Le général de Villiers publie un livre sur sa démission – Mis à jour le 15 Novembre (Vidéo RTL)
Source : Ouest-France
Servir
« Le lundi 17 juillet 2017, dans la solitude de mon bureau, après mûre réflexion, je viens de prendre la décision de quitter ma fonction de chef d’État-major des armées. Cette démission, que rien n’annonçait quinze jours plus tôt, était devenue pour moi un devoir. J’ai désormais une responsabilité, celle de dire la vérité sur les menaces auxquelles nous devons faire face et sur les défis de nos armées. Ainsi, les Français pourront mieux comprendre. Ce livre est un appel. Oui, nous pouvons être fiers de notre beau pays et de son armée. Oui, cette nation est fidèle à son histoire quand elle est rassemblée. Je veux parler de nos forces, de nos fragilités, de notre courage, de notre honneur. Je veux servir. »
Pierre de Villiers a été chef d’État-major des armées de 2014 à 2017, concluant quarante-trois ans d’une grande carrière militaire, au service du succès des armes de la France.
DÉPÊCHE AFP
L’ancien chef d’état-major des armées Pierre de Villiers, qui a démissionné avec fracas le 19 juillet après avoir été recadré par Emmanuel Macron, défend et explique sa décision dans un livre intitulé Servir (Fayard), publié mercredi.
Le général de Villiers revient sur sa démission dans un livre
L’ancien chef d’Etat-major des Armées explique que le «lien de confiance» avec Emmanuel Macron était «trop dégradé» pour qu’il puisse rester à son poste.
«Aucun chef d’Etat-major des armées n’a jamais démissionné sous la Ve République. Et pourtant, je vais présenter ma démission.» Pierre de Villiers, qui a quitté son poste avec fracas cet été, explique sa décision dans un livre intitulé «Servir», publié mercredi.
Il raconte en particulier cette journée du 19 juillet dernier, les minutes qui précèdent la présentation de sa démission à Emmanuel Macron, extrait que publie Le Monde ce mardi : «Cinq jours plus tôt, j’accompagnais le président Emmanuel Macron, nouvellement élu, qui ouvrait le défilé du 14-Juillet sur les Champs-Elysées, en présence du chef de l’Etat américain, Donald Trump. Pour ce rendez-vous au palais de l’Elysée, je n’ai pas pris de dossiers. Rien qu’une feuille de papier.»
La démission de Pierre de Villiers avait pour origine des économies de 850 millions d’euros réclamés cette année aux armées, dans un contexte de restrictions budgétaires générales, que le gradé n’a pas accepté. «La vraie loyauté consiste à dire la vérité à son chef», écrit le général de Villiers. «La vraie liberté est d’être capable de le faire, quels que soient les risques et les conséquences», affirme-t-il dans son livre de 254 pages, écrit dans le secret et édité chez Fayard. Pour autant, le général ne dévoile pas la teneur de son dernier entretien avec le président Macron. «Vous me permettez de garder pour moi» cet échange.
«Critiqué publiquement et explicitement»
Assurant qu’avant la crise qui l’a conduit à quitter son poste, ses relations avec le président ont d’abord «été empreintes de franchise, de confiance et de cordialité», il estime toutefois qu’après avoir été «critiqué publiquement et explicitement» par le chef de l’État lors d’un discours le 13 juillet, «le lien de confiance entre le chef des armées et son chef d’Etat-major était trop dégradé pour que je puisse continuer à mon poste».
Devant les militaires, Emmanuel Macron avait frappé du poing sur la table : «Il ne m’a pas échappé que ces derniers jours ont été marqués par de nombreux débats sur le budget de la Défense. Je considère, pour ma part, qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique. J’ai pris des engagements. Je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir. Et je n’ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire.»
Connu pour son franc-parler, Pierre de Villiers avait auparavant déclaré, lors d’une audition à huis clos à l’Assemblée nationale sur ces questions budgétaires qu’il «n’allait pas se laisser baiser» et que le situation «n’était pas tenable».
«On a déjà donné»
Détaillant dans son livre les restructurations imposées aux armées au cours des dernières années, le général écrit : «On a déjà donné. On a déjà tout donné».
«Le ministère de la Défense a été le plus important contributeur de la révision générale des politiques publiques (RGPP) instaurée en 2007 […] En poste à Matignon entre 2008 et 2010, j’ai pu le vérifier, chiffres à l’appui […] Lorsque les engagements opérationnels sont en hausse et le budget en baisse, j’appelle cela un grand écart», estime-t-il.
Concluant son livre sur la haie d’honneur et les applaudissements que les personnels du ministère de la Défense lui ont réservé le jour de son départ, Pierre de Villiers «lit dans les regards la déception, la colère parfois, l’incompréhension, mais aussi la fierté retrouvée d’un chef qui est allé au bout de ses convictions». Le général de Villiers a été remplacé par le général François Lecointre au poste de chef d’Etat-major des armées. Un choix qu’il commente dans son livre : «Excellent.»
Source : Le Parisien
Le général de Villiers règle ses comptes avec Macron en direct
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