La version de la police remise en cause dans l’affaire Zineb Redouane
Sami, le fils de Zineb Redouane, témoigne pour Le Média (Capture d’écran)
Que s’est-il passé le 1er décembre 2018 pour que Zineb Redouane, une octogénaire qui se penchait à la fenêtre de chez elle pour fermer les volets au passage de la manifestation des Gilets jaunes, reçoive une grenade lacrymogène en plein visage et décède deux jours après ? Sept mois après les faits, le mystère demeure, alors que le policier auteur du tir n’a toujours pas été identifié. Et les obstacles s’accumulent, empêchant de faire toute la lumière sur ce drame.
“Soustraction et altération de preuves”
Le 3 juillet, Le Canard enchaîné a révélé que l’avocat de la famille de la victime, Yassine Bouzrou, avait porté plainte pour « soustraction et altération de preuves » à la suite du refus des forces de l’ordre de faire expertiser leurs lanceurs de grenades, pour qu’on puisse identifier le tireur. Le capitaine de la compagnie de CRS aurait en effet répondu ainsi à la demande de l’IGPN (police des polices) : « Pour ne pas obérer la capacité opérationnelle de l’unité lors de cette période de mouvement revendicatif intense, je ne peux me démunir des cinq armes Cougar aux fins d’analyse. » L’IGPN, qui a auditionné les cinq CRS présents sur les lieux ainsi que leur capitaine fin janvier, n’a pas protesté.
Comme relaté par Mediapart, les CRS auditionnés ont déclaré ne pas se souvenir de l’auteur du tir.
Caméra inopérante
Une deuxième plainte a été déposée par Yassine Bouzrou le 5 juin, selon Le Parisien, pour « faux en écriture publique aggravé ». En cause, le fait que la seule caméra en mesure d’avoir filmé la scène ait été déclarée inopérante ce jour-là… « Il est particulièrement surprenant que ce soit justement cette caméra qui ait été déclarée inopérante », peut-on lire dans la plainte. Pour le conseil de la famille, « la thèse malheureuse du défaut de fonctionnement de la caméra la plus proche des lieux des faits n’est pas crédible, et ce notamment au regard des manœuvres employées ».
Par ailleurs, l’enquête a été dépaysée en juin, là encore sous la pression de l’avocat de la victime, en raison de la présence d’un vice-procureur aux côtés des policiers sur le terrain ce jour-là. Une photo du magistrat, vêtu d’un casque, grosses lunettes de protection et d’un brassard du parquet, a été publiée par La Marseillaise. Il n’avait pas signalé sa présence avant le dépaysement.
Les photos qui accusent
Le 7 juillet, la web-télé Le Média a diffusé le témoignage du fils de Zineb Redouane, Sami. Celui-ci présente des photos de sa mère blessée à l’hôpital, qui « remettent catégoriquement en cause la version de la police, de l’IGPN et du parquet, qui avaient assuré que le tir des CRS était en cloche, donc non tendu, et non dirigé vers la vieille dame », assure le média.
Le corps de l’octogénaire a été rapatrié en Algérie après sa mort. Les médecins légistes du centre hospitalo-universitaire d’Alger ont conclu, après autopsie, à un décès des suites d’un tir en plein visage, alors que la médecine légale de Marseille a déterminé un arrêt cardiaque.
Sami Redouane demande à la justice française de « faire vite et de clore ce dossier rapidement ».
Source : Les Inrocks
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