« Les gens du voyage ne sont pas libres de faire n’importe quoi ! » Sans blague ?

Une soixantaine de gens du voyage ont saccagé une portion de l’autoroute A1, brûlant pneus, ballots de paille, palettes, et même des arbres tronçonnés. Sans que personne n’intervienne, ni en amont ni en aval.

Ce lundi 31 août se déroulent les obsèques des trois personnes abattues dans la « communauté des gens du voyage » de Roye, dans la Somme. Abattus par l’un des leurs, un homme de 73 ans qui a également tué le gendarme Laurent Pruvot, 44 ans, membre d’une communauté lui aussi, et père de deux enfants.

Pour exiger que le fils de l’une des victimes, incarcéré à la maison d’arrêt d’Amiens, puisse assister aux obsèques, sa « communauté » a jugé utile de bloquer durant 15 heures l’une des autoroutes les plus fréquentées de France. Le dernier week-end des retours de vacances, celui où nos voisins belges, allemands ou bataves remontent vers le nord de l’Europe.

Une soixantaine de gens du voyage, donc, ont saccagé une portion de l’autoroute A1, brûlant pneus, ballots de paille, palettes, et même des arbres tronçonnés. Sans que personne n’intervienne, ni en amont ni en aval, ce qui est déjà aussi scandaleux qu’ahurissant. Mais il y a pire : ce sont les déclarations officielles qui prétendent justifier une telle lâcheté.

Alors que des centaines de milliers d’automobilistes étaient bloqués depuis la veille au soir, on a ainsi pu entendre le directeur de cabinet du préfet déclarer samedi matin sur France Info : « Nous n’intervenons pas… la situation est tendue, mais on privilégie le dialogue car nous n’observons pas de trouble à l’ordre public. »

Plus scandaleux encore, si c’est possible : les déclarations de « la préfète » Nicole Klein en réponse à l’indignation qui monte. Interrogée dimanche par Le Figaro, elle déclare : « Je peux comprendre l’exaspération des automobilistes, mais il n’y avait pas de vie en danger. En revanche, une intervention aurait pu avoir de graves conséquences sur le plan de l’ordre public sur la ville de Roye. » Elle poursuit : « Dans cette commune de 3.000 habitants, qui a été le 25 août le théâtre d’un drame au cours duquel quatre personnes ont été tuées, dont trois parmi les gens du voyage, et un gendarme, la situation est tendue. Une intervention aurait pu donner lieu à des débordements et mettre en danger une population endeuillée. »

La préfète est claire : dans son esprit perverti, c’est donc l’intervention des forces de l’ordre qui constitue un « trouble à l’ordre public » dont il conviendrait de protéger les habitants de la ville de Roye. Habitants qu’elle amalgame, au passage, aux occupants des roulottes. En quoi la population est-elle concernée ? De quels débordements parle-t-on, de la part de qui, contre qui ? Un peu de courage, madame Klein, dites-nous donc franchement ce qui vous terrorise.

C’est Xavier Bertrand (une fois n’est pas coutume) qui a osé parler vrai lundi matin au micro de RTL : « Les gens du voyage font peur parce que certains d’entre eux sont armés jusqu’aux dents, avec des armes de guerre. Ils sont même à l’origine du trafic. » (Également mouillés jusqu’au cou dans les trafics d’œuvres d’art, de métaux et souvent, aussi, de drogue, mais c’est un autre problème.)

Trois questions au moins s’imposent :
– Il y avait, paraît-il, « tension » depuis les meurtres du 25 août. Avec qui et pourquoi, sachant que ces gens-là se sont entre-tués ? Pour autant qu’on sache, en effet, la mort n’est pas venue de l’extérieur.
– Comment se fait-il qu’on ne les ait pas empêchés de tronçonner des arbres (!) et surtout d’installer leur barrage incendiaire sur l’autoroute, quand on sait que des brigades de surveillance scrutent chaque mètre carré de chaussée ?
– Sur quel ordre venu d’en haut le juge d’application des peines est-il revenu sur sa décision concernant le prisonnier ?

Nicole Klein affirmait ce matin que des poursuites seront engagées contre les auteurs des faits : « Il y aura évidemment des suites judiciaires. Les gens du voyage ne sont pas libres de faire n’importe quoi, n’importe où. » Ce n’est pas ce qu’il nous avait semblé. Et puis, quoi, on va saisir les roulottes pour payer la réparation de l’autoroute A1 ? Et « le déploiement des forces de l’ordre conséquentes » durant toute la journée de mardi, pour respecter les vœux de ces très chers gens du voyage dont les désirs sont manifestement des ordres ?

Qu’en dit le ministre Cazeneuve, si prompt d’habitude à montrer sa triste bobine, mais qui est cette fois demeuré aux abonnés absents ?

Source : Bld Voltaire

 

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