La police et la gendarmerie sont-elles touchées par une « grande démission » ?
Les départs et les difficultés de recrutement atteignent des niveaux records dans la police et la gendarmerie depuis 2020. Selon un rapport de la Cour des comptes publiée le 13 avril 2023, le problème va en s’accentuant. Les magistrats décrivent même « un phénomène de fond ».
Ouest-France Valentin BECHU. Publié le 21/04/2023 à 1
Coincée au milieu d’une note d’analyse de l’exécution budgétaire issue d’un copieux rapport de la Cour des comptes pour 2022, l’information n’a pas été relevée tout de suite dans la presse.
Publié le 13 avril dernier, les chiffres sont relayés depuis le jeudi 20 avril 2023 seulement. Pourtant, ils sont accablants pour l’attractivité de la police et de la gendarmerie : « Le record du nombre de départs au sein de la police et de la gendarmerie a été battu en 2021, puis de nouveau dépassé en 2022, témoignant d’un phénomène de fond installé depuis la fin de la crise sanitaire, introduisent les magistrats, avant de lâcher des chiffres éloquents. «En 2021, la police nationale a connu 10 840 départs (+33 % en quatre ans) et la gendarmerie nationale 15 078 départs (+25 %). »
Une concurrence avec la police municipale
Mais comment expliquer ce phénomène ? Pas par les départs en retraite en tout cas, globalement stables sur la période, soulignent les auteurs du rapport. Plusieurs motifs sont avancés : la concurrence avec les polices municipales qui attirent de plus en plus de policiers et gendarmes grâce à des rémunérations et des conditions de travail attrayantes, la hausse des démissions en école et l’augmentation des détachements dans d’autres administrations.
Pour les magistrats, les primes et indemnités ne sont pas une réponse suffisante. Malgré « les revalorisations importantes dont ont bénéficié les forces de l’ordre depuis 2016 (+730 M€ de 2016 à 2022 ; +1 473 M€ de 2023 à 2027) », les objectifs ne sont pas atteints. « Il apparaît nécessaire de déployer une politique de fidélisation différente, axée sur l’amélioration des conditions de travail et la gestion dynamique des ressources humaines », plaident les magistrats.
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Des objectifs tenus, mais à quel prix ?
Des données qui percutent l’objectif politique d’un « recrutement massif de policiers et de gendarmes » défini par le ministère de l’Intérieur dans sa loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur.
Pour répondre coûte que coûte à cette demande du gouvernement, les responsables n’ont d’autres choix que de « dégrader la qualité des recrutements ». Ce qu’attestent les taux d’admission, celui du concours de gardien de la paix est passé de 2 % en 2014 à 18 % en 2020, et pour le concours la gendarmerie nationale pour devenir sous-officier sur le terrain s’élevait à 20 % en mars 2023. Dans le même temps, ces formations de gardien de la paix et d’officier ont été raccourcies.
Source : Ouest-France
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