La Sablonnière Albert Trantelle, ancien gendarme, hisse les couleurs
Le major honoraire Albert Trantelle affiche son amour pour son pays. © Agence DREUX
Son pas se fait plus lent au fil des années. Mais lorsqu’il s’approche de son mât haut de six mètres et qu’il fixe son étendard battant aux vents du nord et de l’ouest, le torse du major Trantelle se gonfle de fierté.
Rue de la Sablonnière, au pied des immeubles du Murger, deux drapeaux se font face. Celui de l’escadron de gendarmerie mobile et celui d’Albert Trantelle, un ancien de la « maison » qui a construit son pavillon, au début des années 1960, juste en face de la caserne.
Comme en Amérique« Quand j’invite des gens chez moi, je leur dis toujours que ma maison est celle où il y a le drapeau. Ils ne peuvent pas se tromper », sourit Albert.
Ancien président du Comité d’Entente des associations patriotiques de Dreux, titulaire de la croix de chevalier de l’ordre national du mérite, ce soldat d’Indochine et d’Algérie exprime son patriotisme sans rougir : « Les Américains et les Canadiens ont tous un drapeau à leur fenêtre ou dans leur jardin. Pour moi, c’est la même chose : j’aime mon pays et je le montre de cette façon. »
Françoise, son épouse, et Aline, sa petite-fille, disent : « Et nous, nous sommes fières de notre gendarme ! » Ancien de la Garde Républicaine, à Paris, puis, durant vingt ans, responsable du personnel au sein de l’escadron 5\4 de gendarmerie mobile de Dreux, le major Trantelle entretient des liens étroits avec ses anciens collègues et les jeunes gendarmes : « Je vais souvent manger au mess. Les officiers viennent me saluer. La gendarmerie est une grande famille. »
Aux petits soinsSi tout était à refaire, cet enfant d’agriculteurs des Ardennes signerait de nouveau un engagement « sans hésiter. »
Pour l’heure, il soigne son drapeau, symbole de toute une vie : « Les couleurs sont tout le temps hissées. Un pavillon tricolore, ça se change tous les deux ans car il subit les intempéries et le soleil en été. Celui-là commence d’ailleurs à être un peu abîmé. »
Une dame du quartier du Murger dit : « Ce drapeau fait partie de notre paysage. C’est très bien ! »
Riverain depuis quarante ans du passage des Buttes, Kléber Buisson livre un combat quotidien contre les nids de poule.
Il use plusieurs balais par an. Et il n’est pas loin de penser que la Ville devrait un jour l’indemniser
« En rebouchant les trous dans le chemin, je fais le travail des agents de la voirie. Des gens me disent que je suis bien bête de le faire. Mais, moi, j’aime vivre dans un environnement propre », soupire, hier matin, Kléber Buisson, 78 ans.
Tous les matinsChaque matin, été comme hiver, Kléber râle en ouvrant ses volets. « Les gens sont sales. Ils abandonnent des papiers gras, des bouteilles de soda. Mais ce ne qui m’énerve le plus, c’est les trous dans le chemin causés par les passages des voitures », raconte ce retraité mécanicien.
Une fois son café avalé, Kléber attrape alors son balai, « même quand il pleut » et il entreprend un nettoyage minutieux du chemin. « Des voisins m’ont surnommé « l’homme en bleu » car je porte souvent un blouson bleu. Tout le monde me connaît », s’amuse notre balayeur bénévole.
Vive le goudronPile en face de sa maison, il y a l’église évangélique Maranatha installée dans l’un de ces anciens ateliers qui jalonnent le passage. Kléber raconte : « Ils sont gentils. Mais les trous, c’est à cause des fidèles qui entrent ici avec leurs voitures. Tous les soirs, ils font leur messe et il y a plusieurs dizaines de voitures dans le chemin. »
Bientôt relogée dans l’ancienne école Célestin-Freinet, dans le quartier Prod’homme, l’église du Passage des Buttes sera rasée par la Ville et remplacée par un parking. « Tout sera goudronné. Je pourrai ranger mon balai ! » se réjouit Kléber.
Pascal Boursier
Source : L’Echo Républicain
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