La situation budgétaire de la gendarmerie est meilleure que l’an passé

Fin 2013, la Gendarmerie nationale était dans le rouge au niveau financier. Avec pour conséquences la limitation des déplacements motorisés, des commandes de nouveaux véhicules réduites à zéro, des difficultés pour payer les factures d’énergie, etc… Aussi, son directeur, le général Denis Favier, avait tiré la sonnette d’alarme lors des auditions parlementaires menées dans le cadre des débats portant sur le projet de loi de finances 2014.

Le budget de la gendarmerie s’élève à un peu plus de 8 milliards d’euros (programme 152). Il est tout juste suffisant pour permettre aux gendarmes d’assurer leurs missions dans de bonnes conditions. Aussi, quand une partie de ses crédits est gelée (124 millions en moyenne) au titre du principe de mise en réserve (une somme qui sera utilisée ou non pour financer d’autres dépenses en fin d’exercice), l’on comprend que ça coince…

Mais cette année, la gendarmerie n’a pas à faire face aux mêmes problèmes que l’an passé. Car, comme l’a expliqué le général Favier, « une levée partielle de la réserve est intervenue » quelques jours avant son audition devant les députés de la commission « Défense ».

Et cela a donc permis de passer une « commande de 1.400 véhicules » et « de couvrir les frais de fonctionnement de la gendarmerie mobile dans des conditions d’emploi satisfaisantes jusqu’à la fin de l’année ». En outre, des travaux immobiliers seront engagés à hauteur de 5 millions d’euros et les systèmes d’information de la gendarmerie seront « partiellement » rénovés, ce qui n’avait pas pu être possible en 2013.

D’ailleurs, à ce sujet, le général Favier a fait part de son intention d’équiper chaque gendarme d’une tablette numérique afin de leur permettre de « gagner en mobilité » tout en restant connecté via la 3G et la 4G ainsi que via les relais Rubis dans les zones blanches. « Nous revisiterons ainsi nos modes d’action et créerons une sécurité de proximité plus affirmée et plus solide », a-t-il expliqué.

Cependant, même si la situation financière est meilleure par rapport aux années précédentes avec cette levée partielle de la réserve budgétaire, ce n’est pas non plus Byzance.

« Pour 2015, le budget est calibré au plus juste, comme il l’était pour 2014. Il permettra de répondre à nos stricts besoins en termes d’équipement sans possibilité de rattraper le vieillissement induit par plusieurs années de contraintes budgétaires, mais il ne sera pertinent que si la mise en réserve est levée », a fait valoir le général Favier.

Ainsi, le projet de loi de finances 2015 permettra à la gendarmerie de recruter 162 militaires… « Mais le trou à l’emploi persistera avec un écart qui se monte désormais à 1.900 postes. Ce différentiel engendre des absences dans les brigades territoriales », a avancé le DGGN. Pour rappel, entre 2007 et 2012, dans la cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), la Gendarmerie a perdu 6.700 postes…

« Nous avons réussi à maintenir l’engagement de la réserve opérationnelle à 40 millions et le fonctionnement de la gendarmerie mobile à 42 millions, ce qui nous permettra de nous impliquer dans les départements les plus sollicités. L’enveloppe des OPEX s’établit à 11 millions. Notre présence en Centrafrique et en Irak est appréciée, et appelée à se maintenir dans la durée », a encore précisé le général Favier.

Quant au budget de fonctionnement, il devrait légèrement augmenter (+17 millions), ce qui « compensera l’évolution normale des loyers ». S’agissant des équipements, la situation restera toujours compliqué.

« Des tensions subsisteront incontestablement sur le reste du fonctionnement et l’investissement, ce qui nous contraindra à faire des choix », a avancé le général Favier. Ainsi, le format de la flotte d’hélicoptères a été « ajusté », car, a-t-il expliqué, « n’avons plus les moyens d’entretenir une flotte importante ». Seulement, il faudra à la gendarmerie dédommager Airbus Helicopters à hauteur de 5 millions d’euros étant donné que le plan d’acquisition de nouveaux appareils a été remis en cause.

En ce qui concerne les véhicules, le niveau des commandes est encore bien loin de celui qu’il faudrait. « Le parc automobile compte environ 30 000 véhicules. Pour le renouveler, il faudrait acheter 3 000 véhicules chaque année. Mais 1 250 seulement ont pu être acquis en 2013 et 1 400 en 2014. Pour 2015, il est prévu d’en acquérir 2 000. Par conséquent, le parc vieillit et se dégrade, sa moyenne d’âge s’établissant entre sept et huit ans, avec un kilométrage moyen de 175.000 kilomètres », a résumé le général Favier.

« Le véhicule fait partie de notre système d’armes. L’état actuel du parc altère notre capacité opérationnelle. J’étudie donc les possibilités d’externaliser la gestion de la flotte ou de procéder par location de véhicules. S’agissant des acquisitions de matériel d’occasion, cela ne peut concerner qu’une flotte limitée à des véhicules banalisés », a-t-il poursuivi. « Une étude est en cours sur l’externalisation de la flotte. Un rapport intermédiaire a fait état de conclusions très mitigées. Mais les travaux ne sont pas encore clos », a-t-il encore ajouté sur ce point.

Enfin, il ne sera évidemment toujours pas question d’un quelconque remplacement des véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG), en service depuis… 1975 (c’est comme si vous aviez dans votre garage une CX ou une Simca Chrysler…). Et ces derniers VBRG étaient déjà au bout du rouleau il y a 10 ans (d’après les rapports parlementaires), avec un taux de disponibilité de 40%.

Mais cela ne préoccupe pas outre mesure le général Favier. Les VBRG sont « certes très utiles mais ils sont loin d’être utilisés tous les jours, à l’exception de l’outre-MEr, où ils sont plus souvent engagés », a-t-il dit. Ils « sont maintenus en état de marche à bout de bras par des mécaniciens astucieux qui vont aux limites des possibilités », a-t-il admis avant d’insister sur sa priorité d’achat, qui « va aux véhicules de brigade, qui causent le plus de souci ».

Source : Opex360

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