Le commandant de police qui s’était retranché le 4 juillet 2019 à Saint-Christophe-du-Jambet, nécessitant l’intervention du GIGN, a été jugé ce vendredi 8 novembre 2019 au Mans.
Je tiens à m’excuser auprès des ambulanciers. La personne qu’ils ont eue devant eux ce soir-là, ce n’était pas moi. C’est un commandant de police qui s’exprime ainsi alors que la nuit est tombée depuis quelque temps déjà sur le tribunal du Mans. L’affaire a été jugée en dernier ce vendredi 8 novembre 2019.
Un minimum de public pour une affaire classée sensible. Le 4 juillet 2019, un policier du commissariat du Mans s’était retranché dans son domicile à Saint-Christophe-du-Jambet, nécessitant l’intervention du GIGN.
Alcool et médicaments
Tout a commencé dans la nuit du 3 au 4 juillet 2019 quand la femme de cet homme, âgé de 45 ans, appelle le Samu. Son mari veut mettre fin à ses jours : il a bu, alors que ce n’est pas dans ses habitudes, et a pris des médicaments.
Mais le policier refuse d’être pris en charge par les deux ambulanciers qui se présentent à son domicile cette nuit-là. Sans dire un mot, il se dirige vers l’armoire forte où il range ses armes. Il va chercher une arme , a le temps de crier son épouse.
Les deux ambulanciers prennent la poudre d’escampette. Dans un premier temps, ils vont se cacher derrière l’ambulance. À l’intérieur de la maison, le policier a éteint la lumière… Un premier coup de feu retentit. Les ambulanciers courent à perdre haleine, l’un tombe dans le fossé. Puis un second coup de feu survient.
Les deux hommes, âgés d’une trentaine d’années, vont alors se coucher dans l’herbe humide, derrière une cabane, où ils vont attendre pendant une heure et demie, le temps que les forces de l’ordre arrivent.
« Ils se sont vus mourir »
Pendant tout ce temps, « ils ont peur pour leur vie, ils se sont vus mourir , explique Me Aoutef Braber, alors qu’ils avaient senti au cours de leur fuite le sifflement d’une balle et un faisceau lumineux les poursuivant dans le dos. Ils sont passés à deux doigts de la mort … mais ce vendredi 8 novembre 2019, devant le tribunal du Mans, ils n’expriment aucune haine.
Ils ont fait leur métier tout simplement… et souhaitent désormais que la profession exerce dans de meilleures conditions de sécurité. Un « plus jamais ça » louable et parfaitement digne.
Burn-out et séparation
Mais, comment en est-on arrivé là ? Comment un officier décrit comme exemplaire par le numéro 1 de la police en Sarthe en est-il arrivé à tirer sur des ambulanciers ?
L’homme était en dépression depuis plusieurs mois. En novembre 2018, un diagnostic de burn-out a été posé , rappelle la présidente du tribunal. Il a été arrêté jusqu’en février 2019, avant de reprendre en mars, toujours de nuit. La nuit m’a toujours passionnée , explique-t-il. La nuit et le terrain, l’action aussi. Début 2019, il s’inscrit dans un club de tir, achète deux armes.
En avril 2019, sa femme annonce qu’elle demande le divorce. Ce père de deux enfants rechute. Deux jours avant les faits, ils s’étaient rendus chez le notaire pour le partage des biens. Monsieur broie du noir, il dort mal… et craque. Je ne pensais pas que ça pouvait m’arriver , lâche-t-il. « Beaucoup de collègues traversent des difficultés, certains s’identifient à moi…
Huit mois de prison avec sursis
« Tout le monde a des soucis… mais, arrivé à de tels faits, c’est grave , lâche la procureure. Elle réclame 24 mois de prison, dont 20 mois avec sursis.
Après en avoir délibéré, le tribunal du Mans a condamné le policier à 8 mois de prison avec sursis et interdiction de porter une arme pendant un an. La condamnation est dispensée du casier judiciaire.
Source : Ouest-France
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