Les gendarmes aux trousses il se cache dans son fourgon
En voyant la patrouille de gendarmerie dans son sillage, le conducteur dit avoir « paniqué ». – (Photo archives NR, Éric Pollet)
Courlay. Repéré par la gendarmerie, un chauffeur à la conduite suspecte avait accéléré, puis s’était garé un peu au hasard. Pour se planquer dans l’habitacle.
Tout cela, selon la version du prévenu, parce qu’il voulait éviter de se faire verbaliser pour un contrôle technique périmé. « Une amende de 50 €, même pas, je n’en suis pas sûre », en sourit presque la présidente du tribunal correctionnel de Niort, Sylvie Bordat, qui relève qu’en plus, le mis en cause a un casier judiciaire vierge. Face à elle, un Bressuirais de 27 ans poursuivi, hier, pour refus d’obtempérer à une sommation de s’arrêter.
Dimanche 4 octobre 2015, à Courlay : il est aux alentours de 21 h 40 quand une patrouille de la gendarmerie tombe sur un Renault Master qui a stoppé sa route au milieu de sa voie de circulation au niveau d’un carrefour, ceci sans raison apparente. L’utilitaire ne redémarra qu’au bout de cinq à dix secondes. De quoi intriguer les militaires, qui prennent en chasse le véhicule.
« Votre explication, ça fait un peu foutage de gueule »
Sauf qu’en voyant le gyrophare de la maréchaussée dans son rétroviseur, le conducteur « panique » : il accélère sur une centaine de mètres avant de tourner sur sa gauche pour pénétrer dans une cour de ferme, où il gare son fourgon. Les gendarmes s’approchent pour le contrôler : le moteur de l’utilitaire est éteint, mais les phares sont toujours allumés, on perçoit même le son de l’autoradio depuis l’extérieur. Les clés de contact sont à leur place.
Avec leurs lampes torches, ils regardent dans l’habitacle et distinguent une silhouette cachée derrières les sièges. C’est le prévenu. « Ils tapent sur les portes, sur le capot, vous n’ouvrez pas, raconte la juge. Ils ne savaient pas comment vous alliez réagir, cela aurait pu dégénérer. » Les militaires reviennent dix minutes plus tard : le chauffeur a disparu, le véhicule est fermé. Le lendemain matin, le Renault Master s’est envolé.
« J’étais dans mon truc »
Son propriétaire est convoqué par les forces de l’ordre. Voici sa version de l’époque, décrite par la présidente : « Vous n’aviez plus que six points sur votre permis. Et vous aviez peur d’être braqué par de faux gendarmes qui voulaient s’en prendre à vous ou à votre véhicule. Car cela vous était déjà arrivé en sortant de boîte de nuit ». Dans les locaux de la brigade, tout ne se passe pas si bien.
« Ils étaient agressifs », assure le mis en cause. Mise au point de la juge : « Une convocation à la gendarmerie, ce n’est pas une invitation pour un thé. Et votre explication a un peu agacé les gendarmes, ça fait un peu foutage de gueule ». « Après, j’étais parti dans mon truc », concède le Bressuirais.
« Sauf à penser que vous étiez alcoolisé… »
« On comprend que pour avoir une réaction comme celle-ci, c’est qu’il craignait quelque chose, reconnaît son conseil, Me Nadia Ouald. Certes, l’explication peut paraître étonnante, mais il n’avait aucun papier d’identité, pas d’assurance et n’avait effectivement plus que six points. » L’avocate craint pour le travail de son client, mécanicien agricole qui couvre la bagatelle de 60.000 km chaque année : « Son employeur le licenciera s’il n’a plus de permis ».
Il est finalement condamné à une amende d’un montant de 300 € et son permis est bien suspendu, pour une durée d’un mois. Ce qui devrait l’obliger à prendre des vacances d’été anticipées pour garder son job. « On ne saura jamais vraiment pourquoi il a réagi comme cela », relève, au nom du parquet, le substitut du procureur de la République Nicolas Leclainche. « Sauf à penser que vous étiez très alcoolisé, quand on a l’esprit mal placé… », glissera Sylvie Bordat.
Source : La Nouvelle République
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