La gendarmerie appelle au secours
Après plusieurs années de réformes et de réductions des dépenses, le directeur de l’institution déplore un manque criant de moyens.
La gendarmerie peine à payer ses loyers, son essence, et à renouveler son parc automobile, a affirmé récemment son directeur général Denis Favier devant la commission de la Défense à l’Assemblée, demandant de l’aide face à cette « situation difficile ». « Depuis plusieurs années, la gendarmerie connaît une profonde mutation au cours de laquelle elle a su préserver ses valeurs de cohésion et d’esprit de corps », a déclaré le général Favier lors de son audition le 16 octobre dans le cadre du projet de loi de finances 2014, selon le compte rendu officiel. « Si elle a su conserver ce qui fait son essence », dit le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), elle « présente aussi des fragilités qu’il faut mesurer avec lucidité ».
Le général Favier a évoqué « une période de 10 ans de réformes » sur fond d' »impératif de réduction des dépenses ». « La gendarmerie a atteint un seuil », tranche-t-il ensuite. « En matière de personnel, elle a été malmenée par la RGPP (révision générale des politiques publiques du précédent gouvernement), avec une baisse de 6 700 effectifs entre 2008 et 2012 ». « Cette situation a cessé », selon lui, et « une hausse du plafond d’emploi commence désormais à compenser ces pertes », mais pour ce qui est des moyens, poursuit le DGGN, les indicateurs sont au rouge. La « capacité à renouveler les équipements a été réduite de moitié depuis 2007 », dit le général, et ces « difficultés sont amplifiées par les divers gels et surgels en cours d’année (2013), qui remettent en cause la capacité à soutenir l’action ». « Nous sommes dans une situation difficile », admet-il, indiquant qu' »aucune commande de véhicules n’a pu être passée » ni d’ordinateurs. Difficulté aussi « pour assurer les paiements (…) incontournables », comme « les dépenses d’énergie pour lesquelles il manque aujourd’hui 16 millions d’euros. »
« Pour continuer d’assurer le bon fonctionnement des unités », le général sera contraint de « reporter le paiement des loyers (de leurs locaux, NDLR) aux collectivités locales ». « La levée de la mise en réserve est donc absolument nécessaire », implore-t-il, mais « ne réglera pas toutes les difficultés », le « budget carburants » des véhicules ne pouvant être « abondé », par exemple. « Ces difficultés sont bien perçues et toutes les énergies, dont celle du ministre (de l’Intérieur) notamment, sont mobilisées pour obtenir le dégel des crédits, car cela est urgent », poursuit le DGGN, qui réclame « un signe positif ». Il y a toutefois une lueur d’espoir, selon lui : le « budget 2014 » est « responsable et cohérent ». Il promet « modernisation » et recrutement de personnels.
Source : Le Point
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