Injures racistes contre Jean Messiha : que dit le droit ?
Jean Messiha est un des porte-parole actuels du Rassemblement National qui fréquente assidûment les plateaux de télévision et nous gratifie d’un certain nombre de tweets.
Pour ce qui nous concerne, 99,9 % de ses prises de position sont éminemment contrariantes. En particulier, et alors que l’électorat du RN est largement favorable aux gilets jaunes, il passe son temps à tresser des couronnes aux forces de l’ordre en niant farouchement les violences qu’elles se permettent dans la répression des mouvements sociaux.
Petite précaution initiale pour rappeler que prendre la « défense » de quelqu’un sur un sujet précis ne veut pas dire qu’on épouse ses positions ou qu’il n’est pas un adversaire politique.
Jean Messiha a donc été victime d’injures que lui-même considère comme racistes, alors que bien sûr, les auteurs soutenus par toute la bien-pensance affirment le contraire. On va revenir quelques instants sur les faits.
Jean Messiha est un énarque né en Égypte et naturalisé français à l’âge de 20 ans. Il exerce depuis quelques années des responsabilités au sein du RN et comme il est prolixe, il est souvent pris à partie. Jusque-là, rien que de très normal. Le 21 février dernier Yassine Belattar publie une vidéo sur Twitter, retirée depuis, et commençant par la phrase « Mon chameau, tu sais très bien que je t’aime ». Pour poursuivre : « Personne te respectait et maintenant t’es le roi des chameaux. Jean, mon chameau, j’ai parlé au zoo de Thoiry, ils sont ok pour que tu fasses ton prochain meeting avec ta tête… ». Franchement, rien de bien méchant, même si l’on sait déjà depuis un moment que les rapports de Bellatar avec l’humour sont très lointains.
Messiha décide d’en profiter, et convaincu ou pas, en appelle aux professionnels du Jihad judiciaire « antiraciste », estampillés officiels. Ce à quoi Dominique Sopo président de l’officine socialiste « SOS racisme » qui lui aussi promène une certaine infirmité en matière d’humour répond que comparer Messiha à chameau est insultant pour la bestiole. Et de rire. Tout ceci ne devrait avoir normalement aucune importance mais commence alors une nouvelle bataille d’Hernani.
Messiha portant porter plainte, les tribunaux devant donc décider si Bellatar et Sopo arroseurs arrosés ont commis le crime des crimes, et s’ils se sont coincés les doigts dans la portière. Un peu gênée, la bien-pensance avec en tête Libération se précipite au secours des deux pitres et nous dit que pas du tout, que c’était de l’humour lourdingue mais pas raciste une seconde. Ah bon ?
On peut trouver que c’est bien dommage de faire perdre du temps ainsi à une Justice déjà bien encombrée et que méthodiquement Macron et Bercy privent de moyens, mais le respect de la loi n’est pas à géométrie variable.
Alors, la vraie question est de savoir ce que dit le droit.
C’est l’article 33 de la loi sur la presse qui réprime l’injure publique à caractère raciste. La définition du code est simple c’est l’injure envers une personne à raison de son origine ou de son appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.
Trop simple évidemment, c’est donc vers la jurisprudence, la deuxième source du droit qu’il faut se tourner. Il existe une jurisprudence bien établie aujourd’hui, qui dit que comparer quelqu’un à un animal n’est pas nécessairement une injure, dès lors que la vision de cet animal n’est pas péjorative. Si vous dites « il se bat comme un lion » c’est plutôt élogieux. Si vous dites « il est lâche comme une hyène » c’est péjoratif. Le juge va donc s’attacher à la perception de l’animal dans l’opinion pour décider si la comparaison est insultante. Nous disposons d’une jurisprudence très intéressante qui avait bien précisé les critères permettant de qualifier de raciste des propos injurieux. Jean-Marie Le Pen (exemple choisi parfaitement au hasard, je le jure !) était poursuivi en 1997 pour avoir traité Fodé Sylla, prédécesseur de Dominique Sopo de « gros zébu fou ». Les juridictions saisies ont estimé que « toute comparaison avec un animal n’était pas nécessairement blessante ni désobligeante. Mais qu’il n’en était pas ainsi du mot « zébu » qui correspond, dans l’esprit du public, à un mammifère gras et ruminant, dont la propension à l’action ou à la réflexion paraît peu développée ». Manifestant ainsi une connaissance approfondie et rassurante de la comparaison animale dans « l’esprit du public ». Je connaissais « bête » comme un âne, « doux » comme un agneau, « feignant » comme une couleuvre, mais pas « irréfléchi » comme un zébu. Dont acte.
Jean-Marie Le Pen fut donc condamné par la 17e chambre correctionnelle de Paris puis par la 11e chambre de la cour d’appel pour « injure publique raciale ». Le caractère injurieux est clairement expliqué et repose sur la connaissance approfondie des magistrats de la perception dans l’esprit français des caractéristiques de ce ruminant d’origine tibétaine. Mais quand la comparaison devient-elle raciste ? Pour le caractère racial de l’injure en cas de comparaison péjorative, il faut chercher un peu plus loin. Concernant Fodé Sylla, on imagine que l’origine géographique de l’animal a joué un rôle important. Et quoiqu’originaire du sous-continent indien, le zébu s’est répandu en Afrique. Mais on dispose d’une autre affaire où Christiane Taubira fut comparée à une guenon, comparaison parfaitement insultante et à connotation raciste évidente. Et on sait aussi, que les supporters de football qui lancent des cris de singe lorsqu’un joueur noir prend le ballon sont poursuivis lorsqu’ils sont identifiés.
Reste maintenant à savoir si la comparaison avec un chameau est péjorative en elle-même et si elle recèle également une connotation raciste.
Désolé journalistes de Libération, mais les saillies de vos protégés, Bellatar et surtout Sopo cochent à l’évidence les deux cases. Le chameau est un animal africain complètement connoté stupide et appartenant au monde arabe. En France on n’en voit que dans les zoos, et la comparaison avec lui renvoie expressément à l’appartenance au monde arabe. Ce qui ne peut pas être dû au hasard compte tenu des origines de Jean Messiha. Surtout que Sopo en rajoute en indiquant que la comparaison serait insultante pour les chameaux. Plus raciste, plus injurieux tu meurs.
Alors, le respect du droit voudrait que nos deux racistes pris la main dans le sac soient prestement condamnés en application d’une jurisprudence constante. Et je crois que l’on peut faire confiance aux magistrats qui auront à en connaître. Faire confiance aussi aux responsables de chaînes de télévision qui veilleront à ce que tels délinquants ne soient plus jamais invités sur les plateaux sauf à encourir des manifestations comme Cnews avec Zemmour. Et bien sûr les présidents d’université, et autres directeurs de Sciences-po annuleront d’autorité toute intervention de ces gens-là dans leurs enceintes. Dura Lex, sed lex.
Nan, j’rigole.
Source : Vu du Droit
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