Jonathann Daval avoue avoir tenté de brûler le corps de sa femme
Lors de la reconstitution du meurtre de son épouse Alexia Daval lundi 17 juin, Jonathann Daval a finalement admis avoir frappé et étranglé la jeune femme, puis avoir procédé à «la crémation partielle» de sa dépouille.
Il y a quelques jours, Me Gilles-Jean Portejoie, l’avocat de la sœur et du beau-frère d’Alexia Daval, confiait au Figaro qu’il espérait que la reconstitution du meurtre de la jeune femme provoquerait un «choc» semblable à celui de la confrontation entre Jonathann Daval et les proches de son épouse en décembre dernier. Son vœu a été exaucé: à l’issue de sept heures de reconstitution, le procureur de la République de Besançon Étienne Manteaux a annoncé à la presse lundi 17 juin que le suspect avait finalement admis avoir tenté de brûler le corps d’Alexia Daval après avoir frappé et étranglé cette dernière.
Dès les petites heures de la matinée, les enquêteurs, magistrats et avocats impliqués dans le dossier, de même que le suspect Jonathann Daval ainsi que les parents, la sœur et le beau-frère de la victime, s’étaient retrouvés à l’ancien domicile du couple, situé à Gray-la-Ville (Haute-Saône). C’est dans cette maison – cambriolée en mars – que le trentenaire aurait tué sa femme Alexia le soir du 27 octobre 2017. Autour de 9h30, les protagonistes de l’affaire avaient quitté Gray-la-Ville pour le bois d’Esmoulins, où le cadavre de l’employée de banque avait été retrouvé en partie calciné le 30 octobre 2017. La reconstitution a pris fin vers midi.
«Alexia va peut-être pouvoir reposer en paix maintenant»
«Au cours de cette reconstitution, la version de M. Daval a encore évolué», a souligné le procureur. «Il a expliqué que le 27 octobre 2017, à leur retour d’un dîner chez les parents d’Alexia Daval, un conflit était né parce que la jeune femme souhaitait avoir un rapport sexuel [le couple essayait d’avoir un enfant, NDLR] et que lui refusait. De ce désaccord serait né un conflit allant crescendo. Jonathann Daval a reconstitué la scène comme elle se serait passée selon lui: dans l’escalier, il aurait frappé le visage de sa femme contre un mur de béton, puis lui aurait asséné 5 à 10 coups de poing, et ensuite l’aurait étranglée pendant 4 minutes». Ce qui serait «parfaitement cohérent» avec les constatations des médecins légistes, a précisé le magistrat.
Étienne Manteaux a souligné que le meurtrier présumé avait prouvé qu’il était capable de soulever le corps de sa femme et de traîner ce dernier jusque dans le bois d’Esmoulins, où le cadavre avait été retrouvé le 30 octobre 2017. Mais alors que la reconstitution était déjà bien avancée, Jonathann Daval «continuait à nier avoir porté atteinte au corps de son épouse». Finalement, «face à la demande pressante de ses beaux-parents qui l’ont imploré et après un temps d’échange avec ses conseils, il a admis qu’il avait non seulement donné la mort mais aussi procédé à la crémation partielle du corps», a conclu le procureur.
Juste après la conférence de presse d’Étienne Manteaux, les proches d’Alexia Daval se sont exprimés pendant quelques minutes face aux micros. Très émue, Isabelle Fouillot, la mère de la jeune femme, a notamment confié: «Nous voulions la vérité, nous l’avons eue. […] Alexia va peut-être pouvoir reposer en paix maintenant». De son côté, Martine Henry, la mère de Jonathann Daval, a déclaré à L’Est Républicain que son fils était «libéré dans sa tête» et qu’elle et son mari seraient «toujours présents pour lui, car on l’aime».
Jonathann Daval «soulagé»
Dans l’après-midi, les trois conseils de Jonathann Daval ont à leur tour tenu une conférence de presse à Besançon. Me Ornella Spatafora a rappelé à quel point il était «difficile pour tout le monde» de retourner dans cette maison de Gray-la-Ville où s’est joué le drame, puis dans le bois d’Esmoulins où le cadavre d’Alexia Daval a été retrouvé après d’importantes recherches. «Il était dans l’intérêt de notre client de ne pas persister dans un mensonge qui n’avait pas de sens», a souligné Me Samuel Esteve, qui a décrit un Jonathann Daval «soulagé» d’avoir réussi à «se libérer de ce blocage qui le minait».
«Ce qu’il a fait est extrêmement courageux, malgré le drame, malgré ce qu’on lui reproche. Il a affronté la vérité devant ses beaux-parents qui en avaient besoin. Il y avait une émotion énorme», a abondé Me Randall Schwerdorffer, qui s’est dit «plus que satisfait». L’avocat a assuré que cette reconstitution était «une satisfaction pour les parties civiles, pour l’accusation, pour le juge d’instruction et aussi pour la défense, car la défense n’est pas là pour mentir, tromper, tronquer. Jonathann Daval va enfin pouvoir être défendu convenablement devant une cour d’assises et ce sera un procès hors-norme».
Ce procès, qui se tiendra devant la cour d’assises de Haute-Saône et du Territoire de Belfort, est attendu pour «le second semestre de l’année 2020». Le procureur de la République et les avocats de Jonathann Daval se sont accordés à dire que se posait désormais la question de la qualification juridique retenue à l’encontre du trentenaire: «meurtre sur conjoint» ou «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner»? Quant à Jonathann Daval, il a été reconduit à la maison d’arrêt de Dijon, où il est détenu depuis fin janvier 2018.
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Source : Le Figaro
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