Les nouvelles du jour, par le Général Dominique Delawarde
Bonjour à tous,
Dans la même veine que les documents que je vous ai communiqués récemment, en voici deux autres, tirés de sites peu suspects d’être complotistes. Comme d’habitude, la lecture des commentaires émanant, pour la plupart, d’anciens militaires, est édifiante.
Le problème, c’est que nous ne pouvons pas compter sur nos trente et un alliés de l’OTAN dont les armées sont dans le même état que la nôtre, voire pire. Cela va évidemment mettre en rage les atlantistes forcenés, qui poussent encore à l’entrée en guerre de haute intensité contre la Russie.
A l’analyse, ni l’économie, ni les Forces Armées ne sont prêtes à mener une guerre de haute intensité contre la Russie. C’est vrai tout autant pour l’Union européenne que pour la France mais aussi pour les USA, en fort sous effectif, dont les forces sont dispersées sur quelque 900 bases dans le monde et qui devraient traverser l’Atlantique Nord pour intervenir en Europe de l’Est. On ne traverse pas l’Atlantique Nord en 2023 comme on pouvait encore le faire en 1945. Bon courage aux parents européens et états-uniens dont les enfants iront se faire hacher menu pour tenter de conserver l’hégémonie mondiale de l’oncle Sam.
Les déficiences du soutien de proximité et le manque d’entraînement minent le moral des officiers français
Lors de son traditionnel discours prononcé à l’Hôtel de Brienne, le 13 juillet dernier, le président Macron avait dit vouloir « repenser » le modèle d’organisation et de fonctionnement du ministère des Armées qui avait été mis en place « dans une période de réduction continue des dépenses pour la défense », avec la Révision générale des politiques publiques [RGPP], lancée à la fin des années 2000.
« Ce modèle procède d’une logique qui faisait primer les économies sous couvert de rationalisation et de fragmentation budgétaire. Une logique qui ne place pas toujours ou pas assez la guerre au cœur de ces organisations ou de ces processus. Or aujourd’hui, ce modèle n’est plus adapté », avait ensuite estimé M. Macron. Et d’ajouter : « Je veux […] redonner les leviers d’action à ceux qui portent les missions en opérations comme au coeur des territoires, […] encourager la réactivité, faciliter la capacité à entreprendre, démultiplier les énergies, concentrer les volontés sur la réalisation de la mission ».
Le locataire de l’Élysée avait-il eu le temps de prendre connaissance du 17e rapport thématique sur les officiers [.pdf] que le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire [HCECM] venait de lui remettre? En tout cas, le ministère des Armées vient de rendre public ce document. Et certains points qu’il développe font écho aux propos de M. Macron.
Par le passé, et à plusieurs reprises, le HCECM n’a pas ménagé ses critiques à l’égard des réformes ayant remis en cause le concept « un chef, une mission, des moyens » avec la création des « bases de défense », dont la finalité était de mutualiser le soutien de plusieurs unités implantées dans un périmètre géographique donné [1h à 1h30 de route], en concentrant sur un même site les services d’administration, de gestion, d’habillement, etc. « Les militaires rencontrés […] ont tous fait part de la déshumanisation et du flou qui caractérisent désormais les relations entre les militaires soutenus et le personnel administratif », avait-il avancé dans un rapport publié en 2014.
Si, depuis, des « espaces ATLAS » ont été mis en place dans les unités afin de rapprocher les soutenus des soutenants, le problème de fond n’a pas été réglé. Et la « persistance de difficultés dans le soutien de proximité pèse sur le moral des officiers et contribue à fragiliser leur fidélisation », avance le HCECM dans son dernier rapport thématique, lequel décrit des situations ubuesques…
« Les officiers en situation de commandement ont perdu des leviers d’action. Ils ne peuvent plus régler efficacement et surtout rapidement les problèmes du quotidien. Leur autorité en est directement affectée », explique-t-il.
« Cette situation engendre une lassitude des intéressés face aux dysfonctionnements de l’administration générale, détériore l’image du commandement en interne et nuit ainsi à l’attractivité du recrutement interne des officiers », poursuit le Haut Comité, en rappelant qu’il s’agit de l’un de ses principaux sujets de préoccupation car celui-ci est « systématiquement évoqué à l’occasion des tables rondes réalisées lors de ses déplacements et ceci, quelles que soient les catégories de militaires ».
Ces problèmes affectent notamment les écoles de formation initiale. Ce qui est « inquiétant », relève le HCEM, qui donne un florilège des difficultés dont il a eu connaissance. « On se bat pour avoir une imprimante, du papier, la délivrance de la carte SNCF, des tenues à la taille de l’élève… », rapporte-t-il. « Le plus dur, c’est de garder la motivation auprès de nos élèves qui nous voient batailler avec des sujets de soutien comme par exemple s’occuper de l’achat de produits d’entretien que l’on vous refuse », lui ont confié des officiers.
« Les autorités auditionnées par le Haut Comité sont conscientes de cette fragilité qui résulte d’une contrainte de moyens aux effets amplifiés par les réorganisations successives », relève-t-il, avant de souligner la « dynamique engagée par les armées, directions et services du ministère des armées qui vise à réduire les lourdeurs administratives, simplifier et fluidifier les procédures pour redonner une liberté d’action aux commandants de formations ». Aussi appelle-t-il à poursuivre de tels efforts.
Mais le soutien déficient n’est pas le seul facteur qui pèse sur le moral des officiers. En effet, le HCECM pointe également les « problèmes persistants de disponibilité des matériels hors opérations extérieures [OPEX], les effectifs insuffisants ainsi que les difficultés d’entraînement ».
« Le chef est conscient que le temps de l’entraînement est essentiel pour former et entretenir une capacité opérationnelle, d’autant plus lorsque l’on sert des systèmes d’armes de haute technicité. Or, si de nombreux efforts ont été réalisés pour ‘réparer’ le niveau de préparation opérationnelle et améliorer la disponibilité technique des matériels, des difficultés peuvent persister », note le Haut Comité.
En effet, explique-t-il, « lorsque les parcs d’équipements sont affectés par des difficultés durables de disponibilité, cela se traduit par une réduction des possibilités d’entraînement tandis que l’intensification des engagements opérationnels accentue les difficultés à préserver les compétences tactiques collectives, voire individuelles, faute de temps disponible ».
Aussi, les officiers peuvent éprouver le sentiment de ne pas disposer des moyens suffisants « pour se former eux-mêmes pour entraîner les femmes et les hommes qu’ils commandent, ce qui n’est pas neutre sur leurs capacités opérationnelles », prévient le HCECM.
Le rapport prend ainsi l’exemple de la formation des personnels navigants de l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE], affectée par la « disponibilité des matériels » ainsi que celle des instructeurs, du fait d’une « fort engagement opérationnel des cadres ». Résultat : « cela peut se traduire par un décalage de 8 mois dans la formation, en particulier pour les élèves officiers sous contrat ». Par ailleurs, le HCECM souligne que la « préparation opérationnelle sur matériel majeur demeure un point de préoccupation fort » pour l’armée de Terre et que, s’agissant de la Marine nationale, le nombre de jours de mer dédiés à l’entraînement des bâtiments de surface à diminué en 2022 et en 2023, « malgré une remontée ponctuelle en 2021 ».
« Le manque de moyens pour remplir les missions et l’insuffisance des moyens humains sont des motifs récurrents d’insatisfaction chez les officiers selon l’indicateur de mesure du moral », insiste le Haut Comité, avant de faire valoir que ces éléments sont « fondamentaux pour le moral et que la confortation de l’attractivité et de la fidélisation ne peut se limiter aux leviers relatifs à la rémunération et à la gestion des ressources humaines. »
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https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/09/20/niamey2-24118.html
Forces françaises au Niger: entre se serrer la ceinture et serrer les dents
« Abandonnés » ! L’humeur est visiblement morose au sein du contingent français au Niger. Principalement, confinés sur la BAP (la base aérienne projetée) située près de l’aéroport de Niamey, les quelque 1 500 soldats français sont au cœur d’un bras de fer entre l’Élysée et les putschistes du 26 juillet qui souhaitent le départ des forces françaises et qui ont dénoncé plusieurs accords de coopération militaire conclus avec l’ex-puissance coloniale (photos EMA prises à Niamey).
Côté français, Emmanuel Macron, intransigeant, maintient qu’un éventuel redéploiement des forces françaises au Niger ne sera décidé qu’à la demande du président Mohamed Bazoum toujours considéré par la France comme le légitime chef de l’État.
En attendant un accord politique, la situation des militaires français se dégrade depuis le début du mois de septembre : relève compromise, réserves qui s’épuisent, encadrement sous stress, peur d’une sortie de crise violente…
A cela s’ajoute la crainte d’être débordés par les manifestants nigériens qui bloquent tous les accès au camp français. « Le problème, c’est la foule. Elle se fait manipuler par le mouvement M62 principalement qui fait monter le sentiment anti-français. Ce sont ces mêmes manifestants qui ont stoppé le boulanger et qui empêchent les personnels locaux de venir travailler sur la BAP. Alors que les personnels locaux peuvent encore travailler pour les Allemands et les Italiens. Le filtrage n’est pas effectué par les forces armées nigériennes mais par les manifestants », explique un ancien militaire qui travaille sur place.
Ravitaillement aléatoireSur la BAP, les conditions de vie sont de plus en plus compliquées : « Aucun mouvement d’avion, les mouvements entre la zone vie et la zone technique sont surveillés et filtrés par l’armée nigérienne, un fossé antichar a été creusé, plus de ravitaillement alimentaire, évidemment pas d’autorisation de sortie. La base vivait sur les réserves des congélateurs jusqu’à cette semaine. Désormais pas de pain, le papier toilette rationné », a résumé un soldat français à sa famille.
« Nous avons encore un stock conséquent de carburant pour les groupes électrogènes, nous sommes aussi autonomes concernant l’eau potable et sanitaire et il y a encore de quoi manger un certain temps », précise toutefois l’ancien militaire français avant d’ajouter: « En revanche, la situation sur les deux bases avancées (Ouallam et Ayorou) devient intenable : plus de ravitaillement en eau, nourriture et carburant. Bientôt plus d’électricité pour eux. Et il est impossible de les approvisionner ».
A Ouallam, au nord de Niamey, près de 200 soldats vivent de plus en plus chichement, leur autonomie passée devenant un souvenir. « Tout ça ne tient qu’à un fil. Ce qui me pose problème, c’est que nos capacités se dégradent un peu plus tous les jours, décrit un sous-officier qui préfère garder l’anonymat. La mission : « Tenir », c’est OK ; mais il nous faut de quoi manger, se laver et un minimum de confort ! Dimanche, l’électricité coupe et nous n’aurons plus de moyen de recharger nos appareils une fois que nos batteries seront déchargées. Nous attendons juste une direction de manœuvre ; rien que ça, ça nous donnerait du moral ».
Des députés inquietsL’état-major des Armées (EMA) relativise ces difficultés, reconnaissant des « approvisionnements compliqués », tout en se voulant rassurant : « L’état des capacités de combat, dont l’état du moral des militaires, est suivi par le commandement à tous les niveaux. Aujourd’hui, la posture des militaires français au Niger permet de répondre à toutes les éventualités, notamment en cas de besoin d’utiliser la force. »
L’EMA précise aussi que « les militaires en opérations sont confrontés par nature à une forme d’incertitude et aux changements de situation. Ils sont formés et entraînés pour agir dans des conditions parfois très rustiques et dans des environnements sécuritaires difficiles. La préparation et la planification des missions intègrent cette complexité ».
Malgré tout, plusieurs députés français se sont émus de la dégradation des conditions de vie du contingent français au Niger. Ainsi, le député brestois Jean-Charles Larsonneur a fait part de ses inquiétudes dans un courrier de lundi au ministre des Armées Sébastien Lecornu.
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Ce genre d’articles parus dans la mouvance « mainstream » disparaissent du net très vite du fait de la censure. Voir aussi et peut être surtout:
Général Dominique Delawarde
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