L’Essor est depuis longtemps le vrai porte-voix de la Gendarmerie, le moyen de faire passer les doléances de ce grands corps de serviteurs publics. Avec l’arrivée à sa tête d’Alain Dumait, le périodique a pris une nouvelle dimension qui a ébouriffé quelques plumes.

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Dans un pays démocratique comme la France, les Gendarmes n’ont pas le droit à la parole libre par le biais de représentants syndicaux comme peuvent le faire les fonctionnaires de police.

Antan dans la marine, les chansons à virer où la parole était libre offraient au commandement un rare opportunité pour sonder l’esprit des matelots. L’Essor, dans un registre moins musical, permet à la hiérarchie comme au personnel politique de mieux percevoir la vie de la Gendarmerie et des difficultés que rencontrent ses personnels.

Au plus fort du mouvement des gilets jaunes, l’Essor a su garder une ligne d’équilibre entre le compte-rendu des faits, les intérêts des personnels et l’éthique journalistique.

Autre vecteur de libre expression, les retraités regroupés au sein de Union nationale des personnels et retraités de la Gendarmerie, fondée en 1946 et qui depuis les origines entretient des liens étroits avec l’Essor.

Depuis l’arrivée d’Alain Dumait, l’Essor a beaucoup évolué, cherchant à remplir sa mission de manière plus attractive (ici un exemplaire de 1997).

Quand l’éditeur et entrepreneur Alain Dumait rachète l’Essor en 2012, il bouleverse l’équilibre entretenu entre l’association des retraités et un journal qui par la force des choses était devenu plan-plan, conformiste et obsédé par l’idée ne ne jamais déplaire à la hiérarchie.

Le contenu rédactionnel de l’Essor prend à rebrousse poil les membres de l’Union nationale des personnels et retraités de la Gendarmerie qui en juin 2019 se désolidarise en raison de “La question du mois” paru dans l’Essor de la Gendarmerie n° 530, page 6 du mois de Juin 2019 :

• 2001 : les gendarmes en colère manifestent.

• 2019 : les mobiles sont épuisés.

• La grogne peut-elle reprendre ?

Que recherche le directeur de la publication, remettre les gendarmes dans la rue et leur faire perdre leur condition militaire ?

C’est totalement irresponsable.

Pour être conforme à la réalité, le directeur de la publication aurait plutôt du poser la question suivante : la gendarmerie nationale est-elle le dernier rempart des institutions ?

Henri MARTINEZ

Logique entrepreneuriale d’un côté, retraités du service public de l’autre, pratique journalistique d’un côté et pratique de l’entre-soi confortable de l’autre, le choc était inévitable.

C’est par un court communiqué que l’UNPRG a rompu publiquement ses liens avec l’Essor :

L’Union Nationale des Personnels et Retraités de la Gendarmerie Nationale, association à caractère professionnelle la plus importante en nombre d’adhérents (30 000 adhérents) pour la Gendarmerie Nationale communique.

La convention qui liait le journal d’expression L’Essor de la Gendarmerie et l’Union Nationale des Personnels et Retraités de la Gendarmerie est arrivée à son terme.

Par ce fait, l’Union Nationale des Personnels et Retraités de la Gendarmerie n’est plus partenaire de ce journal.

Dans l’immédiat les articles rédigés par nos présidents départementaux et nos administrateurs nationaux seront publiés sur notre site et sur notre page Facebook. Une note d’organisation provisoire sera transmise aux présidents d’UD dans les prochains jours, en attendant merci d’adresser vos projets d’articles et phots à Michel Fillaud et à Jacky Lefort.

L’Essor est désormais présent dans les réseaux sociaux.

Communicateur né, Alain Dumait n’allait se conter de quelques mots pour expliquer à ses lecteurs le comment et le pouruoi de la rupture.

Quand j’ai racheté ce journal, le 12 juin 2012, je me suis fixé trois objectifs :
– accentuer son professionnalisme ;
– communiquer, grâce à nos supports papier et digital, avec l’ensemble de la communauté des gendarmes ;
–  rester fidèle aux valeurs qui m’étaient transmises en même temps que ce titre, dont la notoriété résultait du travail et du talent de tous mes prédécesseurs – à commencer, bien sûr,  par l’illustre Jean Cousteix.
Des objectifs aujourd’hui atteints, compte tenu de nos moyens forcément limités. La rédaction est passée de deux à quatre journalistes professionnels…
L’Essor, né en 1936 sous une autre dénomination, a aidé l’UNPRG à se constituer en 1946  ; puis, sous l’impulsion de Jean Cousteix, à devenir la principale association représentative des retraités de l’Arme.
Après le décès de son fondateur, le 13  janvier 1967, et un intermède dirigé par son fils (et héritier) Guy Cousteix, le journal est racheté par Jacques Revise, qui est alors courtier en publicité pour le compte notamment de la FNRG, que l’UNPRG va chercher et aider à racheter le titre.
La plupart d’entre vous connaissent la suite : Jacques Revise cède L’Essor à un duo emmené par l’éditeur Bernard Méaulle, qui me le transmet.

Alain Dumait explique les raisons de la rupture entre l’Essor et les retraités de la Gendarmerie.

D’emblée, quand j’énonce les priorités rappelées plus haut, une personnalité éminente de l’UNPRG, Alexis Deredec, me fait savoir son désaccord : L’Essor, selon lui, doit rester le journal des retraités et rien d’autre. Le président de l’UNPRG, qui est déjà Henri Martinez, a l’occasion de me glisser : “Je suis d’accord avec Deredec”
C’est un point de désaccord entre nous. Il est honorable. Mais il se fonde sur des éléments historiques erronés ! La collection complète du journal – que je tiens à la disposition de qui veut la consulter – démontre exactement le contraire ! L’Essor s’est toujours adressé à l’ensemble de la communauté des gendarmes, a toujours défendu aussi bien les personnels actifs que retraités, et, parlant au nom de tous, a depuis toujours bien mérité de l’Arme !
Un autre point de désaccord est apparu au fil de ces dernières années : l’UNPRG, en tout cas son président national, aurait voulu diriger l’équipe des journalistes. Ce qui l’a amené à se désolidariser publiquement de certaines informations parues dans nos colonnes ou sur lessor.org, qui toutes étaient de nature à déplaire, pensait-il, à la haute hiérarchie de la Gendarmerie. C’était à la fois manquer à la solidarité entre partenaires et vouloir porter atteinte à l’indépendance de notre rédaction.
J’ajoute, pour mémoire, des considérations plus psychologiques. Depuis longtemps, l’actuel président de l’UNPRG n’aimait ni L’Essor, ni son directeur… Et c’est ainsi qu’il en est arrivé, unilatéralement, sans raison objective selon moi, à dénoncer la convention qui nous obligeait mutuellement depuis 1973.
Je le regrette profondément. Je pensais offrir à tous les présidents des unions départementales de l’UNPRG, un support reconnu et apprécié, pour faire connaître dans nos colonnes leurs activités et rendre compte de leurs réunions. Les dirigeants de l’UNPRG disposaient d’une tribune permanente. Ils ont préféré annoncer qu’ils allaient lancer, dès le 11 juin, un journal qui serait propre à l’UNPRG… L’histoire jugera.

Curieux, sur le site de l’Essor, le numéro de juin 2019 qui est à l’origine du conflit à disparu du catalogue. Erreur, oubli ou concession ?

Pourquoi s’intéresser à ce qui semble être une querelle d’égos picrocholine qui oppose un éditeur de talent à une troupe de retraités de la Gendarmerie ?

Parce que les gendarmes jouent un rôle important dans le fonctionnement de la machinerie sociale compliquée qu’est la France. Laisser l’expression de leurs humeurs à des retraités qui ne sont en prise directe avec le service et qui souvent sont mus par d’autres intérêts serait une erreur.

La réussite de l’Essor depuis qu’il est dirigé par un homme de communication remarquable comme Alain Dumait est beaucoup plus utile à la promotion de la Gendarmerie, à la résolution de ses difficultés, que d’anciennes solutions faussement corporatistes.

Retrouvez la tribune l’Alain Dumait dans les colonnes de l‘Essor en cliquant ici.
Retrouvez le site de l’UNPRG en cliquant ici.
Photos : DR, l’Essor et UNPRG.

Source : La France Rebelle

 

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