La guerre civile selon Macron : parole à la banlieue
Par Alexandre Gerbi
Macron a parlé de guerre civile ! Mais quels en seraient les acteurs ? Les « Antifas » ? Les pillards de 2005 et 2023 ? Des deux à la fois ? Le tout multiplié pardeux, par dix, cent, mille ? Arrêtez, j’ai le vertige… Ne me dites pas que pour contrer le RN, Macron serait prêt à jouer la carte de la dévastation ? Un embrasement général, des destructions inimaginables et, soyons fous, l’entrain aidant, des meurtres, des viols, des massacres à grande échelle, façon guerre d’Algérie ouGuérilla d’Obertone ? Bref, de quoi justifier au bout du cauchemar, petit malin,l’activation de ce fameux article 16 dont Paris bruisse étrangement depuis quelque temps ? Coup de projecteur sur un tourbillon cataclysmique ayant pour seule issue, nous dit-on… la défaite du RN ! Avec Macron, « à tous les coups l’on gagne »… ou plutôt l’on perd…
France juin 2024. Une élection risque de déclencher la guerre civile. Ceci n’est pas un délire d’ivrogne. C’est le président de la République en personne qui le dit. Le ministre de l’Intérieur n’est guère plus rassurant. Dans leur sillage, les médias, donne la papatte, prends le susucre, nous l’expliquent savamment. En essayant d’envisager toutes les hypothèses. Accroche bien ta ceinture, citoyen(ne), le périple est éprouvant !
Conte de fées
Ça commence comme un conte de fées. Le 30 juin à 20 heures, la vague RN est un ras-de-marée. Le doute n’est plus permis : dans une semaine, sauf coup de théâtre, Marine Le Pen et Jordan Bardella auront leur majorité absolue à l’Assemblée nationale. On va enfin essayer autre chose.
Sur TF1, France Télévision, BFMTV, France Inter, c’est soir de deuil. Les mines des journalistes sont défaites. Liquéfiées même. Ruth El Krief et Gilles Bouleau sont à ramasser à la petite cuillère. Dans Quotidien, Jean-Michel Aphatie perd ses dents et Yann Barthès a pris au moins deux siècles. En revanche, sur Cnews, on sable le champagne. Pascal Praud a la gorge nouée de bonheur et Christine Kelly pavoise. Marine Le Pen et Jordan Bardella dansent la rumba. La France n’en revient pas d’avoir osé.
Mais ça ne se passera pas comme ça ! Sur toutes les chaînes, les représentants de la gauche et les macronistes font chorus. Ils martèlent en hurlant, des larmes de fureur melée d’effroi dans les yeux, que le RN c’est le racisme, la haine des immigrés, l’épuration ethnique, Hitler et Mussolini de retour, une guerre d’extermination contre l’islam et tout ce qui n’est pas blanc. A 22 heures, Macron lui-même se fend d’un communiqué sur « la République en danger ».
Marine Le Pen et Jordan Bardella ont beau réaffirmer qu’ils seront les garants des libertés publiques et de l’ordre républicain, ils ne font taire personne et sont taxés de duplicité.
Les rôles récurrents du déclencheur Macron
On apprend dans la soirée, entre deux grappes de départements encore remportées par le RN, divers « incidents » recensés un peu partout sur le territoire.
Vers minuit, le doute n’est plus permis : comme annoncé depuis des jours par Macron, Darmanin et les médias, la banlieue se soulève en même temps que les Antifas. D’abord, assez classiquement, les voitures brûlent, les bus, les abribus, les écoles. Plus tard dans la soirée, des pillages de magasins et de boutiques sont signalés dans de nombreuses les villes.
Le lendemain, lundi 1er juillet, la France se réveille groggy. La nuit a été brûlante et pillante. Toute la mélenchonie et le reste de la gauche justifient peu ou prou ces réactions populaires. Tous hurlent inlassablement, cette fois avec les macronistes, au danger de l’extrême droite islamophobe, xénophobe et raciste. Le fascisme ne doit sous aucun prétexte arriver au pouvoir. Les médias, eux aussi très inquiets pour l’avenir de la démocratie, nous rappellent les heures les plus sombre de notre histoire. Semblant leur répondre, les pillages et les destructions recommencent dans la journée, en beaucoup plus fort. Comme un an plus tôt presque jour pour jour.
A l’époque, en juillet 2023, l’affaire Nahel avait mis le feu aux poudres. Cette année, c’est le résultat de l’élection qui fait démarrer l’incendie. Dans les deux cas, Macron joue le rôle de pyromane. L’année dernière, il sembla douter d’emblée de l’innocence du policier. Un an plus tard, il conteste celle de Marine Le Pen et de Jordan Bardella.
Mais si pareille position présidentielle lance le signal du processus insurrectionnel, dans les deux cas, et Macron ne peut pas l’ignorer, Nahel et le RN ne sont en réalité qu’un prétexte pour les émeutiers.
Car pour eux, le véritable objectif est à la fois ludique, crapuleux et idéologique.
Ludique, crapuleux et idéologique
Ludique, parce qu’à un certain degré de décivilisation et d’ensauvagement, pour ne pas dire de barbarie, il est amusant de détruire, de mettre le feu, de voler, éventuellement de brutaliser, parfois même de tuer, bref de faire le mal pour le mal, enfin de jouer au chat et à la souris avec les flics. Une récente vidéo montrant deux très jeunes adolescents incendiant une école a apporté une bonne illustration, en miniature, du phénomène.
Crapuleux parce que le pillage permet de gagner un peu d’argent, parfois de belles sommes, le plus souvent en nature.
Idéologique, ou obscurément politique. Car à travers ce pillage, il s’agit de faire payer un pays, la France, et un peuple, les Français, qui ont fait tant de mal aux ancêtres réels ou supposés desdits pillards. Sous cet angle, les intéressés ne sont plus des pillards mais des justiciers. Des justiciers, car leurs pillages sont, en réalité, une contre-attaque lancée contre un mal qu’incarnent les Français et la France. C’est un remboursement bien mérité après tant de spoliations, un juste retour de bâton asséné à ce peuple et à ce pays racistes dont l’histoire, notamment coloniale, tient de l’abomination. Du moins si l’on en croit ce que répètent les médias, la gauche, une partie de la droite et bien sûr la macronie, bref les gouvernements successifs et leurs relais depuis des années et même des décennies.
Incontestablement, question idéologie, la haine de la France et des Français qui anime une partie des pillards leur a été distillée depuis le berceau par la classe politique et les médias du Système. Ils n’ont pas eu besoin de beaucoup inventer.
Le ressort de l’impunité
Autre ressort du phénomène, au petit jeu du « casser-voler-brûler », l’expérience a démontré que l’impunité était pour ainsi dire garantie.
Les émeutes de 2005 et les pillages de 2023 n’ont guère été sanctionnés. Sur la masse des émeutiers et autres pillards, les rares individus interpellés ont été, le plus souvent, peu ou pas condamnés. Bien entendu, tout cela est parfaitement clair dans l’esprit des nouveaux pillards potentiels. Après tout, on peut les comprendre, pourquoi s’en priveraient-ils, puisqu’ils y risquent si peu ? Faire de substantiels bénéfices, au service d’une cause héroïque ; se faire plaisir, saisir une bonne affaire tout en rendant la justice : que demande le peuple ?
Il est du moins loisible de voir ainsi les choses si l’on chausse les lunettes de notre société du spectacle, en particulier les lunettes macrono-mélenchoniennes.
Pour le dire autrement, tout a été mis en place, idéologiquement, aux fins de l’explosion finale.
Au quatrième jour de la spirale
Aube du 4 juillet 2024. Suivant un crescendo délirant, depuis le 30 juin, le pillage du pays a été porté à des degrés difficilement descriptibles. Tout semble hors de contrôle. Je vous passe les détails sordides, les descriptions macabres, l’autopsie du chaos. Il suffit de retenir qu’au bout d’une bascule véritablement infernale, au grand soulagement du peuple terré chez lui, confiné une nouvelle fois, pris d’une terreur à côté de laquelle celle du Covid est un frisson aimable, chacun redoutant de voir débarquer chez lui les pillards déchaînés et sans merci, les justiciers venus laver tant de crimes.
Bref, en ce quatrième jour d’émeutes, Macron déclenche enfin l’article 16. Il a les pleins pouvoir et ordonne le déploiement de l’armée, à laquelle il donne des consignes très fermes. La loi martiale est instaurée. Le peuple est soulagé. Il approuve à 94 % l’activation de l’article 16. Il applaudit aux fenêtres pour remercier le sauveur. Les médias nous content jour après jour la reprise en main du territoire et des secteurs parfois plus difficiles. Le décompte des morts quotidien démontre la détermination du Président.
Bien entendu, le deuxième tour des élections législatives a été ajourné sine die, pour des raisons faciles à comprendre au vu de la situation dans le pays sous le choc, où aucune élection ne pouvait décemment être organisée, nul n’en disconvient hormis le RN désormais discrédité. C’est du moins ce qu’expliqua le président au peuple compréhensif.
Retour à la douce réalité
Heureusement, tout cela n’arrivera pas.
Dimanche soir, la victoire du RN sera mitigée. Défiant les Cassandre, le « barrage au fascisme » aura une fois de plus fonctionné. Dès 20 heures, à l’annonce des résultats, on pourra conjecturer sans grand risque de se tromper qu’à l’issue du second tour une semaine plus tard, le RN aura certes la majorité à la chambre, mais une majorité relative. Laquelle ne lui permettra pas de gouverner.
Après sa défaite en trompe-l’œil de 7 juillet, Macron aura alors les mains libres pour reconstituer l’UMPS dont il était déjà l’incarnation depuis 7 ans. Tout changer pour que rien ne change, la méthode est connue. En retrouvant des partis acquis à la cause de Washington, le PS et les LR-canal historique, Macron l’agent états-unien de la French American Foundation, cette organisation recrutant aussi bien à droite qu’à gauche, n’aura plus qu’à jouer sur du velours.
Nous aurons échappé à la guerre civile et au IIIe Reich du RN de Marine Le Pen et Bardella. Macron pourra continuer de broyer tranquillement le Pays pendant les trois prochaines années. Mission accomplie.
Mais on me dit dans l’oreillette : « Vous n’êtes pas Madame Irma ! Si le RN parvient tout de même à l’emporter dimanche, vous affirmez que la France va connaître l’un des plus grands cataclysmes de son histoire ? Des destructions jamais vues depuis la chute de l’Empire romain ? »
Parole à la banlieue
C’est bien sûr à la banlieue de répondre…
En espérant qu’elle se rappelle, tout au fond de sa mémoire, cette banlieue en grande partie issue de l’ancien Empire africain de la France, ce que fut réellement la France et ce qu’elle est encore. A savoir non la marâtre que s’ingénient à nous dépeindre le Système qui, lui, a abandonné l’Afrique et l’Algérie contre la volonté du peuple français fraternel. Une France bien différente de celle que nous présentent ceux qui nous dirigent et nous servent de maîtres à penser. Une France à laquelle il ne viendrait à l’idée de personne, ou presque, de mettre le feu.
Forte de ces souvenances et de ces consciences, si le RN devait l’emporter dimanche, puisse la banlieue ne pas faire ce que le Système et Macron semblent tellement attendre d’elle…
Alexandre Gerbi
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