« Les relations gendarmes/élus/population distendues »

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« Les relations gendarmes/élus/population distendues »

 Ancien maire d’une commune rurale, le sénateur Jean-Patrick Courtois regrette la réorganisation en communautés de brigades. Pour lui, elle a éloigné les gendarmes de la population, portant préjudice au recueil du renseignement. Entretien avec le sénateur (Les Républicains) Jean-Patrick Courtois, 64 ans.

Cet entretien a été réalisé le 9 juin 2015, avant l’annonce de l’invalidation des comptes de campagne de Jean-Patrick Courtois par le Conseil constitutionnel et la perte de son mandat de sénateur.

“L’Essor”.- ‘Que pensez-vous des moyens alloués à la Gendarmerie pour effectuer ses missions ?

Jean-Patrick Courtois.- Je les ai connus plus importants, tant au niveau des moyens humains que des moyens matériels. Lorsque j’étais maire, il y avait un déploiement des forces extrêmement important sur l’ensemble du territoire, notamment rural. Au fil des années, on a vu le regroupement des gendarmeries, puis la disparition d’un certain nombre de moyens. Aujourd’hui, la présence sur le terrain – et notamment en zone rurale – est beaucoup plus faible qu’avant, ce qui produit un écueil considérable : les relations entre les gendarmes d’une part et les élus et la population d’autre part se sont distendues.

Il y a moins de monde dans les brigades, et les territoires qu’elles couvrent sont plus importants. Cela entraîne une augmentation de la délinquance et du sentiment d’insécurité dans les communes.

“L’Essor”.- Pour vous, le bilan de la réorganisation en communautés de brigades est donc négatif ?

Jean-Patrick Courtois.- Sur le plan du renseignement, complètement ; sur le plan de l’efficacité, peut-être moins.

La présence effective de l’uniforme, la vie effective des gendarmes dans nos communes avec leur famille… Tout cela n’a pas disparu, le terme serait excessif, mais cela a diminué, et nous le ressentons aujourd’hui.

Le renseignement passait parce que les gens connaissaient les gendarmes. Dans mon petit village, j’étais au collège et au lycée avec le fils de l’adjudant, et les renseignements passaient naturellement, sans même y penser.

 “L’Essor”.- Vous avez été rapporteur d’une proposition de loi sur l’utilisation des armes de 4e catégorie. Quelles étaient les raisons de votre opposition à ce texte ?

Jean-Patrick Courtois.- Cette proposition de loi a eu l’avantage de permettre à tout le monde de s’exprimer et de débattre, notamment sur les moyens dont disposent les forces de l’ordre en cas d’attroupement et de répression dans les manifestations. On s’est aperçu que le fait d’arrêter la vente et l’utilisation d’un certain nombre d’armes n’était pas possible, et même ceux qui ont signé cette proposition de loi l’ont compris. Par contre, le fait d’améliorer les systèmes et les matériels est extrêmement important.

 “L’Essor”.- De quels matériels parlez-vous ?

Jean-Patrick Courtois.- Par exemple, l’utilisation du Flash-Ball et ses conséquences pose le problème de l’utilisation de l’arme par elle-même. Est-elle adaptée ? L’expérience a montré qu’elle était par trop imprécise. Mais dire qu’on va l’interdire est stupide, car cela a pour conséquences soit d’obliger les forces de l’ordre a reculer –ce qui n’est pas bon, chacun le conçoit–, soit de les obliger à utiliser les matraques, ce qui aura des conséquences humaines considérables.

“L’Essor”.- Cela nous renvoie à la décision de supprimer les grenades offensives suite au décès de Rémi Fraisse à Sivens. Quelle est votre position par rapport à cette décision du ministre ?

Jean-Patrick Courtois.- Je pense qu’il a pris une bonne décision. La grenade s’est trouvée dangereuse, elle a malheureusement tué quelqu’un, donc l’interdire était une bonne chose.

Maintenant, il faut voir par quoi on la remplace pour donner aux forces de l’ordre les moyens d’exercer leur rôle et d’occuper le terrain. Il peut y avoir d’autres systèmes. Je ne suis pas un spécialiste des grenades, mais il fallait l’interdire immédiatement. Et, maintenant, réfléchir à ce que l’on peut faire, car, je le répète : il faut que les forces de l’ordre aient les moyens d’exercer leur mission.

“L’Essor”.- Concernant le projet de loi sur le renseignement, quelle est votre position sur les critiques apportées à ce texte.

Jean-Patrick Courtois.- Il faut savoir raison garder. Le Sénat est le défenseur des libertés, et il a fait en sorte que le texte arrivé de l’Assemblée nationale soit profondément modifié. Il faut savoir que le président de la commission des lois, Philippe Bas, qui en était le rapporteur, est un grand juriste, membre du conseil d’Etat ; le rapporteur pour avis est le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense nationale, Jean-Pierre Raffarin, qui a eu à donner des instructions aux services de renseignement lorsqu’il était Premier ministre.

Ces deux spécialistes ont sorti un bon texte. D’une part, il préserve les libertés individuelles. Par exemple, nous avons diminué le temps durant lequel les informations étaient conservées ; ou nous avons prévu d’autres mesures pour que les gens puissent faire des recours devant le Conseil d’Etat. D’autre part, il faut bien voir que l’on est face à une guerre contre le terrorisme et, quand on est en guerre, il faut bien donner à nos troupes qui nous défendent les moyens de pouvoir exercer leur métier.

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Propos recueillis par Nathalie Deleau et Matthieu Guyot

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