Les experts gendarmes redonnent un visage au poilu Claude Fournier
“C’était très émouvant de découvrir le visage de mon grand-père, ma mère, décédée en 2011 aurait tant aimé le connaître, elle avait quatre ans quand il est mort”.Ce lundi 6 novembre, à Cannes, à deux pas de la caserne qui abrite la gendarmerie, dans le quartier République, le chef d’escadron Jean-Paul De Azevedo, commandant la compagnie était le messie d’un jour pour la famille Allard.
L’officier a en effet révélé à Robert Allard et à ses proches, le visage de son grand-père, le sergent Claude Fournier, mort pour pendant la première guerre mondiale, “ Tué devant Douaumont” le 4 aout 1916 mais dont le corps n’a été retrouvé que le 6 mai 2015.
Histoire : sur les traces d’un soldat inconnu
Commence alors ce jour là une une belle histoire qui allait donné lieu à une prouesse scientifique et à une première réalisée par les gendarmes de l’Institut de recherches criminelles de la Gendarmerie Nationale , le fameux IRCGN dont sont si fiers les gendarmes: la reconstitution du visage d’un soldat grâce à l’ADN! Comme cela a été fait en Angleterre pour le roi Richard III.
Ce 6 mai 2015, le chantier du nouveau Mémorial de Verdun délivre trois squelettes enchevêtrés à deux mètres de profondeur dans la glaise noire comme le rapporte à l’époque L’Est Républicain qui publie des photos des squelettes.
Il n’y a là que des restes de fibres de vêtements, des balles de fusil Lebel, des brodequins , des casques Adrian, des cartouchières, des boutons d’uniforme, des couverts, des crayons, bougies, un lorgnon et.. une fiole de “Ricqlès”, encore à moitié pleine! Et un pistolet Mauser précise Robert Allard. Mais rien ne permettant d’identifier les trois “poilus”.
Une simple plaque “Claude Fournier 1900, Mâcon”
Mais il y a surtout une plaque d’identité ” Claude Fournier 1900, Mâcon”.
Les recherches auprès du ministère de la défense nous apprennent que ce Fournier, né en 1880, à Colombier-et-Brionnais en Saône-et-Loire a été appelé sous les drapeaux en 1901 , libéré en 1904 puis rappelé comme réserviste en 1914.
Comme le précise dans un autre article L’Est Républicain , le maire de la petite commune bourguignonne, Jean-Paul Malatier, se prend de passion pour l’histoire avec le Souvenir Français, et plus spécialement l’un de ses adhérents, Hervé Cardon, un chercheur.
Le docteur Bruno Frémont, médecin-légiste à Verdun est dépêché sur place et commence son travail d’identification afin d’essayer de savoir si l’un des trois corps est celui du soldat Fournier. Il remarque que l’un des trois squelettes correspond à un homme plus âgé que les deux autres mais seule une analyse ADN permettrait d’identifier à coup sûr le soldat. Reste à trouver de la famille et à obtenir leur accord.
Un descendant retrouvé à Cannes
L’unique descendant, Robert Allard, est localisé à Cannes.
« Un beau matin, je reçois un appel de M. Malatier, le maire de Colombier-en-Brionnais, le bourg natal de mon grand-père. Il m’annonce que l’on a retrouvé trois corps. Par élimination, il pense que le plus âgé est celui de mon grand-père. »
La taille d’1,66 mètre correspond exactement à la taille indiquée dans le livret d’incorporation et il y a cette fameuse plaque. Il m’a alors demandé si je pouvais me soumettre à un test ADN pour en être sûr. Ce que j’ai évidemment accepté” poursuit le petit-fils, un ancien oenologue à la retraite.
Une cousine descendante par les femmes accepte aussi.
Le ministère de la Défense donne aussi son accord. Le légiste prélève alors un morceau de fémur et une dent sur chaque cadavre. Les instituts médico-légaux de Strasbourg et de Paris avec le docteur Tania Delabarde, anthropologue, se lancent dans l’aventure précise aussi l’Est Républicain.
La bonne nouvelle tombe : comme dans la série TV des “experts” l’ADN « matche » .
Mais il n’y a pas, ou plus de photos de Claude Fournier . “J’en avais quelques unes héritées de ma mère, mais tout a été emporté lors des inondations à Cannes en 2015” déplore Robert Allard.
Pas de photo non plus sur son livret militaire et dans les archives de l’armée, ni sur sa fiche le déclarant “Mort pour la France” et consultable sur le formidable site “Mémoire des hommes“.
Une photo de groupe est retrouvée.
“Nous pensons avec une quasi certitude que mon grand-père est en bas en gauche avec un quart à la main” a confié à l’Essor Robert Allard.
L’IRCGN redonne un visage au poilu!
Le crâne est alors envoyé à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale au Pôle judiciaire de la Gendarmerie Nationale (PJGN) de Pontoise qui réalise un portrait-robot grâce à un logiciel de reconstitution faciale.
L’adjudant Franck Nolot, du département anthropologie hématomorphologie travaille sur le crâne du défunt.
Soixante-dix points de mesure permettent une reconstitution du visage.
Le capitaine Amaury Pussiau du service central d’analyse génétique de la gendarmerie, réalise, lui, le portrait-robot génétique en comparant les ADN du soldat et de son petit-fils.
Le 21 février 2018, pour la commémoration de la bataille de Verdun, le sergent Claude Fournier reposera à la Nécropole de Douaumont parmi d’autres camarades tombés au champ d’honneur. Une cérémonie sera organisée. La famille Allard y a été conviée.
“Peut-être va t-on nous restituer ses objets personnels” espère le petit-fils qui ne se lasse pas de contempler le portrait de ce grand-père héros de Verdun.
Didier CHALUMEAU et Sophie DESMARES
Rappelé comme réserviste en 14
Hervé Cardon, Souvenir Français
Source : L’Essor.org
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