La présence de Jean-Francois Cirelli dans la promotion de la Légion d’honneur passe mal
Le président de la branche française de BlackRock est accusé de collusion avec le gouvernement sur la réforme des retraites.
LÉGION D’HONNEUR – Parmi les 483 personnes de la promotion du Nouvel an de l’Ordre national de la Légion d’honneur, publiée ce mercredi 1er janvier au Journal officiel, la présence de Jean-Francois Cirelli en a agacé plus d’un.
Chevalier depuis 2006, il a été élevé officier de la Légion d’honneur par le Premier ministre Édouard Philippe.
Ancien dirigeant de GDF-SUEZ, puis d’Engie, il est l’actuel président de la branche française du plus important gestionnaire d’actifs du monde, BlackRock, fondé en 1998 aux États-Unis et gérant 7000 milliards de dollars.
Son nom a été mis sur le devant de la scène avec l’actuelle réforme des retraites, qui cristallise les tensions dans le pays depuis le 5 décembre.
BlackRock est accusé de faire valoir auprès de l’exécutif le régime de retraite par capitalisation, sur le modèle des fonds de pension américains, au détriment du système français actuel par répartition.
Mediapart et L’Humanité avaient révélé le mois dernier qu’une série de recommandations pour la réforme des retraites avait été envoyée au gouvernement par la société américaine en juin 2019, alimentant des soupçons de collusion.
L’Humanité avait publié un document interne d’une quinzaine de pages attribué à BlackRock, détaillant l’intérêt de développer l’épargne-retraite par capitalisation en France en s’appuyant notamment sur la loi Pacte votée au printemps, même si le système de retraite par répartition “restera au cœur de l’épargne retraite française”.
Dès juin 2017, L’Obs révélait que le PDG de la société américaine, Larry Fink, avait été reçu par Emmanuel Macron à l’Élysée et par Édouard Philippe à Matignon.
BlackRock se défend
Selon un article du Canard enchaîné datant de 2017, une vingtaine de personnes gestionnaires de fonds emmenées par BlackRock avaient par ailleurs étaient reçues à l’Élysée, assistant à des exposés de Muriel Pénicaud, Élisabeth Borne, Bruno Le Maire et Benjamin Griveaux, avant un dîner avec des ministres et le président.
Jean-François Cirelli avait aussi rencontré Emmanuel Macron le 10 juillet 2019 lors d’une réunion destinée à inciter les fonds d’investissement à financer la lutte contre le réchauffement climatique.
Jean-Paul Delevoye, l’ancien monsieur Retraites du gouvernement, avait lui rencontré des personnes de BlackRock en mars 2018, rappelle franceinfo. Il avait été interpellé à l’Assemblée nationale par le député Olivier Marleix.
“En aucune manière, nous n’avons cherché à exercer une influence sur la réforme du système de retraite par répartition en cours auprès des pouvoirs publics ou de tout autre acteur du secteur”, a réagi BlackRock.
Le gestionnaire d’actifs, implanté en France depuis plus de 13 ans, “dialogue avec les organismes de réglementation et les pouvoirs publics”, “dans le but d’expliquer [son] point de vue sur l’intérêt des investisseurs à long terme”, selon son communiqué.
La nomination de Jean-François Cirelli dans la promotion de la Légion d’honneur du Nouvel An a engendré des réactions très critiques sur Twitter, comme celle du PCF, à lire ci-dessous.
Source : Le Huffpost
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