le réseau ferroviaire (à 40 %). Cependant, quand 73 % de l’opinion mondiale sondée par Ipsos est d’accord avec l’idée qu’« investir dans les infrastructures est vital pour la croissance économique », les Français sont seulement 62 % à le penser. « Peut-être parce que, dans un vieux pays, il s’agit plus de rénover et d’actualiser que de créer », analyse Yves Bardon.
Le financement des infrastructures est d’ailleurs un enjeu majeur du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM) en cours d’examen au Parlement. La rapporteure de la programmation des infrastructures, la député (LREM) de la Haute-Marne Bérangère Abba, vient ainsi de déposer un amendement visant à affecter le surplus des recettes de la taxe dite « Chirac » à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf).
Source : Les Echos
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