Les données personnelles de 112.000 policiers ont fuité sur le web
Capture d’écran du site Internet de la Mutuelle générale de la police. Crédits photo : Capture d’écran
Ces éléments, issus de la Mutuelle générale de la police, se sont retrouvés sans protection sur un fichier en ligne. Selon son président Benoît Briatte, il s’agit d’un acte malveillant venant de l’un de ses collaborateurs.
Deux semaines après le double meurtre d’un couple de policiers à Magnanville, l’affaire est embarrassante. Les coordonnées personnelles de 112.000 policiers, adhérents de la Mutuelle générale de la police (MGP), ont été abusivement diffusées sur le web, révèle RTL ce lundi. «La MGP a été victime d’un acte malveillant de manière intentionnelle de la part d’un de ses collaborateurs», nous a confirmé son président Benoît Briatte, qui a déposé plainte jeudi dernier.
Les faits se sont déroulés à l’agence de Limoges en Haute-Vienne, où un employé de la mutuelle a extrait un fichier interne regroupant les données personnelles de dizaines de milliers d’adhérents pour les transférer vers Google Drive, un service de stockage et de partage de fichiers dans le cloud. «Ce fichier se trouvait sur un serveur sécurisé, uniquement accessible aux salariés habilités», reprend Benoît Briatte. «Ce collaborateur a donc agi au mépris de toutes les règles de confidentialité et de déontologie internes à l’entreprise».
Numéros de téléphone, adresses mail, adresses postales… Toutes ces informations se sont retrouvées en ligne, sans protection particulière. En effet, quiconque dispose actuellement du lien URL de ce document en ligne peut consulter la liste des noms. «Mais il faut avoir le lien», insiste le président de la MGP. A-t-il été partagé à des tiers en dehors de l’entreprise? Il est encore trop tôt pour le savoir. «Mais je pense qu’il y a plus de peur que de mal», commente le gérant, qui a pris de nouvelles mesures de sécurité en interne, dès le 6 juin. «On a ajouté un niveau de contrôle supplémentaire lorsque les salariés veulent accéder aux données des clients».
Un salarié «comme les autres»
La Mutuelle des policiers est pourtant habituée aux attaques informatiques. «Comme nos adhérents sont des policiers, c’est très régulier», reprend Benoît Briatte. «Mais quand la menace vient de l’intérieur, c’est plus compliqué». La date exacte du piratage n’est pas encore connue. L’entreprise aurait commencé à avoir des doutes le 2 juin dernier, après avoir remarqué des «échanges bizarres» entre plusieurs salariés et l’employé suspecté. Selon RTL, ce dernier aurait agi par vengeance pour une histoire de prime non versée. Une version que le président de la MGP refuse de confirmer: «il ne nie pas les faits mais n’a pas expliqué sa démarche», précise Benoît Briatte, qui décrit «un salarié comme les autres, présent dans l’entreprise depuis plusieurs années». Dans l’attente, il a été suspendu de ses fonctions et risque le licenciement.
Une enquête judiciaire a été ouverte à Toulouse la semaine dernière et des poursuites civiles ont été engagées. À la demande de la justice, Google devrait effacer ces données sensibles. À l’heure où la protection des forces de l’ordre est une priorité, ce piratage tombe très mal. «C’est très grave, surtout dans le contexte actuel», commente une source policière, qui a souhaité garder l’anonymat. «Ce type de désagrément engendre de l’inquiétude chez les fonctionnaires mais aussi dans leurs familles». D’autant que la MGP est l’une des mutuelles qui comptent le plus d’adhérents parmi les policiers et les agents du ministère de l’Intérieur. «Préviendront-ils les adhérents concernés?»
Cette même source policière s’interroge aussi sur le timing: les deux policiers tués à Magnanville, «Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing étaient adhérents de la MGP. Ils sont décédés le 13 juin, la fuite a eu lieu avant le 6… Pour le moment, on n’établit pas de lien mais on peut s’interroger». «C’est extrêmement préoccupant», renchérit sur RTL Nicolas Comte, secrétaire général adjoint du syndicat Unité SGP Police-FO, qui réclame des institutions qu’elles «renforcent leur sécurité».
Source : Le Figaro
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