Le DRH de la police du 93 accusé de harcèlement
Le parquet de Bobigny a saisi l’Inspection générale de la police nationale pour faire toute la lumière sur cette affaire, en cours depuis septembre.
Que se passe-t-il à la direction territoriale de la sécurité publique du 93 ? Émanation locale de la préfecture de police, son patron dirige l’ensemble des effectifs de police du département. Mais c’est son directeur des ressources humaines qui est aujourd’hui sur la sellette. Mis en cause par plusieurs fonctionnaires, des agents administratifs sous son autorité comme des policières de terrain, depuis le mois de septembre, l’attaché principal d’administration, cadre A de la fonction publique, fait désormais l’objet d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Bobigny.
Il est accusé par au moins trois femmes de les avoir harcelées moralement et même sexuellement. À ce stade, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), « la police des polices », n’est toutefois saisie par la justice « que » pour les faits de harcèlement moral.
Du harcèlement à l’atteinte sexuelle
Les témoignages des plaignantes auprès des services de police montrent une limite assez ténue entre harcèlement moral et/ou sexuel. L’une d’elles, placée sous l’autorité hiérarchique de l’intéressé, affirme par exemple avoir subi ses tentatives de séduction dès 2016 – le mis en cause a pris ses fonctions en septembre de la même année. À l’appui de sa déposition, elle a pu joindre sa correspondance téléphonique avec le mis en cause sous forme de textos. Relatant une période d’arrêt de travail dû à un accident de la route, son chef lui aurait proposé, après diverses allusions sexuelles, de faire ses courses et de la conduire à ses différents rendez-vous. Il aurait également proposé à sa subordonnée de l’inviter à dîner pour évoquer une mutation à laquelle elle tenait particulièrement. Depuis, elle affirme que le responsable « RH » est un « individu dangereux ».
Une autre assure qu’il a profité de sa faiblesse pour la convaincre d’avoir des relations sexuelles sur son lieu de travail. Ce dernier témoignage pourrait faire basculer la qualification pénale. « Pourquoi n’a-t-elle pas déposé une plainte pour viol ou agression sexuelle ? » s’interrogent les défenseurs du DRH. Des soutiens qui se recrutent au sein des mêmes sphères syndicales, à l’exception notable d’Alliance qui a dénoncé à plusieurs reprises, par voie de tract, l’« incompétence » supposée du responsable des ressources humaines.
Selon nos informations, sa tutelle, la DSPAP, lui aurait demandé de quitter ses fonctions et de choisir une autre affectation. « Mon client proteste de son innocence, précise au Point Manuel Abitbol, avocat du DRH. Nous sommes en train de réunir toutes les preuves permettant de le mettre hors de cause. Preuves que nous produirons bien évidemment à la justice dans les meilleurs délais. »
Source : Le Point
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