LE 7H50 du colonel Haas, patron des gendarmes du Gard : « La répression n’est pas une fin en soi »
Le colonel Haas patron des gendarmes du Gard Photo AS/Objectif Gard
Commandant du groupement de la gendarmerie départementale du Gard, le colonel Haas impose sa patte depuis plusieurs mois. Il nous présente la formation unique en France concernant les violences intra-familiales qui sera dispensée à partir de ce matin aux archives départementales auprès d’une centaine de gendarmes. Il est l’invité du 7h50.
Objectif Gard : En quoi consiste cette formation ?
Colonel Haas : Il s’agit d’une innovation au niveau national. Toute la journée sera dispensée une formation spécifique à l’ensemble des commandants d’unité qui porte sur les violences intra-familiales. Ce sont 74 gendarmes du groupement du Gard qui vont y participer. L’objectif est d’améliorer la prise en charge et l’accueil des victimes de ces violences. Je souhaite que l’ensemble du personnel des unités soit formé et pas uniquement la population féminine du groupement… N’oubliez pas que les deux tiers du Gard sont en zone gendarmerie. Je mesure la responsabilité qui est la mienne.
Que représente les violences intra-familiales sur le département du Gard ?
Nous avions donné quelques chiffres dans le cadre du Grenelle des violences faites aux femmes de l’automne dernier. Les gendarmes s’interposent dans le cadre de ces violences 900 fois par an environ. Nous sommes même plus proche des 1 000 interventions en 2019. Le département est donc très sollicité de ce point de vue là et à la fois, c’est un honneur pour nous que ces violences n’ont pas tué depuis trois ans. Cela étant dit, nous avons des outils aujourd’hui qui nous permettent de mesurer à la fois la dangerosité des auteurs mais aussi la vulnérabilité des victimes. Nous avons aussi des partenaires précieux et des dispositifs en place, mais cela n’empêche pas de s’interroger sur la manière dont on procède.
L’un des dispositifs innovants aujourd’hui que l’on doit aux gendarmes du Gard, c’est la mallette pédagogique à destination des publics jeunes…
Effectivement, en octobre 2018, avec Laurent Noé (le directeur académique des services l’Éducation nationale du Gard, NDLR), nous avons misé sur cette mallette pédagogique afin de répondre aux interrogations autour de la laïcité, les violences à l’école, le harcèlement et l’égalité fille-garçon. Labellisée par l’Éducation nationale, c’est une soixantaine de personnes formées qui intervient au sein des établissements de l’académie. En quelques mois, plus de 3 000 enfants ont été sensibilisés autour de ces enjeux.
Votre vocation est donc de passer du tout répressif à la prévention ?
C’est une stratégie de rupture certainement par rapport à ce que l’on faisait habituellement. On ne mesurera pas tout de suite les résultats mais c’est un apprentissage sur la durée. Je parlerais plutôt d’un investissement sur le long terme, qualitatif. Je voudrais d’ailleurs rendre hommage à nos équipes de l’unité juvénile situées à Caissargues. Nous avons là cinq experts qui font un travail remarquable. Vous savez, les gendarmes doivent, un peu comme la police de sécurité du quotidien, être au contact de la population et viser une approche de prévention. On ne peut pas toujours être dans une ambition du résultat immédiat. Surtout quand on s’attaque à la prévention auprès des habitants. Je pourrais vous parler aussi de la sécurité routière où, avec le préfet du Gard et le président du Département Denis Bouad, nous travaillons de concert pour anticiper les risques. Nous misons ensemble sur l’aménagement futur du réseau routier. On installe ici et là des ronds-points pour casser les habitudes d’excès de vitesse. Idem dans les traversées d’agglomération… La répression n’est pas une fin en soi, cela doit être l’ultime décision.
Les contrôles se multiplient toutefois sur le terrain…
Bien sûr. En 2019, nous avons réalisé 90 000 contrôles d’alcoolémie et retiré 2 300 permis. On ne transige pas face aux conducteurs qui mettent en danger leur vie et celle des autres. Mais notre volonté est aussi d’anticiper et d’accompagner vers de meilleures pratiques. Le préfet du Gard est très investi sur ces questions. Autour des Ferias de Nîmes, des fêtes votives l’été, etc.
Un dernier mot sur la gendarmerie dans le Gard. Est-ce que, comme les policiers, vous déplorez un manque de moyens ?
On a je dirais un déficit d’attractivité liée à la vétusté de certaines casernes. J’ai dû procéder à des fermetures. Deux depuis que je suis en poste. Il y a il est vrai une évolution naturelle des besoins en fonction des bassins de population et de délinquance. Mais les problèmes de vétusté et d’insalubrité sont préjudiciables. C’est donc une démarche longue et difficile de reconstruction de casernes qui s’opère. On mobilise les élus pour être moteur dans les financements. Nous avons lancés 11 projets sur les 47 casernes que compte le Gard.
Propos recueillis par Abdel Samari
Source : Objectif Gard
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