Le cadeau de Noël de Valls à la Gendarmerie : La direction du renseignement.
Lu sur LagrogneGend
L’arrêté du 6 décembre 2013 signé de Manuel Valls, ministre de l’intérieur crée une sous-direction de l’anticipation opérationnelle au sein de la Gendarmerie.
( suivre ce lien – et ce commentaire de M Merchet )
En clair, la mission de renseignement qui était un des fondements de l’existence même de la gendarmerie sort de la clandestinité dans laquelle l’avait plongé Nicolas Sarkozy pour retrouver sa place naturelle dans l’organisation des services de renseignements de la République.
Les plus anciens se souviennent du décret du 20 mai 1903 qui organisait la gendarmerie et lui a servi de fondement tout au long du 20ème siècle. La Gendarmerie était tenue à l’écart du pouvoir administratif qui devait le requérir pour obtenir l’exécution des missions qui ne constituait pas son ordinaire. La mission de renseignement était citée au même rang que la mission de répression juste après le devoir d’aide et de secours aux populations.
Ce décret, ses principes surtout gênaient les policiers de Sarkozy, ceux qui font l’actualité aujourd’hui pour des histoires de détournement de prime, qui estimaient que rien ne de ce qui est répression ne devait échapper à leurs griffes.
L’information c’est le pouvoir. Ce principe n’avait pas échappé à la horde des conseillers sécurité élyséens. Ils se sont dépêchés d’enlever toute autonomie à la gendarmerie en la matière en réduisant l’institution la plus ancienne de la république à un rôle de complément à la Police Nationale.
Et encore fallait s’estimer heureux, ils n’ont pas obtenu la dilution de la gendarmerie dans la police, même s’ils ont réussi à réduire son autonomie en avalant la plus grande partie de sa logistique. Ces apprentis sorciers mesureront le préjudicie qu’ils ont causé à la République si le pays se soulève. Aujourd’hui ce n’est plus une hypothèse d’école, mais une possibilité.
Le renseignement dans la République était en quelque sorte privatisé au service des hommes du président, et uniquement pour et par eux. Facile de lui faire dire ce qu’on veut dans ces conditions et probablement facile de conduire en sous main la conduite de l’Etat. Facile également de manipuler l’opinion publique et la presse lorsque l’information est contrôlée aussi prés.
Par le décret cité plus haut, le ministre de l’Intérieur autorise la gendarmerie à se réorganiser pour faire vivre le renseignement qu’elle recueille au quotidien à l’occasion de ses missions. Plus encore, elle va pouvoir organiser officiellement la recherche, la lecture et l’interprétation des informations.
Là où Valls voit plus clair que ses prédécesseurs c’est qu’il ne veut plus dépendre d’un seul service pour connaître la situation du pays. Il ne veut plus être une possible marionnette dans les mains d’une ligne hiérarchique qui a démontré une ambition ravageuse.
La direction de la gendarmerie se retrouve devant un nouveau à relever. Après avoir réclamé et obtenu cette direction de l’anticipation ( car quel est le seul but du renseignement si ce n’est l’anticipation ) elle va devoir démontrer son aptitude à bien servir l’Etat.
Cela ne sera pas si facile. Le temps est passé, le massacre verbalisateur des populations saines sans que l’on puisse trier le grain de l’ivraie a fait des dégâts considérables dans la relation qu’entretenait traditionnellement les gendarmes avec leurs concitoyens.
Il faut sans délai retrouver un peu de mesure dans la répression aveugle, punir sévèrement les délinquants et mesurer le poids du glaive de la justice qui aujourd’hui frappe les bonnes gens et épargne les voyous. Il faut se rapprocher des gens, sans cela point d’informations.
Mais les dégâts occasionnés à la relation avec les populations sont-ils les seuls ? Je ne le pense pas. La démarche vers la population est une action positive volontaire professionnelle de la part des militaires de la Gendarmerie et j’ai bien peur que la valse de l’encadrement provoquée par la frénésie des promotions ces dernières années n’ait provoqué des dégâts quasi irréversibles. Il y a des choses que l’on apprend dans les livres et des comportements qui ne s’inventent pas. Ils sont le fruit d’un apprentissage, comme un héritage que le jeune recevait de son ancien. Où sont les anciens, où sont les chefs ? Vous avez même oublié vos anciens, vos retraités. Combien d’entre eux n’ont pas vu un seul gendarme depuis qu’ils ont posé le képi ?
On ne peut évoquer le retour au renseignement sans évoquer la nouvelle organisation de la gendarmerie qui s’est recroquevillée dans des centres. Les campagnes sont abandonnées et probablement d’ailleurs que la hausse du nombre des cambriolages n’est pas étrangère à ce repli. Ne comptez pas sur Facebook, sur Twitter ou sur le gendarme de la troisième génération pour recueillir le bon renseignement. Ils ont leur part, mais une part seulement. Comptez sur l’homme et son implantation personnelle, sur celle de sa famille pour que les gens aient confiance. Tout le reste n’est que littérature propre à satisfaire des « geeks » qui ne mettent jamais le nez dehors.
Bonne chance Denis Favier, la tâche est immense mais elle en vaut la peine. Le renseignement n’est pas une mission comme les autres, elle est fondamentale pour le devenir de l’institution, pour ajuster son action, pour la perception que peuvent en avoir les autorités.
Joyeux Noël à tout monde.
jmestries
Source : LagrogneGend
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