Insultes, violences… Fille de policier à Caen, elle s’inquiète face à la hausse des suicides

Albane est fille d’un policier à Caen (Calvados) et membre de l’association Femmes des forces de l’ordre en colère. Elle écoute et soutient les forces de sécurité.

Albane-fille-dun-membre-de-police-secours-Caen-854x641Albane est bénévole dans l’association Femmes des forces de l’ordre en colère. Elle est fille d’un membre de police-secours de Caen (Calvados). (©MR/Liberté le Bonhomme libre)

« La situation est alarmante ». En lisant des articles de presse sur des suicides au sein des forces de l’ordre, Albane ne peut être que touchée. La jeune femme de 20 ans est engagée bénévolement dans l’association nationale Femmes des forces de l’ordre en colère (FFOC). Elle est responsable de la communication pour la région Normandie. Elle est surtout fille d’un policier à Caen (Calvados).

Le nombre de suicides de policiers, 28 depuis le début de l’année, l’inquiète.

Le compteur est pesant. Mon père est clairement mal mais il n’arrive pas à exprimer son mal-être.

Lundi 6 mai 2019, un gendarme mobile de l’escadron 24/3 d’Aunay-sur-Odon dans le Calvados a mis fin à ses jours avec son arme de service. Il avait 32 ans. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances du drame.

Lire aussi : Un gendarme mobile se suicide avec son arme de service dans le Calvados

Fatigue et menaces de mort

Fatigue, insultes, menaces de mort, manque d’équipement et de reconnaissance de la part de l’administration, son père, policier de 44 ans membre de police-secours depuis plus de vingt ans, subit quotidiennement ces formes de violence dans son travail. Et Albane aussi.

Pendant mes années collèges, j’ai été harcelée et insultée parce que mon père était policier. Pendant un moment, il n’a plus voulu que je dise son métier mais moi j’en suis fière. Mon père fait ce métier par vocation, pas pour être haï.

Aujourd’hui, les insultes et les menaces de mort sont toujours présentes, notamment sur les réseaux sociaux mais la jeune fille essaie de se faire la plus discrète possible. « Ce métier a un impact sur notre vie alors qu’on ne l’a même pas choisi. »

Lire aussi : Suicides de policiers et gendarmes en Normandie : « Nos conditions de travail se dégradent »

Une vie de famille compliquée

Depuis plus de six mois, et le début du mouvement des gilets jaunes, le père d’Albane a été mobilisé pratiquement tous les week-end. « J’ai une sœur de huit ans qui a besoin de son papa. Quand elle se lève le matin, il est parti, quand elle se couche, il n’est pas rentré. Le week-end, il est appelé. C’est très dur d’avoir une vie de famille ».

La jeune femme se souvient d’un anniversaire, un samedi, durant lequel son père était présent « mais il a gardé les yeux rivés sur les réseaux sociaux pour voir comment ça se passait pour ces collègues. Comme beaucoup de métier, ça n’est pas parce qu’il enlève son uniforme qu’il n’y pense plus. Ça le hante ».

Lire aussi : Un militaire de la BA105 d’Évreux se suicide, son mari accuse : « Il était harcelé parce qu’il était gay »

Pendant les manifestations – de gilets jaunes ou pas – elle suit à la télévision et sur les réseaux sociaux le déroulé des événements.

Je ne lui ai jamais dit d’arrêter parce que c’est un beau métier et je le pense réellement. Mais oui, j’y pense, lorsque ça dégénère. J’ai toujours la boule au ventre de me dire que ça pourrait être mon père.

Albane condamne fermement les bavures policières. « Je n’excuse aucun débordement des deux côtés mais ça me blesse de voir des personnes qui dévouent leur vie à la sécurité des autres, se sentir aussi mal ».

L’association « Les Femmes des forces de l’ordre en colère » a été créée le 18 février 2017 à Paris par une épouse de CRS. Elle est composée de compagnes, compagnons et d’autres proches de membres des forces de l’ordre, militaires et pompiers. Le but du mouvement est de les soutenir en dénonçant leurs conditions de travail sur le plan matériel et humain et les agressions verbales ou physiques. Des manifestations sont organisées, des courriers sont envoyés aux élus et les membres de l’association se déplacent pour écouter les forces de l’ordre.

Source : Actu.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *