L’escroc pensait jouer un tour… à un réserviste de gendarmerie

ÉPERNAY (51). Un arnaqueur parisien s’est fait prendre en flagrant délit d’escroquerie par la gendarmerie d’Épernay, alertée par la victime… réserviste de l’institution.

L’arnaqueur a remplacé les feuilles par des billets en détournant l’attention de la victime.

L’arnaqueur a remplacé les feuilles par des billets en détournant l’attention de la victime.

Prenez un arnaqueur. Habillez-le élégamment, fournissez-lui un véhicule de grande marque et donnez-lui suffisamment d’aplomb et de bagou pour faire avaler n’importe quelle couleuvre. En l’occurrence, celle de dupliquer des billets de banque. Cette histoire pourrait être le début d’un scénario de Woody Allen. Sauf qu’il s’agit bien de la réalité. Celle d’un Sparnacien qui souhaite vendre son restaurant et se retrouve face à un Parisien qui voulait juste lui dérober 5 000 euros.

Une arnaque montée comme un spectacle

L’affaire remonte à la semaine dernière. Depuis quelque temps, le commerçant a publié sur le site vivastreet une annonce pour vendre son fonds de commerce. Très vite, il reçoit l’appel d’un Parisien. Ils conviennent d’un rendez-vous. Ce lundi matin, le Sparnacien découvre un homme affable, qui paraît digne de confiance. Ils échangent, l’homme se montre intéressé. Mais il n’a pas la totalité de la somme sur lui. La tuile. Pas de panique, assure-t-il au vendeur, il lui fait la promesse que tous deux tireront parti de la situation en… dupliquant des billets de banque. Il demande alors au Sparnacien de sortir un billet de 100 euros, tandis que lui-même découvre deux feuilles blanches de la taille des billets. Perplexe, le vendeur s’exécute. Le restaurant se transforme alors en cabaret et un tour d’Houdini plus tard, les deux feuilles blanches sont transformées en billets. Incroyable. Surtout pour quelqu’un qui serait désespérément en recherche de fonds et qui ne serait pas… réserviste de la gendarmerie. Comme le restaurateur Sparnacien, qui n’a rien d’un « mugu »*. Lorsque son interlocuteur l’assure qu’il faut investir 10 000 euros pour que le stratagème soit fructueux, il rentre dans son jeu et réduit la somme à 5 000 euros. Un deuxième rendez-vous doit être calé. Une fois son prestidigitateur du jour reparti, il appelle la gendarmerie.

Dès lors, une autre ruse va se mettre en place. La brigade de recherches va s’organiser pour entourer l’acheteur et préparer un flagrant délit. Une provocation à la preuve dans le jargon. Presque un nom de tour de magie. Un enquêteur de l’escadron départemental de sécurité routière, spécialisé en fraude documentaire, dévoile le subterfuge du Parisien : les billets ont été passés à l’iode pour faire croire à une réaction chimique au moment du remplacement avec les feuilles blanches. Une arnaque « à la nigériane », basée là-bas sur l’incrédulité des gens, baignés dans les croyances occultes.

L’élégant Parisien rappelle pour confirmer le rendez-vous. Lundi matin, le dispositif de surveillance de la gendarmerie est prêt, les micros branchés. Ne reste plus qu’à lever le rideau lorsque le vendeur annonce à l’acheteur ne pas avoir les 5 000 euros. Le Parisien n’opposera aucune résistance, reconnaîtra partiellement le « wash-wash » (autre nom de l’arnaque, ndlr) en garde-à-vue. Inédite dans le bassin sparnacien, l’affaire a également étonné le Parquet de Châlons, qui décidera s’il y a lieu de transmettre le dossier en région parisienne, les militaires soupçonnant une bande organisée. En attendant, le Parisien est convoqué le 7 janvier 2015. Libre, mais sans prestige.

* Pigeon en nigérian.

Source : L’Union

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