Hold-Up à la Paradeplatz. Thomas Veillet – Investir.ch

La dernière fois que j’ai travaillé au guichet d’une banque, on m’avait dit que le risque de Hold-Up était extrêmement faible. Quelle ne fût pas ma surprise lorsque dimanche j’ai pu assister à une conférence de presse que l’on pouvait qualifier de « lunaire ». Conférence durant laquelle toutes nos autorités fédérales étaient réunies pour nous dire que ça allait bien se passer parce que nos génies de la FINMA associés à ceux de la BNS avaient trouvé un moyen magique de réunir les deux dernières méga-banques de Suisse pour en faire UNE MÉGA-MÉGA BANQUE. L’idée de génie se résumant principalement à mettre une arme à feu sur la tempe du Crédit Suisse et sur celle de l’UBS en leur disant : « aimez-vous les uns les autres !!! ».

Vu sous cet angle, on peut effectivement préférer le célibat et se souvenir avec nostalgie la belle époque où en Suisse, on pouvait trouver trois grandes banques sur le même trottoir et que chacun avait sa propre peluche et sa propre tirelire pour attirer les nouveaux clients dès leurs premiers pas. Cette époque où UBS, SBS et Crédit Suisse se battaient pour être le fleuron de l’image de la banque en Suisse.

La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf

Sauf que les banques ont commencé à vouloir être plus grosse que le voisin et surtout à gagner contre les Américains qui n’avaient que moyennement envie de se faire marcher sur les baskets par les gros sabots des banquiers de la Paradeplatz. Et puis les années ont passé. Les errances de l’UBS l’ont faite passée dans les mains de la SBS, seul le nom est resté. Je ne sais même pas pourquoi je vous parle de ça, peut-être parce que les similitudes sont nombreuses. D’ailleurs, je pourrais vous faire toute la liste des erreurs commises par le Crédit Suisse, mais cela prendrait tellement de place dans cette chronique que cela ne ferait pas de sens.

Aujourd’hui, quelques jours après ce rachat forcé et que l’on pourrait presque qualifier de hold-up au vu du prix offert pour racheter le cadavre du Crédit Suisse, nous en sommes déjà au bilan. Les fautes du management sont-elles la raison principale de ce qui se passe ? Les patrons de la banque doivent-ils être lynchés sur la place publique ? Je crois que je vais laisser cela aux politiciens qui ont l’air d’être beaucoup plus au clair et entraîné que moi sur ce sujet.

La cicatrisation

Le plus gros traumatisme qu’il va falloir surmonter dorénavant – au-delà de l’arrogance des autorités fédérales qui pensent avoir fait le « coup du siècle », alors que si la BNS s’était activée un peu plus tôt, nous n’en serions sûrement pas là – c’est que nous allons devoir apprendre à vivre avec une seule « banque universelle ». D’ailleurs, un peu plus de 72 heures après le faire-part de décès de la banque aux deux voiles, on notera que l’on n’a toujours pas entendu un seul mot de la part de la commission de la concurrence qui doit probablement être encore en vacances de ski à Wengen et qui s’occupera du problème quand ça sera trop tard.

Quant à nous, clients et consommateurs, nous n’aurons plus que le choix entre l’UBS et l’UBS, si l’on veut confier notre argent à une méga-banque. Que de changement dans le paysage bancaire helvétique en quelques années et quel traumatisme pour les clients et employés qui auront été fidèles au Crédit Suisse tout ce temps. Ce matin, on peut même se demander si l’on a encore envie de confier notre argent à ces banques que l’on dit « systémiques ».

Quinze ans après

Il y a quinze ans, nous étions passé à deux doigts de l’effondrement du capitalisme parce que la plupart des grandes banques avaient décidé de jouer les magiciens en essayant de créer des produits structurés qui ont fini par être totalement hors de contrôle. Aujourd’hui, on nous explique par A+B que si nous en sommes-là, c’est que les taux d’intérêt sont montés trop vite et que l’on n’a rien vu venir, alors qu’il est pratiquement impossible d’ouvrir un journal sans tomber sur un article sur l’inflation. Est-ce que c’est moi, ou cela donne l’impression que les banquiers sont moins bien informés que mon coiffeur ?

Toujours est-il que cette semaine, après la disparition du Crédit Suisse, nous avons droits aux banquiers centraux qui donnent des interviews un peu partout pour dire que « tout va bien et que le système bancaire est solide ». Et en même temps, ils mettent en place des crédits illimités pour soutenir ledit système bancaire qui est pourtant en tellement bonne santé. Par moment, j’ai presque envie de penser qu’on nous prend pour des imbéciles et je suis à deux doigts d’acheter des Bitcoins pour être en « sécurité ».

Thomas Veillet

Chroniqueur Financier

Investir.ch

Source : Liliane Heldkhawam

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