La gendarmerie basco-béarnaise parie sur l’appli
Le groupement de gendarmerie a lancé, mi-juin, Vigicambri64, une application smartphone qui donne et reçoit des informations sur les cambriolages.
Pionniers de la photo
Quand, à Toulouse, l’application de la gendarmerie permet de recenser ses objets de valeur, et, à Montpellier, de signaler tout acte délictueux, le programme basco-béarnais va encore plus loin. Elle reprend ces missions avec une fonction photo supplémentaire.
Comment ça marche ? Les deux fonctions principales sont identifiables par les deux gros boutons qui se partagent la page d’accueil. Pour la première, « Proches attentifs », il s’agit d’envoyer une photo de la plaque d’immatriculation d’une voiture suspecte ou toute autre information pouvant aider les gendarmes à traiter un cambriolage rapidement.
Pour confirmer l’alerte, il faut doubler l’envoi de la photo par un appel téléphonique au 17. Avant tout envoi, un message s’affiche, informant l’utilisateur qu’il engage sa responsabilité pénale. Même et surtout à l’heure d’Internet, la délation reste punie par la loi… On ne pourra donc pas faire de petite blague à son voisin impunément !
Il est de toute façon nécessaire de s’identifier au préalable (nom, prénom, adresse, numéro de téléphone) et d’accepter d’être géolocalisé. « Nous avons la capacité de retrouver les appels malveillants », achève de convaincre le lieutenant Éric Quintard, responsable du système d’information et communication du groupement de gendarmerie des Pyrénées-Atlantiques.
Prêt-à-envoyer
La seconde fonction principale de Vigicambri, « Mes objets de valeur », reprend l’idée des Héraultais. Ici, l’utilisateur précautionneux peut photographier chacun de ses trésors, en indiquant une description, un numéro de série et une valeur estimée.
Une fois le larcin découvert, cela permettra de transmettre les informations aux gendarmes plus rapidement via un mail détaillé et pré-rédigé. Cette somme d’éléments personnels reste dans la mémoire du smartphone. La loi Informatique et Libertés empêche la gendarmerie de stocker ces données. Reste à chacun de ne pas perdre son appareil…
« C’est un nouvel outil, mais cela ne rajoute pas de charge de travail aux opérateurs, qui reçoivent les informations et les photos sur leur écran d’ordinateur, au centre opérationnel », applaudit le colonel Wiliam Vaquette, patron de la gendarmerie des Pyrénées-Atlantiques. « Au contraire, cela permet d’avoir des informations plus fiables, et donc d’aller plus vite. »
Donner, c’est comme recevoir
Envoyer des informations, mais aussi en recevoir, c’est le but avoué de l’application. Si les usagers peuvent transmettre des signalements, la gendarmerie peut également interagir avec votre smartphone et envoyer des messages d’actualité. La recrudescence des vols ou les faux démarcheurs seront ainsi signalés à tous les abonnés, comme c’est déjà le cas pour les réservistes mais aussi les maires du département, les commerçants ou les agriculteurs, via un système abouti d’alertes SMS.
« C’est une appli qui fonctionne dans les deux sens, vers l’utilisateur et depuis l’utilisateur, souligne le lieutenant Éric Quintard. C’est un outil de coproduction. »
Toujours plus acteurs de l’enquête, les victimes de vol pourraient à l’avenir aider à retrouver leurs bijoux de famille. Une fonctionnalité « Comparateur d’objets » pourrait voir le jour, qui superposerait les photos du bien disparu avec celle d’un objet aperçu ici en brocante, là dans un magasin de revente…
Ce projet ambitieux était développé par une équipe de Bidartars qui n’a pas pu aller au bout, faute de temps. Mais les gendarmes n’ont pas oublié.
Notons enfin, tel La Palice, que les usagers de Vigicambri peuvent naturellement signaler d’autres faits que les cambriolages. « Si vous êtes témoin d’un accident ou d’une agression, bien sûr qu’on la traitera », assure le colonel Vaquette. Tout en rappelant que le cambriolage est le poison numéro un de son département : de 800 à 950 en 2014.
« Il y a un nouveau territoire que les ‘‘digital natives »(la génération Internet, NDLR) connaissent par cœur, analyse le patron des gendarmes. Nous devons investir cet espace. 2015, c’est peut-être un peu tard, mais pour une vieille dame de huit siècles comme la gendarmerie, ce n’était pas facile. »
Source : Sud Ouest
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