La gendarmerie de Limoges agacée par une radio qui signale les contrôles de vitesse
La gendarmerie de Haute-Vienne rend responsable une radio de l’échec de ses contrôles. Crédits photo : KENZO TRIBOUILLARD/AFP
Flash FM, une radio locale de Haute-Vienne, a reçu un courrier du procureur de la République indiquant que ses agissements nuisaient au travail d’une partie des forces de l’ordre.
Chaque jour, le rituel est le même: entre deux tubes du moment, un animateur de Flash FM prend l’antenne pour avertir les automobilistes d’éventuels contrôles de vitesse. Depuis quatre ans, cette station locale, implantée à Feytiat dans l’agglomération de Limoges, invite ses auditeurs à signaler au standard tout radar fixe ou mobile repéré sur les routes du département. Une démarche que Flash FM revendique comme «préventive», mais qui n’est pas du goût de la gendarmerie qui a fini par se tourner vers la justice.
Jeudi 12 décembre, comme le signale La Montagne , la radio recevait un courrier de Michel Garrandaux, procureur de la République, indiquant que ses agissements constituaient «une entrave au bon fonctionnement des services de la gendarmerie dans le département» et notamment à «la lutte contre les cambriolages». Les annonces faites par Flash FM couvriraient ainsi des contrôles inopinés, destinés à arrêter d’éventuels malfaiteurs. La lettre pointait notamment deux contrôles, le 28 novembre et le 4 décembre, dont la radio s’était fait l’écho.
La justice ne peut pas interdire la diffusion
Pascal Thomas, directeur d’antenne, tient à préciser que ce courrier «n’avait rien de menaçant». Il ne s’agissait que d’une simple alerte. «D’ailleurs, précise-t-il au Figaro, aucune loi ne peut nous interdire de faire ces annonces.» Il ajoute que de nombreuses autres radios indépendantes, à travers la France, divulguent également ce type d’informations. Mais il avoue que si sa station se fait une obligation de ne signaler que les contrôles de vitesse, elle reste tributaire de la parole des auditeurs qui peuvent être amenés à faire passer pour tels des contrôles de la douane ou des tests d’alcoolémie. Dans tous les cas, Pascal Thomas attend qu’on lui montre une preuve formelle, imputant à sa seule radio l’échec d’un contrôle.
Pour régler ce problème, et éviter tout quiproquo, Flash FM a voulu faire preuve de coopération. Elle a déjà proposé à la gendarmerie de leur signaler les opérations importantes, mais celle-ci n’a pas donné suite. Pascal Thomas tient à préciser que, de son côté, la police dit ne pas avoir été gênée par les annonces, dont elle reconnaît même le caractère préventif. Denis Surfys, rédacteur en chef de Flash FM, compte demander un rendez-vous au procureur afin de trouver une solution. Contacté par Le Figaro, ce dernier n’a pas souhaité faire de commentaires à ce sujet. En attendant, les annonces continuent d’être diffusées.
Les avertissements aux radars sont une véritable manne pour la station dont le nombre d’auditeurs serait passé, en trois ans, de 13.000 à quelque 26.000. Flash FM est ainsi devenue, selon son directeur, la première radio locale du Limousin.
Source : Le Figaro
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