Le processus judiciaire toujours en cours quatre ans après le décès de la gendarme Mélanie Lemée tuée par un chauffard
Il y a quatre ans, la gendarme Mélanie Lemée, 25 ans, était mortellement percutée dans le Lot-et-Garonne par un chauffard, quasiment dans les mêmes circonstances que le gendarme Eric Comyn, 54 ans, tué le 26 août 2024 par un automobiliste, près de Mougins, lors d’un refus d’obtempérer. La chambre de l’instruction du tribunal d’Agen, doit justement se prononcer dans un mois sur la qualification pénale qui sera retenue à l’encontre du responsable du décès de Mélanie Lemée.
Le 19 juillet 2023, la cour d’appel d’Agen avait décidé de remettre en liberté, sous contrôle judiciaire strict, le trentenaire soupçonné d’avoir provoqué la mort la gendarme Mélanie Lemée. Celui-ci avait percuté mortellement la jeune militaire, le 4 juillet 2020, à Port-Sainte-Marie (Lot-et-Garonne). Yassine El Azizi a été placé sous bracelet électronique et assigné à résidence chez un proche en région parisienne. Auparavant, il était détenu depuis les faits. Ses avocats ont plaidé la durée déraisonnable de cette détention provisoire (maximum trois ans) devant la cour d’appel d’Agen.
Tous deux récidivistes
Le 4 juillet 2020, un véhicule en fuite percute Mélanie Lemée en bordure du barrage de gendarmerie où elle se trouvait. Le conducteur, qui n’a pas freiné, roulait à plus de 130 km/h lorsqu’il a percuté la jeune femme. Yassine El Azizi, âgé de 26 ans lors des faits, au casier judiciaire chargé (stupéfiants et délits routiers), conduisait alors sans permis et transportait de la drogue.
Un profil proche de celui du Cap-verdien de 39 ans qui a renversé et tué l’adjudant Eric Comyn. De fait, il est également récidiviste de délits routiers et d’ivresse. D’ailleurs, une dizaine d’heures après les faits, il affichait un taux de 1,09 gramme d’alcool par litre de sang.
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La mort de Mélanie Lemée bientôt requalifiée en homicide involontaire ?
Me Philippe Bellandi, avocat de la famille de Mélanie Lémée, a annoncé ce jeudi à L’Essor que la chambre de l’instruction du tribunal d’Agen doit se prononcer, dans un mois, le 25 septembre, sur une demande de l’avocat de la défense de requalifier les faits en « homicide involontaire« . Le juge d’instruction, dans son ordonnance de mise en accusation avait en effet renvoyé l’auteur présumé des faits pour « violences volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner« . Une qualification susceptible de lui valoir la perpétuité.
La chambre de l’instruction aura alors deux possibilités : renvoyer Yassine El Azizi devant le tribunal correctionnel pour « homicide involontaire« , une peine délictuelle mais passible de 20 ans de prison en raison de son état de récidive, ou bien devant la cour d’assises pour « meurtre », passible de 30 ans de prison.
L’avocat de la famille de Mélanie Lemée a déploré la durée de l’instruction. Il a souligné qu’il avait fallu deux ans et demi à des experts pour rendre une expertise, puis une contre-expertise d’accidentologie. Il a ainsi relevé que trois juges d’instruction s’étaient succédés sur cette affaire jusqu’à la fin de l’instruction. « Plus de quatre ans, c’est beaucoup ! », a-t-il dit.
Pierre-Marie GIRAUD
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Source : L’Essor de la Gendarmerie
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