La relève de la gendarmerie


Le 14 mars 2023, près d’un candidat sur deux ne s’est pas présenté à la première épreuve du concours externe de sous-officier de gendarmerie.

Un taux de participation très faible qui interroge grandement. Au titre de ce premier concours réservé aux civils, titulaires a minima d’un baccalauréat, 2800 places étaient ouvertes. Les candidats ayant passé les épreuves d’admissibilité avec succès poursuivront le processus de sélection avec les épreuves d’admission : parcours sportif, entretien avec un jury, entretien avec un psychologue et QCM de culture numérique.
Le rôle des psychologues sera alors hélas dévastateur.


Je ne compte plus les gendarmes adjoints de très grande valeur, faits pour ce métier, qui seront pourtant contraints à l’échec du fait des conclusions de psychologues inaptes qui ne connaissent rien à ce métier et qui les jugeront trop ceci ou trop cela. Si cela ne tenait qu’a moi la cellule de psychologie de la Gendarmerie Nationale serait purement et simplement supprimée ou l’avis des psychologues deviendrait consultatif mais pas rédhibitoire !


Le nombre de postes offert au concours est élevé et le nombre de candidats y participant de manière effective est toujours plus faible au grand dam de la Gendarmerie Nationale. La réussite au concours est donc toujours plus aisée et le niveau des candidats retenus est de fait toujours plus faible, compte tenu de la forte attrition du taux de sélection.


En école de formation, les renvois de certains élèves gendarmes pourtant inaptes à l’exercice de ce métier sont par ailleurs très rares. Il faut en effet absolument pouvoir honorer les postes ouverts en brigades, en escadrons et au sein des unités spécialisées. Le problème est de toute façon repoussé à plus tard, compte tenu de la grande difficulté du métier.


Les raisons de cette désaffection sont multiples en dépit des campagnes de retape de la Gendarmerie Nationale : « Engagez-vous, rengagez-vous, une même flamme nous habite ! »
Aujourd’hui tout se sait. Le métier de gendarme est un métier extraordinaire et rien ne m’apparait plus valorisant que de servir la France au sein des forces armées.

Les témoignages émanant des gendarmes les plus anciens, démissionnant de manière prématurée après plusieurs décennies de service, écœurés par une gendarmerie qu’ils ne reconnaissent plus, sont toujours plus édifiants.

Ils rejoignent ceux des plus jeunes qui démissionnent pour beaucoup d’entre eux après quelques années de service. Tous se sentent insuffisamment soutenus par un corps des officiers miné par le carriérisme et par le pas de vagues. Nombreux sont les officiers, les chefs de tous grades qui ne sont pas exemplaires, qui sont indignes de leurs responsabilités, de leurs galons ou de leurs étoiles. Ce ne sont que des bureaucrates, pour beaucoup d’entre eux, rarement présents sur le terrain et ne se soucient absolument pas des besoins des gendarmes présents sur le terrain.


Cela est la première raison susceptible d’expliquer les démissions en masse auxquelles nous avons à faire. Il s’y ajoute la grande difficulté d’exercer ce métier. Les responsabilités sont importantes au contact des victimes, les coups et les insultes à prendre sont de plus en plus fréquents, la procédure pénale est d’une complexité folle et la justice leur donne la certitude de travailler pour rien, puisque ceux qui nous font tant de mal sont presque toujours relâchés.


Au titre de l’intendance, les logements de fonction sont dans un état lamentable et les gendarmes de toute façon ne supportent plus la vie en caserne et cela à juste titre.

Les moyens continuent de manquer sur le terrain et la hiérarchie s’en fiche quoi qu’elle en dise. Cela serait de nature à décourager les plus volontaires et le nombre des démissions en atteste hélas et malheureusement.


Les forces de l’ordre sont mal défendues, mal protégées, accusées de tous les maux par les élus irresponsables de l’extrême gauche et l’amour qui leur est témoigné par l’immense majorité de notre peuple ne suffit plus aujourd’hui.


Les gendarmes qui se suicident par dizaines chaque année constituent, en plus des démissions précoces, le signe le plus tragique qui atteste du mal être de mes frères et de mes sœurs d’arme.


Tout pourrait pourtant être si différent. Les promotions ne devraient être accordées qu’aux meneurs d’hommes, aux vrais chefs, à ceux et celles qui parlent vrai, qui disent les choses, qui agissent sur le terrain, qui contribuent au soutien et au bien être des gendarmes, à force d’exemplarité, de courage, de sens de l’humain et de compétence en lieu et place de l’hypocrisie et de l’obséquiosité qui font des ravages.

La priorité en termes de moyens devrait être donnée par le gouvernement aux forces de l’ordre, qui constituent le rempart ultime de la République, contre tous les chaos et tous les désordres. Aujourd’hui, ils ne reçoivent que les miettes et reçoivent si peu de soutien.

Et ce ne sont pas les 200 nouvelles brigades prochainement créées qui répondront à ces besoins. Elles ne serviront à rien ou presque, étant trop faiblement dimensionnées en effectifs. Elles ne feront qu’éparpiller les forces sans cohérence et sans besoins avérés.

Les gendarmes ont besoin de brigades fortement démissionnées à 30 ou 40 militaires, pas à 4 ou 6. Elles seules permettent d’être efficaces dans l’organisation du service, en ayant toujours des patrouilles sur roues, prêtes à intervenir.

C’est cela l’efficacité. Ce ne sera jamais le saupoudrage stérile et incohérent. Les gendarmes ont besoin de véhicules de grande capacité rapides et performants, d’une informatique et de locaux de service qui ne soient pas vétustes et surtout ils ont besoin d’être considérés !


Être gendarme ou policier aujourd’hui revient à exercer un métier de passion, difficile, exigeant et dangereux. Si nous voulons que la jeunesse fasse le choix de ce métier alors donnons leur raison en contribuant à changer tout ce qui doit l’être.


Les choses vont mal, les maux sont identifiés. Donnons leur raison. Agissons !
Capitaine (ER) Hervé Moreau

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