Les « profileurs » de la gendarmerie, dans la tête des tueurs
Un homme retrouvé mort, une bouteille de whisky logée dans le corps; un septuagénaire assassiné dans un village du Sud-Ouest, la langue et le cœur arrachés; un veilleur de nuit transpercé de douze coups de couteau en Haute-Vienne… Dans l’enceinte du fort de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), sept gendarmes d’un genre particulier sont en alerte. Dans les heures qui suivent la découverte d’une affaire hors normes, trois d’entre eux se transportent aussitôt sur la scène de crime. Ils travaillent en silence, et le plus rapidement possible, afin d’éviter d’être influencés par les enquêteurs. Leur mission : se mettre dans la tête du tueur. On les appelle les «profileurs».
L’analyse comportementale, communément appelée «profiling» ou «profilage criminel», est née dans les années 1960 aux Etats-Unis. Longtemps méconnue des procédures françaises, elle a depuis 2002 sa propre unité au sein de la gendarmerie: le département des sciences du comportement (DSC). Il est composé de sept officiers de police judiciaire: quatre analystes du comportement – toutes des femmes – ayant suivi un double cursus de droit et de psychologie, et trois référents police judiciaire, des enquêteurs qui intègrent le département par roulement.
Cette unité d’experts, unique en France, est saisie chaque année d’une quarantaine d’affaires, des plus sordides aux plus mystérieuses, qui répondent à une liste de «critères d’urgence» évocateurs: «introduction d’objets», «inscriptions sur le corps», «ablation de membres ou d’organes», «scarifications», «indices de présomption de sérialité», «minorité de la victime»… Toutes ont un point commun: «Auteur inconnu». «On nous appelle rarement quand il y a un bel ADN», résume le capitaine Marie-Laure Brunel-Dupin, 37 ans, fondatrice et responsable du DSC.
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