Il y a 32 ans la prise d’otages d’Ouvéa… Mépris ou embarras de la hiérarchie ? (2ème mis à jour)
Un camarade, aujourd’hui retraité et ancien otage de la grotte d’Ouvéa, nous donne copie du courrier qu’il a adressé au Directeur Général de la Gendarmerie Nationale le 11 janvier 2021.
Ce courrier fait suite à un précédent courrier datant du mois de septembre 2020 et resté sans réponse.
Rappelons que l’adjudant Eric Alengrin est l’une des nombreuses victimes de l’attaque de la brigade de gendarmerie de Fayaoué (île d’Ouvéa, Nouvelle-Calédonie) le 22 avri1988.
L’association Professionnelle Gendarmerie (APG) espère pour notre camarade une réponse favorable de la DGGN et ne manquera pas de suivre ce dossier avec tout l’attention requise.
La lettre de notre camarade adressée en LRAR :
Note de la rédaction de Profession Gendarme :
Rappelons que le 05 mars 2020 nous avions publié un article intitulé « Révélation explosive sur Fayaoué« . le lieutenant-colonel (ER) Henri Calhiol y fait des révélations incontestables et publie un document appuyant ses dires. Vous pouvez consulter cette publication ICI.
Le 21 Janvier 2021, l’Adjudant-chef Alberto Addari, nous fait parvenir copie des différents courriels qu’il a adressé à la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale ainsi qu’au DGGN.
Le 13 mars 2020 à 11:01
Alberto Addari
Adjudant-chef en retraite
Invalide militaire des suites d’Ouvea.
Au Cabinet de la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale.
À Monsieur le Directeur Général ,
Bonjour,
Ancien gendarme de l’EGM 2/5 de Villeneuve d’Ascq,
Je faisais partie du détachement d’Ouvea au printemps 1988
Lors des événements .
Nous y avons subi l’attaque de la brigade , l’exécution de nos 4 collègues ,une prise d’otages de 14 jours et enfin notre libération ou j’ai d’ailleurs été blessé par balle.
Privé de justice, pas d’accès possible au tribunal.
Pas de reconnaissance de notre hiérarchie , ni récompense
ni médaille .
J’ai donc l’honneur de demander à la Direction de la Gendarmerie , ce qu’elle compte faire , suite aux nouvelles révélations faites par un Historien ( ancien de notre Arme ) qui met en cause :
Le COMGEND de Nouméa et une partie de son état major, pour avoir fait et usé d’un faux mettant en cause le non respect de consignes de sécurité, cela face à un Ministre , à un secrétaire d’état et à sa propre hiérarchie ?
Comment la Direction de la Gendarmerie va t’elle nous rétablir dans notre honneur après 32 ans d’oubli ? Il est avéré , maintenant que nous avons tous fait et bien fait notre travail , conformément aux ordres reçus .
Et que nous sommes toujours les Victimes de ces faits.
Bien respectueusement ,
Alberto Addari
Ce courriel étant resté sans réponse, Alberto Addari relance la DGGN avec le courriel suivant, lui aussi resté « Lettre morte »…
Le 17 novembre 2020
Au Cabinet de la Direction Générale de la Gendarmerie
A Mr le Directeur Général ,
Bonjour ,
Je reviens vers vous , je reste à ce jour sans réponse à ma demande du 13 Mars 2020 suite aux révélations du Colonel Calhiol .
(Message joint ci- après)
Le Colonel Vidal mandaté par vos services m’a décrit des circonstances particulières qui peuvent expliquer un certain délai, cela fait maintenant plus de huit mois, comprenez que c’est plutôt
long, même après 32 ans d’attente pour les victimes que nous sommes.
Suis-je en droit d’espérer une réponse prochaine ?
Bien respectueusement
Alberto Addari
Toujours sans la moindre réponse Alberto Addari adresse le 06 janvier 2021 à la DGGN un troisième courriel qui lui aussi ne provoque aucune réaction de la hiérarchie :
Le 06 Janvier 2021
À Monsieur le Directeur Général
Au Cabinet du Directeur de la Gendarmerie NationaleMon Général ,
Je reste à ce jour sans réponse à mes demandes de mars et novembre 2020, suite aux révélations du Colonel Calhiol et je m’en étonne . ( demandes jointes )
Sommes-nous à ce point négligeables et sans intérêts pour ne pas mériter la moindre réponse ?Comme vous le savez maintenant, nous restons les victimes de ces événements , mais nous avons agi conformément aux ordres reçus il y a bientôt 33 ans.
Si il y avait eu une enquête de commandement, elle aurait mis à jour :
Les responsabilités , les erreurs, les mensonges et le responsable de notre désarmement.Je pensais que « les droits et les devoirs » avait une signification, mais cela ne semble être utilisé trop souvent que pour punir des subalternes. Nous sommes toujours privés de Tribunal, de Justice, de juste récompense et nous attendons une reconnaissance officielle.
Nous avons fait et bien fait notre travail et vous avez la possibilité d’adoucir cette injustice.
Quand à moi , je suis invalide militaire à 100 % suite à mes blessures à Ouvéa et à 14 jours de prise d’otages.
Après m’être porté volontaire pour négocier avec les militaires qui arrivaient à la grotte ( le Capitaine Legorjus et le Substitut Bianconi ), je suis aussi resté exposé durant tout le premier assaut sur la grotte, j’y ai négocié le cessez le feu et assuré l’évacuation des Canaques blessés, je suis retourné à la grotte afin d’éviter l’exécution d’otages où j’ai été placé en écran devant les terroristes à l’entrée de la grotte durant quelques heures.
J’y ai reçu la première balle du deuxième assaut, un militaire a tiré au travers de ma jambe pour tuer le chef des terroristes , ce qui a permis la libération des otages.
La lente dégradation de mon état de santé suite à mes blessures, m’a fait perdre mon travail pour inaptitude médicale après avoir servi pendant 29 ans en Gendarmerie Mobile où j’ai participé au premier déplacement de Beyrouth en 1984, Ouvéa en 1988 et Alger en 1994 avec, à chaque fois, des victimes dans nos rangs.Une victime de son devoir qui reste sans reconnaissance , sans justice et sans récompense.
Dans l’attente de votre réponse.
Respectueusement.Alberto Addari
Est-ce seulement pour servir des fins bassement politiques que des camarades, ayant fait leur devoir, sont simplement sacrifiés et qu’il ne s’est trouvé au sein de notre hiérarchie personne pour les soutenir et reconnaître le don qu’ils ont fait de leur personne ? Et cela depuis 32 ans ?
Selon Henri Calhiol, Lieutenant-colonel (e.r.) de gendarmerie, le ministre de l’époque, trompé « rendait ignominieusement et publiquement coupables les gendarmes survivants de la mort de leurs propres camarades ».
« Qui rendra désormais leur honneur aux rescapés et aux tués ? » s’interroge pour finir Henri Calhiol.
Nous vous invitons à lire et à relire notre publication du 05 mars 2020 «Révélation explosive sur Fayaoué » afin de mieux comprendre la réalité des faits.
Il est impensable que le cabinet du DGGN soit en sous-effectif ?
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