Il faut larguer Mayotte ! ou De Gaulle, reviens, ils sont devenus fous !

Chaque Français, en son for intérieur, sait que Charles de Gaulle fut le plus grand homme de l’histoire de France. Clovis, Charlemagne, Saint Louis, Louis XIV, Napoléon, j’en passe et des meilleurs, aussi grands furent-ils, le Général les surclasse tous. Tandis que le Pays et le régime vacillent au bord de l’abîme, celui qui par deux fois sauva la France et créa la glorieuse Ve République, le Génie de Colombey nous a légué un héritage qu’il convient de méditer plus que jamais. Méthode simple pour sauver la France : assumer enfin jusqu’au bout l’héritage gaullien, la sagesse gaullienne, qui est aussi un idéal collectif à portée de main. Attention, parodie ! Mais qui, en dépit de son ineptie suicidaire, cadrera avec les convictions intimes d’un paquet de lecteurs. Et probablement, d’un bon nombre de nos dirigeants, de droite comme de gauche, même s’ils prétendent hypocritement le contraire. Nous vécûmes exactement la même comédie durant la décennie 1950, dans les années qui précédèrent le largage de l’Afrique et de l’Algérie. On sait comment ça s’est fini

La roue a tourné. L’Outre-Mer n’est plus ce qu’il était.

Nos contemporains oublient assez facilement dans quel contexte est née la Ve République. Sur les fonts baptismaux de notre régime, le Général a dégagé la France de son outre-mer africain, départements d’Algérie compris. Bon débarras !

« Le reste est trop lourd… »

Mais la besogne n’était pas si simple. Bien des obstacles encombraient la route. Pour accomplir son œuvre, le Général dut déployer des trésors d’habileté et d’ingéniosité.

Surplombant l’Histoire tout en lui commandant, De Gaulle confia à Alain Peyrefitte : « Et puis (il baisse la voix), vous savez, c’était pour nous une chance à saisir : nous débarrasser de ce fardeau, beaucoup trop lourd maintenant pour nos épaules, à mesure que les peuples ont de plus en plus soif d’égalité. Nous avons échappé au pire ! (…) Au Gabon, Léon M’Ba voulait opter pour le statut de département français. En pleine Afrique équatoriale ! Ils nous seraient restés attachés comme des pierres au cou d’un nageur ! »

Prodigieux de lucidité et de hauteur de vue, le Général jugea bon de préciser sa pensée : « Nous ne pouvons pas tenir à bout de bras cette population prolifique comme des lapins (…). Nos comptoirs, nos escales, nos petits territoires d’outre-mer, ça va, ce sont des poussières. Le reste est trop lourd. »

Ce qu’on appelle aujourd’hui l’Outre-Mer (notamment les Antilles, la Guyane, la Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie) ne fut admis à demeurer dans la France que parce que ces territoires pesaient peu du point de vue démographique, quand ils offraient des positions stratégiques tout autour du globe, en plus d’un immense domaine maritime. Le ratio était par conséquent fort intéressant.

Or il se trouve que depuis ce temps-là, l’eau a coulé sous les ponts. Les poussières sont restées des poussières, mais elles sont devenues très lourdes. Trop lourdes.

Le meilleur exemple est Mayotte. Cette île minuscule est passée de 20 000 habitants à l’époque où parlait le Général, à officiellement 300 000 aujourd’hui, et officieusement 400 000 voire davantage…

En soixante-cinq ans, cette minuscule île exotique, avec ses plages, ses cocotiers et sa poignée de sympathiques indigènes (ils étaient seulement 1200 lorsque Mayotte devint française en 1841 !), est devenue un enfer surpeuplé, tiers-monde miséreux couvert de bidonvilles, doublé d’un coupe-gorge… qu’un cyclone a récemment achevé de ravager. Bref, le lieu même qu’on rêve de fuir. Pourtant toutes les Comores y accourent depuis des décennies. Et maintenant toute l’Afrique…

Le triple critère de largage

Dans sa pénétrante vision, le Général avait livré, outre le poids démographique, un triple critère de largage : la race, la civilisation et la religion.

Il confia à Peyrefitte et à quelques autres : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. »

Force est de constater que Mayotte coche toutes les cases. Elle n’est ni « de race blanche », ni « de culture grecque et latine » ni « de religion chrétienne ». Bien des Mahorais, du reste, parlent peu ou pas français. Et qu’on ne vienne pas dire « à qui la faute » !

« Vous les avez regardés, avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! » confiait, toujours in petto, le général de Gaulle à Alain Peyrefitte, avant d’ajouter, tel un prophète surgi d’outre-monde et d’outre-temps lisant clair dans l’avenir : « Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront à nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. »

Cette remarque nullement autoréalisatrice visait les Arabo-Berbères d’Algérie, mais elle s’applique également, parfaitement, aux Mahorais et aux Mahoraises.

En toute rigueur gaullienne, il convient donc d’imposer la sécession à Mayotte, qui retrouvera logiquement le giron des Comores dont elle n’aurait jamais dû être séparée. Cette position étant à la fois éminemment humaniste et conforme au droit international.

Les deux révolutions occultées

Evidemment, il convient de continuer de taire qu’Anjouan et Mohéli, deux des trois îles qui composent actuellement la république des Comores, avaient proclamé leur sécession des Comores et leur rattachement à la France en 1997.

La Révolution anjouanaise doit continuer d’être tenue secrète comme est tenue secrète la Révolution de 1958.

La revendication de rattachement d’Anjouan et Mohéli à la France était évidemment absurde, comme l’était le projet de l’Intégration de l’Algérie voire de l’Afrique subsaharienne que porta la première Ve République en 1958. Avec le Général obligé de donner le change à l’Armée et au Peuple français, tous assez stupides pour vouloir ou accepter que l’égalité soit accordée aux populations arabo-berbères d’Algérie et, pourquoi pas, aux populations noires africaines ! Utopie tellement insensée qu’il était normal, une fois l’affaire ficelée, une fois un sort fait à ces chimères, lorsque les couleuvres furent avalées, de les effacer des mémoires, et de n’en plus informer les Français. Il convient, bien entendu, de poursuivre dans cette voie salubre, en occultant plus avant ces deux regrettables révolutions.

Evidemment, la logique du dégagement ne doit point se borner à Mayotte. Elle doit s’élargir à l’ensemble de l’Outre-Mer, tout entier en proie, chacun le voit, à un profond pourrissement : les Antilles, la Guyane, la Polynésie, le Réunion et bien sûr la Nouvelle-Calédonie encore récemment embrasée. Toutes ont connu depuis un demi-siècle un important développement démographique, qui les rend désormais également trop lourdes. Elles jouissent d’ores et déjà d’une très large autonomie, élargie de décennie en décennie par les gouvernements successifs, de gauche comme de droite (1). Le terrain est ainsi préparé de longue date, certains territoires jouissant d’ores et déjà d’une quasi-indépendance. Ces incongruités politiques et historiques doivent accéder au plus vite à l’indépendance complète et définitive, pour lever enfin cette équivoque indigne d’une nation gaullienne.

Elements de propagande pour largage

De grandes campagnes de propagandes favorables à l’indépendance doivent être lancées en direction des populations ultramarines, en particulier de la jeunesse, par tous les canaux disponibles : télés, radios, presse, réseaux sociaux, tik-tok, écoles, universités, prises de positions gouvernementales.

Il faut expliquer aux populations qu’elles ne sont en rien françaises. Car être Français c’est d’abord être, comme le disait si bien le Général, « de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ». Il faut rappeler à ces populations qu’avant d’être prétendument « françaises », elles étaient autre chose, elles étaient des civilisations différentes, originales, dont elles doivent être fières, car de la sorte elles étaient vraiment elles-mêmes. Il faut aussi leur rappeler que ce choix de sagesse et d’honneur qu’est l’indépendance fut fait, au siècle dernier, par les Indochinois, les Maghrébins et les Subsahariens, peuples désormais libres et dignes devant l’Histoire.

Du côté métropolitain, on s’emploiera à faire savoir par les mêmes canaux, télés, radios, presse, réseaux sociaux, que les territoires d’outre-mer ne sont plus que des gouffres financiers, des boulets, « des pierres au cou d’un nageur » comme le disait Charles de Gaulle, avec l’acuité d’une lame prodigieuse. A destination de la gauche, on racontera que la France n’a que faire dans ces contrées lointaines, où elle ne s’est imposée que par mépris crasse et impérialisme prédateur.

Quelques arpents de mer

En l’an 2024, le domaine maritime attaché aux différents territoires d’outre-mer est le deuxième du monde après celui des Etats-Unis. La contrepartie que ce domaine maritime, difficilement exploitable, confère à la France ne pèse plus grand-chose face aux astreintes que lui imposent les populations qui lui sont attachées. Au regard de l’ampleur des coûts et du lapinisme général des Ultramarins, de leur différence foncière avec les Français, il convient donc, de toute urgence, de faire droit à la logique gaullienne du dégagement, pour la totalité d’un outremer désormais dépourvu d’intérêt.

De la sorte la France, plus grande et plus puissante que jamais, car enfin redevenue elle-même, pourra consacrer toutes ses énergies à son seul profit. Au lieu de se disperser au lointain, vainement et en pure perte, le peuple français sera en mesure d’aborder sereinement l’avenir, aux côtés de ses frères de race, de civilisation et de religion européens.

Ainsi les desseins du Général pourront enfin s’accomplir : la renaissance d’une France redevenue conforme et fidèle à elle-même puisque, comme le disait avec sa brillante clairvoyance Charles de Gaulle, « nous sommes avant tout un peuple de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. »

Ceux qui prétendent le contraire sont « des cervelles de colibri », comme l’exprimait avec son sens merveilleux de la métaphore l’ermite de Colombey.

Et maintenant, larguez !

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(1) Il y a vingt ans, le mercredi 28 janvier 2004 à l’Assemblée nationale, en pleine séance de question, la Ministre des DOM TOM et un député socialiste se rejetèrent mutuellement la responsabilité de la quasi-indépendance que la Polynésie française avait acquise au cours des années précédentes. Voici un digest de l’échange, qui vaut son pesant de cacahuètes…
 

« A PROPOS DU NOUVEAU STATUT DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE

M. René Dosière – (…) Vingt-cinq ans après le décès de Jacques Brel, qui repose près de Gauguin aux Marquises, la majorité, avec une grande complaisance, vient d’entériner dans l’urgence et la discrétion un nouveau statut pour la Polynésie française. La Polynésie (…) c’est une collectivité de la République, peuplée de 245 000 habitants dont 20 % vivent dans une grande pauvreté. Son nouveau statut comporte des dispositions pour le moins curieuses. Désormais le président de la Polynésie – c’est ainsi que vous dénommez l’exécutif de la collectivité – pourra être choisi en dehors de l’assemblée locale. Imagine-t-on que les futurs présidents de région soient choisis hors du conseil régional ? (« Très bien ! » sur les bancs du groupe socialiste)

M. René Dosière – En Polynésie, les élus fixent eux-mêmes le montant de leur rémunération. On comprend pourquoi un membre de l’assemblée locale est mieux payé qu’un député de la République et un ministre du gouvernement local qu’un ministre de la République ! (Vives protestations sur les bancs du groupe UMP)

Plusieurs députés UMP – Jaloux ! (sic)

M. René Dosière – Autre innovation, la collectivité pourra participer au capital de toute société commerciale, sans aucune limitation, ce qui permettra au gouvernement local de contrôler la totalité de l’économie. C’est sans doute une application du libéralisme économique… Hier, nous avons connu le système de la mairie de Paris, ses marchés truqués, ses emplois fictifs (Vives protestations sur les bancs du groupe UMP ; applaudissements sur les bancs du groupe socialiste) ; voici le système de la Polynésie, dont le président bénéficie des conseils expérimentés de ses amis parisiens (Mêmes mouvements).

M. le Président – Posez votre question !

M. René Dosière – Etes-vous fiers de la manière dont l’argent des contribuables français -1,2 milliard – est utilisé pour le plus grand profit de quelques responsables politiques et économiques polynésiens (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains ; protestations sur les bancs du groupe UMP)

M. Jean Ueberschlag – Vous avez oublié Urba !

Mme Brigitte Girardin, ministre de l’outre-mer  Je ne suis pas sûre que vous soyez, avec vos amis socialistes, le mieux placé pour défendre le respect des valeurs républicaines (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP ; vives protestations sur les bancs du groupe socialiste). Dois-je vous rappeler que le gouvernement socialiste que vous avez soutenu avait préparé en 1999 une révision constitutionnelle qui faisait de la Polynésie française une sorte d’Etat fédéré…

M. Christian Paul – C’est faux ! Edifiant, non ?

Mme Brigitte Girardin, ministre de l’outre-mer  … avec une citoyenneté locale et un vrai pouvoir diplomatique. Contrairement à vous, nous avons replacé la Polynésie dans le titre XII de la Constitution, lui donnant ainsi des compétences conformément aux pouvoirs attribués par l’article 74 à toute collectivité autonome. Ce statut comporte des mesures sans précédent (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste). (…) Vous feriez mieux de vous dispenser (Vives protestations sur les bancs du groupe socialiste) de critiques caricaturales et provocatrices car vous étiez sur le point de brader l’Etat en Polynésie française (Protestations sur les bancs du groupe socialiste). Je vous rappelle que le parti socialiste n’a pas hésité à passer des accords avec le chef des indépendantistes de Polynésie. L’unité et les principes de la République ne vous étouffaient pas alors ! (Nouvelles protestations sur les bancs du groupe socialiste ; très vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP ; plusieurs députés UMP se lèvent et applaudissent) »

Édifiant, non ?

Alexandre Gerbi

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