Le député LREM Pierre Cabaré accusé d’agression sexuelle par sa suppléante
Pierre Cabaré est l’un des quatre vice-présidents de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes.
Pierre Cabaré , député LaREM à Toulouse, le 22 juin 2017. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)
Le député LREM de la 1ère circonscription de la Haute-Garonne, Pierre Cabaré, fait l’objet d’une enquête du service régional de police judiciaire (SRPJ) de Toulouse après qu’une ancienne assistante parlementaire, qui est également sa suppléante, l’a accusé d’agression sexuelle. Dans le même temps, un autre de ses salariés affirme avoir été licencié pour avoir dénoncé ses agissements, révèle France 3.
Selon les informations de France 3, le service régional de police judiciaire a été saisi « en toute discrétion, il y a quelques semaines, par le parquet de Toulouse, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour harcèlement sexuel et moral. La plaignante a aussi porté plainte pour agression sexuelle. »
Prothésiste dentaire de profession, Pierre Cabaré avait été investi par La République en Marche ! sur la première circonscription de la Haute-Garonne lors des élections législatives de juin 2017.
Licenciée
« Cette enquête fait suite au signalement de l’inspection du travail auprès du procureur ainsi qu’à la plainte déposée par celle qui était alors encore l’assistante parlementaire du député mais qui est aussi (et toujours)… sa suppléante au poste de député de la Haute-Garonne ! », précise le site internet de France 3.
Dans sa plainte, Lucie Schmitz affirme avoir subi les assauts de son patron à plusieurs reprises. Elle a déjà déposé plainte une première fois, pendant plusieurs heures, devant les enquêteurs. Malgré son statut de suppléante du député, elle a été licenciée par Pierre Cabaré. Elle devrait, dans les semaines qui viennent, entamer également une procédure prud’homale, précise France 3.
Contacté par la chaîne, Pierre Cabaré assure que sa suppléante, qui travaillait à temps partiel à son service, a été licenciée car elle ne répondait pas « aux règles professionnelles et aux injonctions de l’Assemblée nationale concernant les collaborateurs parlementaires ». Selon lui, c’est par « ressentiment » qu’elle a porté plainte. Il explique :
« Vous savez, ça ne veut pas dire grand-chose qu’elle soit suppléante. Elle ne peut me remplacer que si je suis ministre ou si je meurs dans la dernière année de mon mandat ! Et je n’ai pas pour projet de devenir ministre. »
Le député indique également à France 3, « ne pas avoir eu connaissance du contenu de la plainte déposée par son ancienne collaboratrice à son encontre » :
« Je saurai réagir quand j’aurai connaissance de la plainte et je me réserve le droit de porter plainte moi-même contre toute personne qui porte atteinte à mon intégrité. »
« Certains ne faisaient pas l’affaire »
La suppléante n’est pas la seule à avoir été licenciée dans cette affaire. Un autre collaborateur du député a été écarté début 2019. Selon France 3, le jeune homme s’est vu reprocher son « comportement inapproprié » par Pierre Cabaré qui l’a renvoyé pour faute grave. « Il a entamé depuis une procédure devant le tribunal des Prud’hommes pour licenciement sans motif réel et sérieux », précise le site de la chaîne.
En réalité, toujours selon les informations de France 3 :
« Cet assistant parlementaire aurait été le témoin visuel des agissements du député envers sa collègue. En décembre 2018, il serait personnellement intervenu pour demander à son employeur de cesser d’importuner sa collègue. »
Le collaborateur aurait ensuite reçu « une proposition de rupture conventionnelle de son contrat de travail, qu’il a refusée, suivie d’une mise à pied à titre conservatoire et d’une convocation à un entretien préalable pour un licenciement. Le licenciement a été effectif le 6 février 2019. »
L’ex-collaborateur a obtenu le 17 mai dernier une première condamnation de Pierre Cabaré par le Conseil des Prud’hommes de Paris, saisi en référé, pour absence de fourniture d’un certificat de travail. Condamné aux dépens, le député a dû payer les frais de justice. De son côté, le collaborateur a quitté la politique, précise France 3.
Au total, six collaborateurs auraient quitté l’équipe de Pierre Cabaré sur la même période.
« Outre les deux licenciements, depuis le début du mandat du député LREM de la Haute-Garonne, quatre autres collaborateurs à son service ont quitté leurs fonctions : certains au bout de quelques semaines, en pleine période d’essai, les autres en négociant une rupture conventionnelle ces dernières semaines. »
« Certains ne faisaient pas l’affaire et d’autres ont souhaité partir. Aujourd’hui j’ai une équipe de collaborateurs qui vont dans mon sens et travaillent vers plus de proximité », se défend de son côté le député.
Droits des femmes et égalité des chances
Membre de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée, Pierre Cabaré est aussi l’un des quatre vice-présidents de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, précise France 3.
C’est dans ce cadre qu’il s’était exprimé dans l’hémicycle, le 15 mai 2018, lors du débat sur la loi sur les violences sexuelles, au cours duquel il s’était notamment félicité du renforcement des sanctions contre les auteurs de violences sexuelles envers les mineurs, toujours selon France 3.
Selon la chaîne, le député devrait bientôt être convoqué pour être entendu par le service régional de police judiciaire. Il reste pour l’instant présumé innocent. Ce n’est qu’à l’issue de l’enquête préliminaire que le parquet décidera s’il y a matière ou non à ouvrir une information judiciaire et à nommer un juge d’instruction ou au contraire à classer la plainte sans suite.
« Indignes de notre institution »
Réagissant à cette affaire, l’intersyndicale des collaborateurs parlementaires à l’Assemblée a demandé une « réunion d’urgence » pour des « mesures concrètes » contre le harcèlement moral et sexuel.
L’intersyndicale CFE-CGC, CFTC, CGT, CFDT, SNCP-FO, Solidaires, Unsa, qui a déjà alerté sur la problématique du harcèlement, a réclamé mercredi une réunion d’urgence au président de l’Assemblée Richard Ferrand (LREM) ainsi qu’aux huit présidents des groupes politiques.
« Il est en effet nécessaire de tout mettre en œuvre auprès des députés et des collaborateurs, non seulement au Palais Bourbon mais aussi en circonscription, pour s’assurer de la réelle prise en compte des cas de harcèlement moral ou sexuel en matière de prévention et de sanctions. »
« Lorsque ces agissements sont avérés, ils sont en effet indignes de notre institution », juge l’intersyndicale.
Au printemps dernier, l’Assemblée nationale a donné son feu vert à la création d’un dispositif de prévention et d’accompagnement dans la lutte contre le harcèlement… qui doit encore être mis en œuvre.
Source : L’Obs
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