Les trois djihadistes présumés se sont rendus à la gendarmerie

VIDÉO – Les individus se disent «étonnés» de ne pas avoir été arrêtés à leur sortie de l’avion. Ils se sont constitués prisonniers à la gendarmerie du Caylar (Hérault).

Le scénario kafkaïen continue. Les trois djihadistes présumés censés être arrêtés mardi à leur retour sur le sol français, se sont constitués prisonniers à la gendarmerie du Caylar dans l’Hérault, selon leurs avocats. «À l’heure qu’il est, le contact est établi avec les gendarmes. Ils se trouvaient à l’intérieur de la gendarmerie à 11 h 15», a indiqué l’un des avocats, Pierre Le Bonjour, lors d’un point de presse à son cabinet à Toulouse. D’après la gendarmerie, les trois hommes ont été placés en garde à vue et seront bientôt déférés devant un juge antiterroriste.

Même en arrivant à la gendarmerie du Caylar l’affaire a été compliquée. «Ce matin, quand les trois djihadistes se sont présentés à la gendarmerie, les locaux étaient vides. Les gendarmes officiellement étaient partis en patrouille. Les djihadistes présumés ont dû leur téléphoner pour les faire revenir», confie un syndicaliste policier, informé, dit-il, de cet épisode. Une version que conteste la gendarmerie. Alertés au dernier moment par une interview des avocats à la télévision annonçant la reddition de leurs clients, les gendarmes locaux n’ont pas

eu

le temps de préparer un comité d’accueil. Trouvant les portes de la petite brigade du Caylar fermée, les djihadistes ont donc sonné à un interphone relié au centre opérationnel de Montpellier pour qu’un gendarme, physiquement présent dans l’unité, leur ouvre la porte et que des collègues viennent en renfort quelques minutes plus tard.

Après le fiasco de l’opération de mardi, Abdelouahed Baghdali, mari de Souad Merah, la sœur de Mohamed Merah, Imad Djebali, ami d’enfance du loup solitaire de Toulouse, et Gael Maurize, converti à l’islam radical étaient libres comme l’air, attendant gentiment que la police vienne les arrêter.

L’un des trois larrons confiait son étonnement à plusieurs médias mardi soir: «Aucun policier n’est venu nous accueillir», a-t-il dit. «Même nous, ça nous a étonnés. On s’était dit qu’ils allaient nous interpeller, qu’on allait être placés en garde à vue.»

«On suggère maintenant qu’on est en Turquie, alors que la réalité c’est qu’on est en France. Si maintenant on nous dit qu’il faut qu’on se rende à la police, on va se rendre à la police, il n’y a pas de problème. Mais maintenant, moi je ne comprends pas ce qui se passe…», avait-t-il ajouté. «Mon client et ses amis sont à la disposition de la justice et prêts à répondre à toutes les questions qu’on voudra bien leur poser», déclarait pour sa part l’avocat d’Imad Djebali dans La Dépêche . Une fausse candeur dont il convient de se méfier. Selon une source proche du ministère, ce dernier est un «individu dangereux et manipulateur», un «gros bonnet» . Il a été condamné à quatre ans de prison en 2008 pour son appartenance à la filière djihadiste en Irak, dite filière d’Artigat.

Sur i-Télé, un autre avocat des djihadistes suspects, maître Legros-Gimbert, avait déclaré: «Depuis leur départ de Turquie, nous n’avons été contactés, ni par la police, ni par la justice».

«On a vécu l’horreur»

Selon maître Etelin, les trois hommes se seraient rendus aux autorités turques pour échapper à l’État islamique. Là-bas, ils auraient «vécu l’horreur».

«Tous les salafistes ne sont pas terroristes, ne sont pas partisans d’un djihad où on égorge les gens. Ils ont pensé qu’ils vivraient une autre réalité que celle de la guerre, du fanatisme et du crime organisé. Et la réalité les a horrifiés. Donc ils sont repartis», a-t-il déclaré sur Europe 1.

Beaucoup de candidats au djihad partis en Syrie reviennent «dégoûtés» par ce qu’ils ont vu là-bas, les conditions de vie extrêmes, ou «déçus» par les tâches subalternes qu’on leur a confiées.

«Ils n’ont jamais voulu participer à un combat djihadiste tel qu’on l’imagine. Ils se sont mis entre les mains des autorités turques pour être protégés et pour pouvoir être transférés vers la France. Ils sont heureux d’une chose, c’est d’avoir la vie sauve, parce qu’ils ont vraiment cru qu’ils allaient être exécutés», affirme l’avocat.

«Un couac impardonnable»

Invité sur RTL ce matin, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti demande «une commission d’enquête sur le problème du retour des djihadistes» après l’interpellation ratée des trois djihadistes présumés. Il dénonce un «couac impardonnable» . «Les Français ont besoin d’être rassurés et le gouvernement fait l’inverse», blame-t-il.

Il propose notamment la création d’un centre de détention pour les candidats au djihad de retour sur le sol français.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a dénoncé pour sa part sur Radio Classique un «gouvernement d’incapables».

Alain Juppé s’est montré moins vindicatif. Interrogé sur i-Télé sur la question, il a déclaré: «Je ne commente pas les erreurs faites, face au terrorisme il faut l’unité nationale.»

Hérault : Les 3 présumés jihadistes se rendent dans une gendarmerie… fermée ! par Medias du Sud

 

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