La Cour des Comptes confirme la forte hausse de l’immigration que beaucoup pressentaient sans oser le dire
Atlantico.fr : Dans un audit inquiétant, la Cour des Comptes chiffre le coût de l’immigration à 6,6 milliards d’euros en 2019 avec une augmentation des titres de séjour de plus de 38% depuis les années Sarkozy. Comment expliquer ces chiffres ?
Arnaud Lachaize : Depuis deux ans, plus personne ne parle de l’immigration. La crise des gilets jaunes, le mouvement social et le covid 19 sont passés par là. Le sujet n’est plus considéré comme prioritaire, la presse en parle peu et les politiques encore moins. Le chiffre de 6,6 milliards d’euros n’a rien de surprenant. L’augmentation s’explique en grande partie par la hausse du nombre des demandeurs d’asile. Il était d’environ 50 000 par an dans les années 2000. Il a triplé en quelques années pour atteindre 150 000 ce qui est considérable. Or l’Etat doit loger les demandeurs d’asile pendant l’examen de leur demande et leur fournir une allocation. A cela s’ajoute l’aide médicale d’Etat bénéficiant aux migrants en situation irrégulière. Le nombre des bénéficiaires de l’AME a dépassé les 300 000. La hausse générale et continue du flux migratoire est notamment due à des choix politiques effectués après 2012. La circulaire Valls facilitant les régularisations, puis la loi de 2016 qui rend quasiment impossible les reconduites à la frontière, celle de 2018 qui n’apporte rien… La pression migratoire est en forte augmentation en raison de la pauvreté, des guerres, du chômage endémique qui frappe la jeunesse des pays en développement. Et tous les gouvernements français depuis 2012, désireux de conserver leur label de « progressiste », ne font rien de sérieux pour reprendre le contrôle de la situation et font même le contraire. Le quinquennat Macron et à cet égard strictement identique au quinquennat Hollande. Mais il y a plus grave : certains pays européens comme l’Allemagne, après avoir ouvert leurs portes lors de la crise migratoire de 2015, la referment aujourd’hui et durcissent leur régime, ce qui entraîne des mouvements secondaires vers la France qui, elle, continue à se considérer dans le discours officiel et la politique, avant tout comme une terre d’accueil pour les migrants.
Que nous apprend ce document sur la politique migratoire menée par le gouvernement ?
Beaucoup de ces chiffres sont connus, notamment la hausse impressionnante de l’asile et de l’immigration régulière depuis quelques années en particulier depuis 2012. Auparavant, sous la droite au pouvoir, les chiffres étaient à un niveau relativement élevé mais stabilisé. Ce qui est nouveau, c’est le chiffrage officiel, par une Cour dotée de pouvoirs juridictionnels, la Cour des Comptes, du coût de l’immigration. Le sujet était absolument tabou. Peu d’experts ou de responsables politiques acceptaient de se pencher sur cette question par peur d’être traités de racistes ou d’extrémistes de droite. Que la Cour des Comptes ait réalisé cette estimation et l’ait rendue publique est un acte de transparence et d’authentique courage intellectuel. Elle confirme ce que beaucoup pressentent et pensent tout bas sans oser le dire : l’immigration est bel et bien en forte hausse chaque année, et son coût est également en augmentation. Mais là aussi, on est dans le tabou et le déni de vérité. Les experts bien-pensants ou supposés progressistes se contorsionnent pour démontrer que les flux migratoires sont stabilisés depuis des décennies. La Cour des Comptes confirme tout simplement qu’ils se trompent ou qu’ils dissimulent la vérité. En outre la Cour des Comptes bat en brèche le discours relativiste, totalement généralisé et banalisé : droite et gauche, c’est pareil en matière d’immigration. C’est une contre vérité : la droite au pouvoir n’a pas réussi à réduire sensiblement les flux mais elle est parvenue à les stabiliser. La gauche socialiste et le progressisme macronien ont au contraire favorisé une forte hausse des flux migratoires.
Quelle vision doit être portée au sein des instances administratives française afin de pouvoir faire face aux mouvements migratoires à venir ?
Ce n’est pas aux instances administratives d’assumer les responsabilités des politiques. Les administrations ne font qu’appliquer les lois et les décisions prises par les gouvernements. Le problème, c’est que les politiques pratiquent un double langage permanent. Ils parlent fermeté pour plaire au peuple et aux électeurs, et ils font exactement le contraire dans les actes pour plaire à leurs militants et idéologues favorables à l’ouverture inconditionnelle. Il faut une authentique volonté politique pour restaurer la maîtrise de l’immigration. D’abord, en finir avec les mensonges démagogiques : l’idée « d’immigration zéro » est totalement impossible et irréaliste dans un mode ouvert. Ce n’est qu’un slogan mensonger qui favorise par réaction le slogan inverse : l’ouverture illimitée. Pour restaurer la maîtrise des flux migratoire, c’est-à-dire les ramener à un niveau raisonnable et les stabiliser, il y a beaucoup de choses à faire : relancer la politique de codéveloppement, organiser un blocus européen contre les passeurs criminels, lutter avec la plus grande fermeté contre l’immigration irrégulière, réserver l’asile aux seuls victimes de persécutions, conditionner l’accueil des étudiants étrangers à la qualité des études, soumettre à des plafonds quantitatifs l’immigration familiale et l’immigration du travail, en fonction des capacité d’accueil des Etats. Sortir de la provocation, de l’idéologie et de la démagogie pour travailler sérieusement, mais nous en sommes loin…
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