Les effets cachés des vaccins
Une chercheuse danoise remet en question la vision conventionnelle des vaccins. C’est un bon début !

Un article de Christine Stabell Benn, du Bandim Health Project de l’Université du Danemark du Sud, publié récemment dans la revue Vaccine, remet en question la vision conventionnelle des vaccins.
Si les vaccins sont reconnus pour leur capacité à prévenir des maladies spécifiques, Christine Benn met en évidence un phénomène critique mais négligé : les effets non spécifiques (ENS).
Les ENS peuvent soit renforcer, soit affaiblir la santé globale en façonnant la réponse du système immunitaire à d’autres infections.
Le paradoxe du vaccin contre la rougeole
L’un des premiers indices concernant les effets non spécifiques est apparu dans les années 1990 avec le vaccin antirougeoleux à titre élevé (HTMV).
Conçu pour immuniser les nourrissons dès l’âge de trois à quatre mois, le vaccin protégeait contre la rougeole mais avait un autre effet dévastateur : il doublait le taux de mortalité global chez les filles.
Cette découverte alarmante a conduit l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à retirer le vaccin en 1992, révélant que même des vaccins efficaces peuvent avoir des effets néfastes involontaires et spécifiques au sexe.
Le vaccin BCG : une protection au-delà de la tuberculose ?
À l’inverse, le vaccin Bacillus Calmette-Guérin (BCG), principalement utilisé pour prévenir la tuberculose, semble avoir des effets protecteurs au-delà de la tuberculose.
Des études menées en Guinée-Bissau et en Ouganda ont montré que l’administration du BCG à la naissance réduisait la mortalité et la morbidité infantiles de 29 à 38 %, ce qui dépasse largement ce que la prévention de la tuberculose pourrait expliquer à elle seule.
Le vaccin pourrait-il stimuler le système immunitaire de manière à aider à combattre diverses infections ?
Pendant la pandémie de Covid-19, certaines études ont même suggéré que la vaccination par le BCG réduisait le risque d’infection dans les groupes vulnérables et pouvait avoir réduit la mortalité toutes causes confondues dans tous les essais, renforçant ainsi ses larges avantages en matière de protection.
Le côté obscur des vaccins non vivants
Les « vaccins vivants » qui contiennent une forme atténuée de l’agent pathogène vivant, tels que le BCG, le vaccin antipoliomyélitique oral et le vaccin antirougeoleux (à titre standard), ont été associés à une réduction de la mortalité, ce qui suggère qu’ils sauvent beaucoup plus de vies que prévu grâce à une formation immunitaire positive.
Cependant, les « vaccins non vivants » présentent des caractéristiques inquiétantes.
Trois doses de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche à cellules entières (DTC) ont été la pierre angulaire des programmes de vaccination dans les pays à faible revenu.
Les recherches menées par Benn et ses collègues ont révélé que les enfants vaccinés contre la DTC présentaient un taux de mortalité plus élevé que les enfants non vaccinés contre la DTC.
Dans la figure ci-dessous, toutes les études suggèrent uniformément que le fait d’être vacciné contre la DTC est associé à une plus grande mortalité que le fait de ne pas l’être.

Source: doi:10.1016/S1473-3099(19)30742-X
Dans l’ensemble, le vaccin DTC est associé à une augmentation de deux fois la mortalité, et cet effet délétère du DTC était particulièrement prononcé chez les femmes.
Des préoccupations similaires ont été soulevées pour d’autres vaccins non vivants.
Plus précisément, un ratio de mortalité femmes-hommes plus élevé chez les enfants vaccinés a été observé pour cinq autres vaccins : le vaccin pentavalent, le vaccin contre l’hépatite B, le vaccin contre la grippe H1N1, le vaccin RTS,S contre le paludisme et le vaccin antipoliomyélitique inactivé.
Ces résultats suggèrent que le type de vaccin, et pas seulement la maladie qu’il cible, a une incidence sur les résultats globaux en matière de santé.
Pourquoi la politique n’a-t-elle pas rattrapé son retard ?
Malgré des preuves solides, les études observationnelles en vie réelle sont largement ignorées dans la politique en matière de vaccins. L’OMS a reconnu en 2014 que certains vaccins réduisent la mortalité toutes causes confondues, tandis que d’autres peuvent l’augmenter, mais rien n’a changé.
L’un des défis des études observationnelles est le « biais des vaccinés en bonne santé » : les enfants en meilleure santé sont plus susceptibles d’être vaccinés, ce qui fausse les résultats en faveur des avantages de tout vaccin.
Mais Benn soutient que les essais randomisés, où qu’ils soient menés, ont largement confirmé les effets non spécifiques, ce qui rend les risques plus difficiles à écarter.
« Nous devons réécrire notre compréhension des vaccins », écrit Benn. « Il n’est plus tenable de maintenir une perspective étroite sur les vaccins en tant que préparations biologiques qui induisent une protection spécifique contre une maladie spécifique. »
La dernière édition de Plotkin’s Vaccines,
le manuel de référence sur les vaccins, comprend un chapitre entier consacré aux effets non spécifiques et affirme sans équivoque qu’« il est clair que les vaccins ont des effets non spécifiques ».
Pourtant, ces effets sont encore négligés dans la politique vaccinale.
Nous avons besoin de politiques vaccinales plus intelligentes
Benn souligne la nécessité de politiques adaptées plutôt que d’une approche unique :
- La souche BCG est importante : la souche BCG-Russie n’a pas permis de réduire la mortalité en Inde, contrairement à la souche BCG-Danemark.
- L’ordre des vaccins est important : les risques du DTC étaient plus élevés lorsqu’il était administré en dernier ; un vaccin vivant administré par la suite a réduit les effets néfastes.
- Les vaccins contre la Covid-19 n’ont pas été évalués pour la mortalité toutes causes confondues : les essais de phase 3 ont suggéré que les vaccins à vecteur adénoviral pourraient avoir des avantages immunitaires plus larges, tandis que les vaccins à ARNm n’ont montré aucun avantage global en termes de mortalité.
« Les NSE compliquent la vie des décideurs politiques et des régulateurs », reconnaît Benn.
« Cependant, la récompense est la perspective prometteuse de programmes de vaccination plus judicieux, conçus pour protéger contre des maladies spécifiques tout en renforçant le système immunitaire de manière générale, avec des avantages encore plus importants. »
Benn propose plusieurs mesures concrètes, telles que la redéfinition de la vaccination par le BCG, qui passerait d’une intervention spécifique à la tuberculose à un outil de réduction de la mortalité néonatale, ainsi que la garantie que les vaccins vivants et non vivants sont administrés dans l’ordre le plus sûr et le plus efficace.
Enfin, elle soutient que la politique devrait donner la priorité aux études sur la mortalité toutes causes confondues, afin que les futurs essais de vaccins mesurent les impacts globaux sur la santé, et pas seulement la protection spécifique à une maladie.
Un changement dans le débat sur les vaccins ?
Le débat sur les politiques de vaccination est particulièrement d’actualité, avec Robert F. Kennedy, Jr. à la tête du ministère américain de la Santé et des Services sociaux (HHS).
Kennedy critique depuis longtemps le manque de transparence dans les discussions sur la sécurité des vaccins, et son leadership pourrait marquer un tournant vers un examen plus approfondi et une réforme potentielle des politiques de vaccination.
Reste à savoir si cela conduira à des changements politiques significatifs, mais cela ouvre certainement la porte à un discours plus que nécessaire sur la science des vaccins au-delà du mantra rigide de « sûr et efficace ».
Aucun médicament efficace ne peut être totalement sûr ; il y aura toujours des effets néfastes, et il est essentiel de les comprendre.
Lors des audiences de confirmation de Kennedy, nous avons vu un exemple frappant d’« absolutisme vaccinal » : le refus d’envisager toute discussion sur les nuances de la politique vaccinale.
Ironiquement, ceux qui craignent le plus que Kennedy revienne sur les vaccinations sont ceux qui, dans leurs efforts pour étouffer le débat et contrôler le récit, nuisent le plus à la confiance du public dans les vaccins.
Comme le dit toujours l’un de mes collègues : « Si vous n’avez rien à cacher, ne cachez rien ».
Si nous voulons rétablir la confiance dans la vaccination, nous devons dépasser la pensée binaire « pro-vaccin » contre « anti-vaccin » et favoriser plutôt une discussion plus ouverte et fondée sur des preuves concernant leurs avantages et leurs inconvénients.
Reconnaître la complexité des vaccins, à la fois leurs effets escomptés et inattendus, positifs et négatifs, est le seul moyen de garantir que les politiques de santé publique servent véritablement les intérêts de tous.
~ Maryanne Debasi
Source : Être Souverain
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