Le logiciel libre à la Gendarmerie française : (1) Alibi pour une indépendance technologique

La Gendarmerie nationale française a migré plus de 80 000 ordinateurs au libre. Un directeur technologique explique les motivations et l’évolution du projet.Logo de la Gendarmerie nationale française

La Gendarmerie nationale, qui est responsable de la sécurité dans les zones rurales et les banlieues dans la France et ses territoires – l’équivalent en quelque sorte de la Sureté du Québec – a réalisé au cours des années 2000 un projet de grande envergure : la migration de dizaines de milliers de postes de travail au moyen de logiciels libres.

Le colonel Xavier Guimard, sous-directeur de l’anticipation et de la coordination au Service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure à la Gendarmerie nationale, a travaillé activement à ce projet de conversion des postes de travail. Joint à Issy-les-Moulineaux, au sud-ouest de Paris, il explique que cette migration vers le logiciel libre a été réalisée en partie lors du remplacement de systèmes d’exploitation de postes de travail qui avaient atteint la fin de cycle. Il précise que c’est surtout pour obtenir une forme d’indépendance que la force publique française a opté à l’approche du libre.

« Fondamentalement, l’enjeu n’était pas le virage vers le logiciel libre, mais la maîtrise des coûts et de la technologie, souligne le colonel Guimard. On a décidé, par exemple, que le système qui permet de rédiger un procès-verbal ne serait pas dépendant d’une plateforme ou d’un navigateur en particulier, etc. Et là où on était dépendant d’un logiciel, par exemple pour rédiger des documents, on a cherché un logiciel multiplateforme afin “d’avoir toujours le choix”. »

Dans le calme et la durée

Le colonel Guimard indique que le projet de migration de la Gendarmerie nationale française a débuté par une réflexion en 2002 et 2003, où il a été défini que les « briques » logicielles d’un poste de travail seraient indépendantes les unes des autres.

Le colonel Xavier Guimard.

Le colonel Xavier Guimard.

Lors d’une première phase, de 2004 à 2006, la suite de bureautique Office a été remplacée par la suite LibreOffice. Ensuite, les acteurs du projet ont vérifié que les applications web étaient indépendantes du fureteur web utilisé, puis ont implanté Firefox sur les postes de travail. La messagerie a été rendue indépendante des serveurs par l’adoption du protocole IMAP et l’installation du client Thunderbird.

En 2007, lors d’un questionnement à propos de la migration des postes de travail dotés système d’exploitation Windows XP, les responsables du projet ont étudié les options possibles, soit de migrer vers Windows Vista ou d’opter pour un SE libre.

« On a estimé qu’on pouvait avoir le choix de prendre autre chose, parce qu’on était devenu indépendant, explique M. Guimard. Pour des raisons purement économiques, et parce que Vista aurait causé des incidences sur nos systèmes d’information, nous avons opté pour Linux Ubuntu, tout simplement. »

Le colonel Guimard indique que la migration des postes de travail s’est effectuée dans le calme et la durée, et non « dans un seul bloc » comme ce fut le cas dans d’autres institutions en Europe.

« Certaines, comme la mairie de Munich, sont sur une surface géographique “ramassée”, alors que la Gendarmerie française est présente sur tous les continents – en Polynésie, à la Réunion, en Guyane française, etc. Nous sommes sur 4 300 sites géographiques et avons 100 000 personnes et environ 80 000 ordinateurs… C’est un gros paquebot », souligne-t-il.

Dans la deuxième partie de l’article, le colonel Guimard explique qu’une communauté en interne a joué un rôle important dans l’adhésion des utilisateurs à l’emploi d’une nouvelle version d’un logiciel de rédaction de procédures.

Source : Direction Informatique

 

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